mercredi 28 novembre 2018

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : DRACULA, LES ORIGINES, Dacre Stoker & J.D. Barker





Dacre Stoker, arrière petit-neveu de Bram Stoker, continue d’exploiter la veine (l’artère ?) familiale avec Dracula, les Origines (en compagnie de J.D. Barker, Michel Lafon, 2018).  Il faut resituer cet ouvrage par rapport au précèdent, Dracula l’Immortel (avec Ian Holt, Michel Lafon, 2009) en revenant à l’ouvrage source de Bram Stoker (1897). On sait que le manuscrit original a été tronqué, et une première partie, supprimée par l’éditeur par « manque de place », a été remise dans le circuit par l’épouse de l’auteur sous le titre de L’Invité de Dracula (1914). On sait également que la conclusion a été amputée et a donné lieu à la « sequel » de 2009, Dacre Stoker se référant à des notes retrouvées de son ancêtre. Mais la saga du manuscrit original est loin d’être terminée. Ce document a en effet été acquis par un riche collectionneur[1] qui, sous le sceau de la plus grande confidentialité, a accepté que l’arrière petit-neveu puisse le consulter. Et la surprise était au rendez-vous, la primo-version débutant à la page 102. Toujours sur bases de notes retrouvées[2] dans la famille, Dacre Stoker et J.D. Barker ont imaginé une « prequel » assez décoiffante reconstituant cette première partie manquante.
Il s’agit du récit de la jeunesse de l’écrivain irlandais, petit garçon souffreteux, vivant quasi reclus sous la protection de nanny Ellen, une employée de maison particulièrement dévouée mais au comportement bizarre. Pourquoi ces absences répétées de la maison familiale pendant plusieurs jours ? Pourquoi dormait-elle dans un lit rempli de terre ? Alors que Bram était sur le point de trépasser, elle réussira à le sauver en échangeant son sang avec le petit garçon avant de disparaître. Mais ce n’est que le début d’une saga d’horreur romantique, particulièrement bien ficelée, dont je ne dévoilerai pas le fil, si ce n’est pour préciser que l’on y retrouvera bien sûr le Prince des Carpates, mais aussi l’attachante comtesse Dölingen de Gratz. La famille et l’entourage de Bram prennent une place importance dans cette « autobiographie », notamment sa sœur Matilda et son frère, le médecin William Thornley dont la charmante épouse dépérit à la suite à de bizarres morsures constatées dans son cou. Très présent également le savant Arminius Vambéy qui est un peu la charpente sur laquelle vont s’appuyer les Stoker dans leurs mésaventures. Petit clin d’œil enfin à la fin du roman où Bram reçoit la visite d’une certaine Mina Harker qui lui demande à l’aider à retrouver son mari disparu dans les Carpates.
Inutile de préciser que, selon Dacre Stoker, ce récit, certes romancé, est véridique, mais que l’éditeur avait demandé à l’écrivain irlandais de revoir sa préface, présentant l’ouvrage comme un témoignage vécu. Il lui aurait également conseillé de modifier certain noms pour ne pas choquer les lecteur londoniens encore sous le choc des méfaits de Jack l’Éventreur !


[1]  Paul Allen,, cofondateur de Microsoft
[2] Les quelques reproductions de notes de Bram Stoker figurant dans les deux ouvrages sont plus que maigrelettes.

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