dimanche 31 août 2025

SHUDDE-M'ELL, une sympathique bestiole oubliée

 


Encyclopedia Occultae — Entrée : Shudde-M’ell


Colonne française

 

Description
Shudde-M’ell est la plus colossale des entités chthoniennes. D’aspect vermiforme, il se déplace dans les profondeurs de la croûte terrestre, provoquant séismes et effondrements. Sa gueule circulaire hérissée de crocs et ses segments chitineux en font une monstruosité sans équivalent.

Pouvoirs et attributs

  • Tremblements de terre : sa venue engendre fissures et convulsions du sol.
  • Télépathie : il influe sur les songes des hommes, semant visions et folie.
  • Culte : adoré dans des cavernes cyclopéennes, il est le maître des Chthoniens mineurs.
  •  

Culte et traditions
Les Fragments de G’harne mentionnent son nom redouté, l’associant aux survivances atlantes. Des sectes souterraines célèbrent encore ses mystères, redoutant l’heure de son réveil.

 

Localisation mythique
On le dit enchaîné sous les ruines de G’harne (Nigéria), mais ses convulsions résonnent jusqu’à la surface du monde.

 

Références croisées

  • Fragments de G’harne (ms. attribué à C. L. Warren, 1894).
  • Necronomicon (Alhazred, trad. Wormius, cap. VIII).
  • B. Lumley : The Burrowers Beneath (1974).
  • Parallèles : Typhon, Jörmungandr, dragons telluriques.

Colonne latine (ésotérique)

 

Descriptio
Shudde-M’ell vermis titanicus, sub tellure vagans, crustam orbis concutit et abyssos aperit. Os rotundum, dentibus acutissimis horrendum, corpus annulis tenebrosis et corneis compaginatum.

Virtutes et Signa

  • Terrae motus: ubi transit, hiat terra, fracta est compago mundi.
  • Mensium invasio: somnia tangit, visiones spargit, insanias gignit.
  • Cultus: in cavernis cyclopeis celebratur, dominus Cthoniorum minorum.
  •  

De Cultu et Traditionibus
Fragmenta G’harne nomen nefandum continent, Atlanti cum superstitionibus conjungunt. Sectae subterraneae adhuc arcana colunt, horam exspectantes evigilationis.

 

Locus Mythicus
Sub ruinis G’harne alligatus fertur; attamen fremitus ejus per crustam usque ad superficiem resonant.

 

Cross-References
Fragmenta G’harne (ms. C. L. Warren, 1894).
Necronomicon (Alhazred, Wormius, cap. VIII).
Lumley, The Burrowers Beneath (1974).
Typhon, Jörmungandr, dracones tellurici.

LES BALADES DU BIBLIOTHÉCAIRE :CADERONNE

 

 


🏰 Guide occulte du Domaine de Caderonne

(Commune de Couiza – Aude, 11260)

Présentation générale

Aux abords de la petite ville de Couiza, sur les rives tranquilles de l’Aude, s’élève le Domaine de Caderonne. Aujourd’hui transformé en résidence paisible et moderne, cet ensemble conserve dans ses murs les traces d’un passé bien plus ancien : celui d’une propriété seigneuriale mentionnée dès le XIᵉ siècle, à l’époque où les collines de la Haute-Vallée bruissaient des croisades cathares et des légendes de trésors cachés.


Les lieux

·       Le parc
Deux hectares d’arbres anciens, de clairières ombragées et de recoins propices aux songes. La tradition locale affirme qu’à certaines nuits d’été, on entend le murmure d’une procession invisible longeant la rivière.

·       Les caves médiévales
Sous les fondations rénovées, des couloirs voûtés s’enfoncent dans la roche. On dit qu’ils communiquaient autrefois avec d’autres domaines du Razès, formant un réseau souterrain utilisé par les moines et, plus tard, par des sociétés secrètes.

·       La façade rénovée
Malgré son confort moderne, certains voyageurs prétendent que les pierres suintent parfois une humidité étrange, et que des ombres sans source se projettent sur les murs intérieurs.


