Nicollet et Ledroit exposent à partir du 8 octobre à la galerie Barbier, 10 rue Choron, Paris 9 ème
mardi 29 septembre 2020
dimanche 27 septembre 2020
samedi 19 septembre 2020
LA VIE PRIVÉE DE H.P. LOVECRAFT, Sonia H. Davis
La vie privée de Lovecraft (S.T. Joshi) suivi d’Un Mari nommé H.P. L. de Sonia Greene (Bouquins T II, 1991). De façon assez incroyable, Sonia n’apprendra le décès de son ex-mari qu’en 1945, par Wyler Dryden. Cela manifestement ravive ses souvenirs et la décide à les mettre sur papier. Un texte dont la publication connu maintes vicissitudes et dont nous devons la version originale grâce aux recherches de S.T. Joshi et à la traduction française de Joseph Altairac pour les éditions Encrage[1] en 1989. Un petit récit touchant qui retrace la véritable « lutte » de Sonia pour mettre Lovecraft sur les rails « de la vraie vie », mais aussi une occasion pour Sonia de redresser certaines inexactitudes produites dans les textes d’hommage de certains de ses amis. Elle insiste beaucoup sur son rôle « financier », une assistance pleine de tact face à un mari pour qui le travail salarié était d’un autre monde. Une assistance sur fond d’amour profond et d’une foi inébranlable dans les talents de son mari. Une relation qui sera gâchée pas les difficultés économiques qui frappèrent Sonia dans son travail dans un magasin de mode à New York, la contraignant à quitter Big Apple pour retrouver un emploi. Lovecraft restera à New York, entouré par sa bande de copains avec lesquels il avait plaisir à se balader la nuit, même lorsque sa femme était de passage ! Une relation qui sera également perturbée par la discrète défiance des tantes de l’auteur vis-à-vis de Sonia. Celle-ci s’accrochera jusqu’au bout, même après que Lovecraft eut décidé de retourner dans sa chère cité de Providence.
Une belle histoire au goût amer qui a été joliment racontée dans Howard, mon amour, une petite pièce de théâtre signée Martine Chifflot (Aigle Botté éditions, 2018).
[1] LOVECRAFT (H.P.), Lettres d’Innsmouth, suivi de Défense de « Dagon » et de Un mari nommé H.P.L. par Sonia H. Davis, [Uncollected Letters ; In Defence Of « Dagon » ; The Private Life Of H.P. Lovecraft], textes réunis et traduits [de l’américain] par Joseph Altairac à partir des trois volumes composés et annotés par S.T. Joshi, introduction de Joseph Altairac, postface de Christian Bonnefous, illustrations de Jason Eckhardt, Amiens, Encrage, coll. Travaux, série Cahiers d’études lovecraftiennes, [1985-1986] 1989, 174 p.
mardi 15 septembre 2020
LE VIEUX, H.P. Lovecraft
Le vieux (Lettre à Duane Rimel du 22 décembre 1934)
« Ainsi donc, je n’ai pas parlé du Vieux, moi qui le vois en rêve ! Eh bien — c’était vraiment quelqu’un. Il habitait le marché situé au pied de Thomas Street — la rue montant à flanc de colline citée dans « Cthulhu », où réside le jeune artiste — et plus tard on pouvait le trouver endormi sur l’appui d’une fenêtre basse touchant presque le sol. Parfois, il lui arrivait de se promener sur la colline jusqu’au club de dessin, s’asseyant à l’entrée d’une de ces cours à l’ancienne (de celles qu’on trouvait jadis un peu partout) typiques de Providence. La nuit, lorsque la lumière électrique éclaire les rues, l’espace sous ces arches reste d’un noir d’encre ressemblant à l’embouchure d’un abîme insondable ou à la porte d’une autre dimension sans nom. Et, tel le gardien de mystères insondables, il était là, avec sa silhouette de sphinx noire, incroyablement ancienne, et ses yeux jaunes, le Vieux en personne. Je l’ai connu en 1906, lorsque ma tante aînée habitait Benefit Street ; c’était alors un jeune chat que je croisais en partant de chez elle, mon chemin passant par Thomas Street. Je ne manquais jamais de le caresser et le complimenter. J’avais alors seize ans. Les