Le Survivant (1954, un texte de Derleth d’après des notes de
Lovecraft, The Survivor in Weird Tales 1954). Il n’est pas évident
de faire la part des choses dans la fiction rédigée par August Derleth sur la
base de notes inachevées de Lovecraft. J’ai fouillé dans les travaux de Joshi,
mais je n’ai pas trouvé les sources précises. Disons simplement que cette
nouvelle respecte bien la construction littéraire à laquelle Lovecraft nous a
habitué, avec un démarrage sur des considérations onirico-générales et une
chute sur l’indicible. L’histoire met en scène Alijah Atwood (participant à l’expédition
des Montagnes Hallucinées) de retour
à Providence. Lors de ses pérégrinations, il tombe amoureux d’une maison dans
Benefit Street, la maison Charrière, au sujet de laquelle courent d’étranges
légendes. Il décide de se renseigner auprès de son confrère archéologue, le Pr.
Gamwell, résidant Barnes Street (les Gamwell sont des ascendants de Lovecraft).
Il apprend que le propriétaire, médecin biologiste, est décédé en 1927 mais que
la maison est toujours parfaitement entretenue selon les volontés (et la
générosité) du défunt. Malgré les réticences de Gamwell, il loue la maison pour
six mois. L’examen du cabinet du docteur montre que celui-ci s’intéressait aux
sauriens sur lesquels il faisait des recherches approfondies. Atwood cherche à
documenter la vie de Charrière, mais ne trouve pas trace de sa naissance ;
il repère en revanche un quidam à l’identité similaire, né à Bayonne en 1636.
Gamwell lui décrit Charrière comme une salamandre qui aurait appris à marcher
sur ses pattes de derrière, un homme glacial et inquiétant. Une vieille voisine
de Benefit Street précise qu’il se promenait parfois avec une créature
serpentine à ses pieds et que des bruits effrayants sortaient souvent du puits
de son jardin. Atwood poursuit l’examen des papiers du défunt, même s’il est
incommodé par une odeur de batraciens et perturbé par une présence qui rôde
dans le bureau. Cela dit il tombe sur des notes de la main du Docteur, dont
certaines très anciennes, ayant trait à la prolongation de sa propre existence
et à des références à Cthulhu, Dagon, ainsi que sur une bibliothèque dans
laquelle figurent les Unaussprechlichen
Kulten, le Culte des Goules, les Manuscrits Pnakotiques… Il met également
la main sur toute une série de fiches retraçant des croisements entre humains
et batraciens dont une bonne partie auraient été réalisés à Innsmouth. Il sera
interrompu dans ses recherches sur une nouvelle irruption de la présence sur
laquelle il tirera avec son revolver. Le monstre prendra la fuite et ira se
réfugier dans le puits. Grâce à une échelle scellée dans le mur, il y
descendra, et empruntant un boyau latéral dans laquelle se trouve une tombe,
celle de Jean-François Carrière, un reptilien vaguement humanoïde ensanglanté.
S’il
n’y avait cette mention « à partir des notes de Lovecraft », on
pourrait penser être en présence d’un pastiche assez classique, reprenant tous
les poncifs du Mythe.
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