Folklore et rumeurs

·       Le spectre de l’évêque rouge : un prélat du XIVᵉ siècle, inhumé dans la chapelle disparue du domaine, hanterait encore les abords, vêtu de pourpre, demandant aux passants « où sont ses clefs ».

·       Les nuits de l’Aude : pêcheurs et riverains racontent avoir vu des silhouettes vêtues de blanc traverser la rivière à gué, disparaissant dans le parc du domaine.

·       Le lien au trésor : certains auteurs ésotériques du XXᵉ siècle évoquent Caderonne dans le sillage de Rennes-le-Château, suggérant que le site aurait servi de dépôt ou de relais aux gardiens du secret.


Conseils au visiteur nocturne

·       Évitez de vous aventurer seul dans le parc après minuit.

·       Si vous séjournez au domaine, laissez une bougie allumée dans votre chambre : coutume qui, dit-on, éloigne l’évêque rouge.

·       Ne descendez pas dans les caves sans guide local : on rapporte que les passages se déplacent comme un labyrinthe mouvant.


✒️ Note marginale

« Caderonne est calme le jour, mais à la tombée de la nuit, la rivière elle-même semble chuchoter aux murs. »
— Annotation anonyme, carnet trouvé en 1932 dans une chambre du domaine.


 

 

samedi 30 août 2025

LES PÈRES ZOBNARIAN

  


 

Les Pères Zobnarian

 

Traités philosophiques et survivances dans la cosmologie lovecraftienne

 

1. Origine et mentions

Les Pères Zobnarian apparaissent dans la mythologie des Contrées du Rêve (Dreamlands), plus précisément dans le récit Polaris (1918). Lovecraft les évoque comme les auteurs de « traités philosophiques » étudiés à Olathoë, capitale de Lomar, une civilisation antique située dans les régions glacées de l’Arctique mythique.

Il ne s’agit pas de personnages développés, mais de figures d’autorité intellectuelle, dont les écrits circulaient parmi les sages lomariens. Leur simple mention installe l’idée d’une culture philosophique avancée, comparable aux écoles de pensée grecques ou orientales, mais située dans une Atlantide polaire oubliée.


2. Nature des traités

Bien que Lovecraft n’ait pas détaillé le contenu des traités philosophiques des Pères Zobnarian, on peut en déduire certains thèmes récurrents :

  • Cosmologie onirique : réflexion sur la place de Lomar dans l’ordre cosmique, entre étoiles, dieux et rêves.
  • Destin et fatalité : puisque Polaris parle de la chute inévitable de Lomar, leurs textes devaient aborder la question de la fin des civilisations.
  • Illusion et Réalité : le récit lui-même étant marqué par l’ambiguïté entre rêve et veille, leurs traités pourraient avoir exploré la nature double de l’existence.
  • Mémoire et oubli : la tradition de Lomar disparaît, ne survivant que dans les songes. Les Pères Zobnarian deviennent ainsi symboles d’un savoir effacé.

3. Influence supposée dans le corpus occulte

Certains commentateurs  de l’Encyclopedia Occultae rapprochent ces traités de :

  • Les écrits hermétiques antiques (Corpus Hermeticum), par leur portée cosmologique.
  • Les Upanishads indiens, par leur recherche d’une vérité au-delà du monde sensible.
  • Les textes de Pythagore et des écoles présocratiques, par leur intérêt pour le rapport entre cosmos, nombres et destin.

Dans la tradition ésotérique, on suppose que les traités Zobnarian pourraient constituer une proto-philosophie onirique, dont des fragments auraient transité vers les grimoires ultérieurs comme le Necronomicon ou les Fragments de G’harne.


4. Postérité dans les lectures occultes modernes

Des occultistes du XXᵉ siècle, fascinés par Lovecraft et les Dreamlands, ont attribué aux Pères Zobnarian un rôle de “maîtres du Nord”, sages cachés dont la pensée se serait transmise par :

  • La mythologie hyperboréenne (liée à l’Arctique et à la chute de civilisations polaires).
  • La doctrine polaire d’auteurs ésotériques comme René Guénon ou Julius Evola (qui parlent d’un “Centre Nordique” primordial).
  • Les spéculations théosophiques sur un cycle de civilisations antédiluviennes.