années passèrent et je continuai de le voir de temps en temps. Il atteignit l’âge mûr, puis plus encore, jusqu’à devenir une antiquité indéchiffrable. Après environ dix ans — durant lesquels j’étais devenu grand et avais moi-même quelques cheveux gris — je commençai à l’appeler « Le Vieux ». Il me connaissait bien et ne manquait jamais de ronronner en se frottant contre mes chevilles, m’accueillant d’un « i-iaou » amical que l’âge rendait de plus en plus rauque. Je finis par voir en lui une connaissance indispensable et faisais souvent un écart pour passer par son territoire habituel au cas où je tomberais sur lui. Ce bon Vieux ! Je m’amuse à voir en lui un héraut des mystères se cachant derrière l’arche noire et me demande si, une nuit, il m’invitera de l’autre côté […] et je me demande aussi si je pourrais revenir sur terre après avoir accepté une telle invitation. Eh bien, d’autres années se sont écoulées. Ma période de Brooklyn vint et s’en alla, et en 1926, n’étant plus qu’une relique de trente-six ans, avec un bon saupoudrage de blanc dans mon buisson, je m’installai à Barnes Street — où mon chemin habituel vers le centre-ville passait par Thomas Street. Et le Vieux était toujours là, sous l’ancienne arche […] »
jeudi 10 septembre 2020
HORREUR SUR LES TOITS EN CROUPE, H.P. Lovecraft
Horreur sur les toits en croupe (lettre du 3 octobre 1933 à Clark Ashton Smith, in Bouquins tome II). Relation intéressante d’un rêve de l’auteur qui, à ma connaissance, n’a pas donné lieu à rédaction d’une nouvelle. Le narrateur traque une créature du mal sur un toit, en compagnie d’une équite obéissant aux ordres d’un jeune cavalier en robe de soie resté au sol. Les chasseurs sont tous munis d’un talisman ressemblant à une « ankh » égyptienne que semble redouter la créature. Celle-ci, acculée, prend son envol et fonce sur le cavalier avec lequel elle se fond en poussant d’horribles gloussements.
Lovecraft parlera également de ce songe à Robert Bloch qui voulait en faire une nouvelle.
mercredi 9 septembre 2020
LES CHRONIQUES D'EL'BIB : LOVECRAFT'S BOOK, Richard A. Lupoff
Lovecraft’s Book, Richard A. Lupoff (Arkham House, 1985). Un bouquin étonnant, mettant en scène Lovecrat himself en 1928. Un Lovecraft plus vrai que nature, guindé, coincé, bourré de principes et qui n’en finit plus de terminer sa relation avec une Sonia qui reste très accrochée et qui déborde de sensualité. Notre auteur se trouve embarqué dans une histoire invraisemblable par un auteur germano-américain, George Sylvester Viereck. On doit à ce dernier un excellent roman, The House of the Vampire (1907), mais ce personnage se fera surtout remarquer par ses activités pro-nazies qui lui vaudront quelques ennuis pendant la dernière guerre. Le dit Vierek contacte Lovecraft pour lui proposer le deal suivant : on publie vos nouvelles en contrepartie de quoi vous nous écrivez un livre qui fasse le pendant de Mein Kampf d’Hitler. Et de lui remettre une copie traduite de l’ouvrage du Führer qui ne va pas tarder à être édité aux États-Unis. Le Prince Noir de Providence est fasciné par sa lecture : il se trouve de nombreux points communs avec l’agitateur allemand, l’amour de sa petite ville de naissance, sa passion pour les architectures grandioses et bien sûr le péril que font peser « les autres » sur leurs « pures » nations. Lovecraft n’a guère besoin d’être stimulé pour libérer son antisémitisme viscéral. Le titre est vite trouvé, New America and the Coming Word Order, et Lovecraft demande l’aide R.E. Howard pour se documenter su le K.K.K. et de C.A. Smith sur les groupuscules völkisch de Californie. Cette dernière enquête virera au drame, le poète d’Auburn ayant assisté bien malgré lui au saccage d’une synagogue et à la molestation de nombreux enfants juifs dans l’édifice.
