L’Indicible (1923, The
Unnable in Weird Tales 1925) est
une nouvelle importante du fait de son caractère autobiographique. Elle met en
scène Carter, jeune écrivain d’horreur qui a défrayé la chronique avec sa
nouvelle « la fenêtre d’en-haut », publiée dans le numéro de janvier
1922 de Whispers (revue imaginaire).
Il s’agit de Randolph Carter bien sûr, même si son prénom n’est pas cité, car
le dit Randolph fera référence à cet incident dans La Clef d’Argent. Il discute souvent de littérature avec son ami, Joël
Manton, docteur de l’East High School à Boston. De dernier est un rationaliste
qui ne comprend pas la fascination de son ami pour l’indicible. Pour lui, tout
a une cause et une explication logique. Ils vont passer une nuit tous les deux
dans un cimetière, assis sur une tombe fissurée, près d’un vieux manoir. Il s’agit de la demeure mise en scène dans la
nouvelle de l’écrivain, dans laquelle se sont déroulés des faits horribles,
selon un vieux journal intime du début du XVII ème siècle retrouvé par l’auteur.
Y résidait un vieil homme solitaire, persécuté par une créature à l’œil douteux,
laissant sur son passage des marques mélangées de de sabots fourchus et de
pattes vaguement humaines. Le vieil homme succombera de frayeur et sera enterré
dans le cimetière attenant. Mais la légende raconte que le monstre continue à rôder
dans les parages. Manton commence à réaliser qu’il est sur le théâtre de l’affaire,
alors que les vitres du manoir craquent. Une entité invisible terrassera les
deux amis qui se retrouveront à l’hôpital, le dos de Manton étant zébré de
coupures et de griffures.
En
évoquant les légendes noires, Carter fera de nombreuses allusions à Cotton
Mather :
Tout d’abord, avait-on dit, la chose
était biologiquement impossible ; ce n’était qu’un de ces contes de vieilles
femmes qu’on se chuchote dans les campagnes et que Cotton Mather avait été
assez crédule pour inclure dans ses Magnalia Christi Americana, ouvrage
grotesque d’ailleurs ; du reste, les preuves étayant ce récit étaient si
faibles et si douteuses que même Mather n’avait pas osé désigner clairement la
localité où était censée s’être passée cette histoire à donner le frisson.
Quant à la suite que j’avais donnée à ce récit, elle était parfaitement
invraisemblable ; elle trahissait tout simplement l’écrivaillon travaillé par
une imagination surchauffée et hanté par la spéculation systématique. Mather
avait seulement dit que cette chose était née, mais il fallait vraiment n’être
qu’un méprisable amateur de sensationnel pour avoir songé à la faire grandir et
regarder, la nuit, par les fenêtres des gens, et se cacher dans la mansarde
d’une maison, en chair et en os, pour que finalement, des siècles plus tard, un
être humain la distingue à une fenêtre, et soit par- dessus le marché incapable
de décrire ce qui a fait soudain blanchir ses cheveux. Cotton Mather (
1663, Boston,
Massachusetts,
États-Unis
-
1728, Boston,
Massachusetts,
États-Unis)
était un ministre du culte puritain,
auteur
prolifique et pamphlétaire,
fils du révérend Increase Mather. L’ouvrage que Lovecraft cite
était sous-titré The Ecclesiastical History of New England from Its First
Planting in 1620, until the Year of Our Lord 1698. (1702). Il est constitué
de 7 livres réunis en deux volumes. Il traite du développement de la religion dans
les colonies de Nouvelle Angleterre et critique les méthodes utilisées par les
juges lors des procès de Salem.
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