(Encyclopedia Occultae)
 

« Les traités des Pères Zobnarian, préservés un temps dans les bibliothèques d’Olathoë, contenaient une sagesse polaire : la science des songes, la géométrie des constellations et la mémoire des cycles cosmiques. Lorsque Lomar sombra sous les glaces, ces textes passèrent dans les Contrées du Rêve, consultés encore par les initiés qui traversent la porte d’opale. »

 


 

vendredi 29 août 2025

LES BALADES DU BIBLIOTHÉCAIRE :VERNET-LES-BAINS

 

🏰 Guide occulte de Vernet-les-Bains (Pyrénées-Orientales)

Présentation générale

Nichée au pied du Canigou, montagne sacrée des Catalans, Vernet-les-Bains est une commune paisible aux ruelles fleuries, réputée pour ses eaux chaudes depuis l’Antiquité. Derrière son charme de village-jardin et ses hôtels Belle Époque, elle cache aussi un passé troublé, fait de légendes, d’ombres monastiques et de rumeurs surnaturelles.


À voir absolument

·       Le vieux village
Maisons de pierre, venelles étroites et passages voûtés. Les visiteurs nocturnes rapportent des échos étranges venant des collines voisines, surtout les soirs d’orage.

·       Les thermes
Édifiés au XIXᵉ siècle, ils ont accueilli de grands noms, dont Rudyard Kipling, qui évoquait Vernet comme un lieu de repos inspirant… mais qui nota aussi dans une lettre « l’étrange densité des nuits sous le Canigou ».

·       L’église Saint-Saturnin
Édifice roman aux fresques effacées, entouré d’un petit cimetière. C’est là qu’on signale une tombe particulière : une dalle scellée de fer forgé, surmontée d’une croix brisée. Les anciens du village l’appellent la Tombe de la Nonne rouge. On dit qu’elle fut enterrée à part, au XIXᵉ siècle, après avoir été accusée de sucer le sang des enfants malades.

·       L’abbaye Saint-Martin du Canigou
Accrochée à la montagne au-dessus de Vernet, fondée en 1009, elle reste l’un des joyaux romans d’Europe. Ses cloîtres silencieux et ses cryptes humides nourrissent depuis des siècles les récits de moines disparus et d’apparitions nocturnes.


Folklore local

·       Le Canigou est réputé abriter des esprits gardiens. Certains parlent d’un dragon endormi dans ses entrailles.

·       La Nonne rouge (assimilée à une figure vampirique) serait parfois aperçue dans les ruelles de Vernet, à l’heure où les lampes s’éteignent, voilée de brume.

·       Les thermes, dit-on, ne guérissent pas seulement le corps : l’eau chaude aurait des vertus d’exorcisme, capable de repousser les influences nocturnes.


Conseils au visiteur nocturne

·       Ne flânez pas seul au cimetière après minuit.

·       Évitez de prononcer le nom de la Nonne rouge à voix haute : la superstition locale veut que cela l’attire.

·       Si vous montez à l’abbaye Saint-Martin au lever du jour, laissez une pièce sur la première marche : offrande traditionnelle pour apaiser les esprits du Canigou.


✒️ Citation apocryphe

« Vernet est un jardin le jour, mais une vallée d’ombres la nuit. »
— Inscription anonyme relevée dans un cahier de curé du XIXᵉ siècle.



A lire pour en savoir plus :

 