Lovecraft commence à prendre conscience qu’il s’est fait entraîner dans une affaire plus que douteuse. Il découvre peu à peu que ses amis participent à un projet ultrasecret, l’édification d’une base sous-marine militaire (germanique) au large de Marblehead, au pied du Rocher du Diable. Un projet (d’attaque des USA ?) qui sera déjoué, suite à l’accident d’un sous-main, par la marine américaine…. Bon, on se demande comment cette histoire parallèle interfère avec la première, purement politique ! Sonia retournera à ses magasins de chapeaux (après une nouvelle tentative affectueuse pour garder son mari). Et Lovecraft retrouvera ses tantines adorées en cherchant à coucher sur le papier son incroyable aventure. Et il trouvera l’accroche : Durant l’hiver 1927-1928, des officiers du gouvernement fédéral effectuèrent une investigation secrète suite à d’étranges événements survenus dans le vieux port d’Innsmouth dans le Massachusetts…
dimanche 6 septembre 2020
LES 60 ANS DU MATIN DES MAGICIENS dans la Lettre du Crocodile
Les 60 ans du Matin des Magiciens. Numéro spécial anniversaire de La Nouvelle Gazette Fortéenne, vol. 1, juin 2020. Editions L’œil du Sphinx, 36-42 rue de la Villette, 75019 Paris – France.
En relançant la Gazette Fortéenne, en convoquant Charles Fort, Philippe Marlin et Emmanuel Thibault offrent un superbe anniversaire au célèbre Matin des Magiciens de Louis Pauwels et Jacques Bergier, publié en 1960, qui inaugurait alors le cycle et le mouvement Planète.
« Il nous a semblé, annoncent-ils, que le temps était venu de relancer la Gazette fortéenne. Notre nouvelle revue conserve une ligne éditoriale claire : il s’agit toujours de parler de fortéanisme aujourd’hui. Ce qui a évidement évolué depuis Charles Fort (1874-1932), c’est a nature de ce domaine, qui faisait à l’époque une étude de textes sur tout ce qui était insolite et proposait donc une conjonction de faits folkloriques, métapsychiques et d’inexpliqués scientifiques. Mais depuis la première série de la Gazette publiée à L’œil du Sphinx (2002-2012), le champ de recherches a sensiblement évolué : on est passé d’une prépondérance de l’ufologie, de la parapsychologie et de la cryptozoologie à un terrain centré sur les nouvelles technologies et le transhumanisme, les neurosciences et la conscience, l’écologie, le collapsisme ou le traitement des rumeurs, par exemple, qui alimentent le folklore contemporain et les discussions sur les limites de la science. Notre attitude consiste à traiter ce qui fait débat, et non des faits scientifiques déjà avérés et vérifiés, en gardant l’ouverture d’esprit suffisante pour envisager une variété d’hypothèses et d’interprétations possibles, tout en préservant le sérieux qui s’impose. »
Il s’agit d’explorer les frontières et au-delà quand cela est possible comme le firent, à leurs époques respectives, Charles Fort, Louis Pauwels et Jacques Bergier. Débuter La Nouvelle Gazette Fortéenne par un numéro consacré au Matin des magiciens est un symbole puissant et optimiste car, Philippe Marlin et Emmanuel Thibault, tout en demeurant lucides sur l’état du monde, veulent croire en la créativité des êtres humains qui savent encore rêver (appel à l’imaginaire) et même… songer (appel à l’imaginal).
L’ouvrage commence par une belle étude de Claude Arz, Avant-Propos, Charles H. Fort, L’écrivain des Lunes Bleues. Il brosse un beau portrait de Charles Fort et en mesure toute l’influence. « Ce qui est certain, insiste-t-il, c’est que l’influence de Charles Fort fut considérable tout au long du XXème siècle à la fois sur les chercheurs d’anomalies terrestres et célestes et sur les auteurs de science-fiction et de fantastique tels que H.P. Lovecraft, P.K. Dick et Stephen King. » Il rappelle qu’il était avant tout un sceptique désireux de voir les scientifiques s’intéresser à des anomalies trop ignorées.
Le reste de la Gazette est organisé en trois parties :
Dossier Réalisme fantastique : Du Matin des Magiciens aux Magiciens du Nouveau Siècle, par Philippe Marlin – Le Matin des Magiciens et le sujet de l’initiation, par Rémi Boyer – Le polar ésotérique, un nouveau Matin des Magiciens, par Lauric Guillaud – Les littératures de l’Imaginaire, outil de réenchantement ou voyage dans les vieilles lunes ? par Jean-Pierre Bacot – Planeta Brésil, quarante ans de connaissance, par Luis Pellegrini.
En effet, Planeta vient de fêter son quarantième anniversaire, 40 ans de non-conformisme. La revue est née en 1972 quand les Editions Três, fondées par Domingo Alzugaray et Luis Carta, ont racheté pour le Brésil les droits de Planète en France. La revue connaît une longévité d’exception pour ce type de publications souvent éphémères et est devenue numérique.