 l est des livres au parfum entêtant. "L’Historienne et Drakula" de Elisabeth Kostova (XO éditions, 2006) sent bon la poussière ambrée des vieilles bibliothèques, l’odeur craquelante des manuscrits rarissimes, l’humidité acide des cryptes oubliées et le glucose écœurant de l’hémoglobine encore chaude. 1000 pages en deux volumes d’une érudition effrayante qui laisse penser que, lorsque l’auteur nous explique qu’il lui a fallu près de dix années de recherches historiques pour écrire ce roman, elle ne cherche pas à nous éblouir mais nous rend tout simplement compte de l’ampleur de sa démarche. Une démarche quasi-obsessionnelle : mais où est donc enterré Dracula, le vrai Dracula, celui que l’histoire a connu sous le nom de Vlad Tepes ? Car sa tombe officielle, sur la petite île de Snagov près de Bucarest, est vide, et nombreuses sont les légendes de mort-vivants qui se murmurent dans l’ombre de ses pérégrinations guerrières en Europe Orientale. Une enquête menée dans un contexte familial, puisqu’interviennent successivement un professeur d’université, son élève (qui a épousé la fille oubliée du premier), et la fille de ce dernier, qui n’a jamais connu sa mère……. Compliqué me direz-vous ? Pas vraiment quant on sait que les recherches de ce trio ont réveillé d’obscures forces du mal passées maîtres dans l’art d’une science maudite maîtrisant parfaitement les disciplines de l’oubli et de la disparition.
La technique du récit n’est pas sans rappeler celle de Bram Stocker, faite d’une succession de lettres, extraits de journaux intimes auxquels sont joints des passages de vieux livres d’histoire. Un récit qui nous entraînera à Istanbul, puis en Hongrie et en Bulgarie, à une époque où le rideau de fer était encore bien solide, transformant tout voyage et toute démarche en un véritable parcours du combattant.
Et si Dracula avait survécu ? A quoi occuperait-il son éternité ? Pour Bram Stoker, il n’avait d’autre ambition que de conquérir Londres, la future tête de pont d’un Empire Victorien, fait de sagesse, de lumière et de raffinement. Le Drakula d’Elisabeth Kostova, pour sanguinaire qu’il soit, est surtout un fin lettré, une sorte de bibliothécaire de l’Impossible, collectant au fil des siècles les ouvrages les plus rares sur l’histoire, les sciences occultes, les techniques de torture et….. sur sa propre légende.
La traque se terminera en un spectacle grandiose, digne des meilleurs films de la Hammer. Nous sommes alors dans notre belle France, plus précisément au monastère de Saint-Mathieu -des-Pyrénées-Orientales, près de la petite commune de Vernet-Les Bains.

Pyrénées Orientales ? Les Bains ? Tiens !!!!

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : LE CERCLE DES AUTEURS LOVECRAFTIENS, collectif

 

 

Belle idée que celle de Stéphane Desroches de publier une anthologies de textes des nouveaux “continuateurs”. La palme revient sans conteste à la première contribution, Horreur à Chartres, de Laurent Boegler Un texte qui ne nous est pas inconnu, puisque Laurent nous l’avait passé lors de nos débuts à Dragon & Microchips à la fin des années 90. Mais Laurent a repris son texte et l’a enrichi. Le narrateur, au début, est contacté par l’une de ses relations à la Miskatonic, qui le met sur la piste d’une crypte sous la cathédrale où se terre une horreur. Puis, après un crochet par « les Contrées du Rêve », il met la main sur un manuscrit qui lui permet de jouer au « Herbert West Reanimator ». Une petite excursion à Providence s’impose, pour prélever un échantillon des restes de « qui vous savez ». Lovecraft, revenu à la vie, est tout surpris de voir ce qui s’est passé depuis son décès, et notamment le fait qu’il soit devenu aussi populaire ! Il empruntera l’identité d’un vague cousin éloigné et disparu pour rentrer avec son nom dans sa nouvelle existence. Il reprendra la plume. Les textes alors publiés ont été regroupés dans le recueil Revenu des Ténèbres qui comprend, outre la nouvelle éponyme, « l’horreur de la Mesa verde ou la tragédie des Anasazis », « la momie écarlate », « les mortifiés du désert », « l’horreur du Lac Noir », « la fiancée du Pasteur maudit », « dans l’oubli », « au-delà de l’amour, au-delà de la vie », « la malédiction de Nyarlathotep », « la fin tragique du Colonel Deathtreps », « les angles de la folie », et « vieille laide et maléfique ». Il produira par la suite l’horreur des enfers, l’Inquisiteur du Mont St Michel et le châtiment de Sir Thomas Burside. Il fréquentera les milieux littéraires contemporains et participera souvent aux réunions de l’ODS de Philippe Marlin. Les participants à ce club seront bien évidemment surpris par sa ressemblance avec le Maître, mais seul Jean-Louis Sarro sera mis dans la confidence.