La deuxième partie de La Nouvelle Gazette Fortéenne aborde « Les nouveaux territoires fortéens » : Interview de Romuald Leterrier : Similitudes entre les expériences d’enlèvements extraterrestres et les visions chamaniques sous ayahuasca – Qui sont les agents non humains ? par Emmanuel Thibault – Droit et exobiologie : le statut juridique de l’extraterrestre, par Claude Arz.
La troisième partie est intitulée « Retour aux fondamentaux du Fortéanisme » : Les Near Death Expériences, reflet d’un questionnement essentiel, de Jean-Michel Kiat – Interview d’Edwun May, ancien directeur du projet Stargate – Le processus de conscience et l’Imaginaire masqué, par Geneviève Béduneau – Les crop circles : représentations et croyances, par Jean-Bruno Renard – Interview de Véronique Campion-Vincent par Petr Janecek : Je suis fermement convaincue de la nécessité d’une approche interdisciplinaire – Entre chamanisme et sorcellerie – permanence de l’imaginaire des rites de fertilité en Europe, par Emmanuel Thibault.
Dans une France à l’imaginaire trop contraint et aseptisé, La Nouvelle Gazette Fortéenne veut offrir de nouveaux espaces de liberté de penser, forcer, parfois avec humour, quelques portes maintenues fermées depuis trop longtemps entre sciences et fantastique, et renouveler, en d’autres modalités mais avec le même engagement, la promesse du Matin des Magiciens.
vendredi 4 septembre 2020
LE CLUB DES MAGICIENS DE PROVIDENCE, H.P Lovecraft
Le Club des Magiciens de Providence (lettre du 29 novembre 1933 à Clark Ashton Smith, in Bouquins tome II). Relation intéressante d’un rêve de l’auteur qui, à ma connaissance, n’a pas donné lieu à rédaction d’une nouvelle. Le narrateur rentre en relation avec un groupe de jeunes gens bien tranquilles mais qui se disent passionnés par la magie antique et médiévale. Face au scepticisme de Lovecraft, ils se proposent de lui faire une démonstration et se rendent un soir chez lui. Vêtus de smokings noirs, possédant tous le même visage et assis en cercle, ils entonnent un chant qui évoque une horreur cosmique et plonge d’expérimentateur dans une panique sans nom. Il met un terme à l’expérience et prend congé des jeunes gens. Perturbé et cherchant à comprendre ce qui s’est passé, il se rend au domicile de l’un des membres du club qui le reçoit, courroucé. Il aperçoit un laboratoire et une table sur lequel est allongé le corps de l’un des membres. Il s’enfuit et rentre à la maison.
Dans la même lettre, il relate brièvement un autre rêve faisant état de grottes profondes dans le Loch Ness où a été observée une « luminescence oscillante ». Ce phénomène aurait été décrit dans un ouvrage du Dr Fregus McBrain refusé en 1763 par l’éditeur écossais Mark Kerr.
mercredi 2 septembre 2020
THE GHORL NIGRAL de Mülder
Le Ghorl Nigral de Mülder (lettre du 14 août 1936 à Willis Conover Jr, in Bouquins tome II). Lovecraft évoque un rêve dans lequel il est question de l’infâme Ghorl Nigral de Mülder. Un manuscrit maudit qu’il a vu une fois entre les mains d’un lecteur à la bibliothèque de l’Université de Miskatonic. Un terrible éclair frappa le bâtiment et on retrouvera le lecteur mort, son corps tombant en poussière. Lovecraft n’aura hélas pas le loisir d’exploiter cet ouvrage. Mais sa « descendance » saura le mettre à profit. L’Encyclopedia Cthulhiana de Daniel Harms lui consacre une entrée. Les développements sont basés sur deux textes de Lin Carter (The Thing in the Pit et Zoth Ommog) ainsi que sur le Lovecraft at last de Conover. On y apprend que cet ouvrage, également connu sous le nom de Book of Night, a été découvert par le sorcier Zbauka dont il est fait état dans Le Livre d’Eibon. Il provient de toute vraisemblance de Yaddith. Il a été récupéré par les prêtres de Mû qui y ont ajouté certaines parties, dénaturant l’original. Il fut ensuite déposé dans le monastère de Yian-Hô puis retrouvé par Gottfried Müller, un ami de Von Juntz, qui publia en 1847 The Secret Mysteries of Asia, with a commentary of the « Ghorl Nigral ».
Il semblerait qu’un exemplaire soit conservé à la bibliothèque de l’Université de Miskatonic.