 

 


 

Quelques autres pièces : dans dépeceur d’âmes, l’anthologiste nous décrit une malédiction familiale. Le narrateur est contacté par son oncle et sa tante, qui lui demandent de rejoindre, de toute urgence, la vieille maison de famille. Il découvrira un carnet noté par son père, grand-père, et un quidam inconnu. C’est un carnet recouvert de symboles et de phrases difficilement compréhensibles. Il travaillera sur le décryptage de ce matériel, en s’aidant de livres de magie, qui figurent dans la bibliothèque de son père. Notons ici qu’il s’agit de véritables ouvrages de magie, style Picatrix, et non pas de manuscrits imaginaires à la Lovecraft. Le décryptage le conduira à investiguer dans la forêt avoisinante où il sera finalement agressé par le mal ancien, qui a déjà décimé sa famille.

Stéphane Lemaire, conserve la plume et nous livre, avec quelque chose à manger, une version cthuluienne du « petit chaperon rouge ». Une mention a spéciale à Valen Decods, qui, avec vague d’étoiles, nous livre un joli pastiche, inspiré par « la couleur tombée du ciel ». C’est l’histoire d’un jeune garçon de Bretagne, brillant, et amoureux d’une petite paysanne locale. Mais sa soif de connaissances, de conduira à négliger sa petite amie pour poursuivre des études approfondies de cosmologie et de théologie. Des problèmes familiaux l’amèneront à revenir au pays natal et il retrouvera sa compagne d’enfance. Un soir au bord de la mer, ils assisteront à la tombée d’une étoile filante dans la mer en face d’eux ; le jeune homme est absolument fou de joie car il s’agit d’un matériau unique pour ses études. Ils iront à la recherche de la pierre et découvriront une grotte souterraine à moitié immergée. La petite amie est très malheureuse, exploitée par un bourgeois local et sa mère n’ose pas intervenir. Les jeunes gens font le plan de s’enfuir, mais complètement hypnotisé par la découverte de la pierre du ciel, le jeune étudiant partira seul pour montrer sa découverte à l’université. Lorsqu’il reviendra au pays pour prendre sa bien-aimée, il la découvrira complètement mutilée sous la conjonction des violences de son patron, et manifestement d’un mal ancien enfermé dans la pierre.

Grégory Beaussart nous propose une véritable curiosité avec Neshi, à savoir une chasse aux champignons au Japon. Le narrateur, accompagné d’un de ses amis, mettra la main sur une espèce totalement inconnue qui recouvre des surfaces entières. Le compagnon goûtera la plante et commencera à délirer. Le narrateur traversera plusieurs temples anciens qui parsèment la région. Il sera attrapé par le mal qui règne dans les parages. On citera encore lecture maudite d’Éric Migascio, où le narrateur parcourt le livre d’un de ses collègues sur les insectes, un livre maudit puisqu’il insuffle à son lecteur le mal ancien. Dans le champ maudit des anciens, Stéphane Desroches met en scène un jeune professeur à l’université de Yale, qui reprend la chair d’un enseignant qui s’est suicidé. Il met la main, dans les caves de l’institution, sur la malle, où ont été rassemblée les affaires de son prédécesseur. Divers documents écrits ou gravé le mettent sur la piste d’une musique qui, lorsqu’elle est parfaitement jouée, libère un mal ancien et permet de comprendre le suicide du prédécesseur.

Au total, un travail sympathique, mais même s’il s’agit d’une Autoédition, une relecture attentive s’impose ; il y a en effet trop de coquilles dans le texte.


mardi 26 août 2025

LES BONNES TABLES DU BIBLIOTHÉCAIRE : L'HÔTEL DE FRANCE à Chalabre

 


  J'ai connu cette vénérable institution il y a quelques décades, à l'époque où naissait "Rivière Blanche" avec les compères Philippe Ward et Jean-Marc Lofficier. Le tic tac d'une vieille comtoise rythmait un temps qui semblait pourtant s'être arrêté ; les nappes affichaient leurs carreaux rouges et l'odeur du cassoulet (excellent) parfumait l'atmosphère. On était dans les années 50 !


La maison a été entièrement rénovée et joue maintenant dans la catégorie bistronomie. On ne ratera pas l’œuf parfait au foie gras ou le filet de boeuf aux morilles. Et si vous aimez les moules, vous serez gâtés.On terminera le repas par une pavlova maison qui est, à elle seule, tout un repas ! 

 


 

Services disponibles : Terrasse · Wi-Fi · Menu enfant

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : HITLER L'ÉLU DU DRAGON, Jean Robin

 

Le texte du quatrième de couverture ouvre l’appétit :

 

Sur un tel sujet, que restait-il à dire ? TOUT ! Ce livre dévoile entre autres :

1) le rôle véritable du « baron » Rudolf von Sebottendorf, le fondateur islamisant de la fameuse Société Thulé,

2) La réalité historico-mythique qui se dissimule derrière cet Ordre du Dragon Vert auquel fut affilié Karl Haushofer, le père de la géopolitique nazie,

3) L'identité des mystérieux « Soixante-Douze » dénoncés à la face du monde, dès 1919, par le ministre allemand Walther Rathenau.

Mais il ne s'agit pas seulement d'éclairer un passé tragique. Hitler, en effet, a déclaré : « Je sais que je ne suis pas Celui qui doit venir ». De qui donc le Führer - marionnette du diable - fut-il le PRÉCURSEUR ? Il est urgent de le dire : le nazisme, « allié objectif » d'un messianisme islamique dévoyé, prépare aujourd'hui, depuis des bases secrètes, la plus apocalyptique des revanches. C'est pourquoi cet ouvrage est plus qu'un livre d'histoire. C'est un AVERTISSEMENT.

(4 de cover).

 

La réédition par Camion Noir de cet ouvrage m’a donné envie de réviser ce « classique » car on sort en effet toujours très perturbé par la lecture d’un ouvrage de Robin. Une culture immense, une belle sensibilité pour tout ce qui touche à l’ésotérisme et au symbolisme ; une admiration inconditionnelle de l’œuvre de René Guénon, qu’il considère comme sa boîte à outil. Mais une mystagogie que je qualifierai de bonne foi, ce qu’il l’amène à avaler des couleuvres qui deviendront par la suite ses tables de la loi. Robin balaye d’un revers de la main les poncifs les plus lourds : non, il n’y a pas d’ésotérisme nazi ; non Hitler ne cherchait pas à réveiller un quelconque culte de morts sous l’autorité de Divinités Germaniques. Son analyse est plus subtile. Il se base sur les travaux de Jung et envisage qu’au fil des Éons, certains Archétypes particulièrement puissants puissent prendre « leur autonomie ». Hitler ne serait-il pas possédé par l’une de des manifestations dont le but serait de préparer la venue de l’Anté-Christ, et au final l’Apocalypse.

Le message que nous délivre l’écrivain de Vendôme est cependant brouillé, par l’autres ondes, venant cette fois du Moyen-Orient : il existe en effet une légende, parallèle à celle de l’Empereur Germanique endormi, faisant état de l’existence d’un Grand Mâddi, lui aussi dans les starting blocs. Et de nous resservir la tradition des 7 Tours du Diable, chère à Guénon, censée protéger l’Occident des Ires de l’Orient. Et justement, l’un de ces monuments mythiques ne serait-il pas en train de se lézarder ?

Au total, un plat intéressant mais difficile à digérer que l’on ne peut comprendre qu’en se rattachant aux arcanes de Robin : la lutte entre l’initiation (bien) et la contre-initiation (mal), la nécessité d’accélérer la décomposition de notre vieux monde miné par la religion chrétienne et laisser place à la Parousie. Il ne sera pas du reste inutile, pour assister à ce phénomène grandiose, d’aller faire un petit tour par Rennes-le-Château.

 

AP2C2, la question des Tours du Diable (251 pages)

 

PM, étude des Magiciens du Nouveau siècle, cf 2020)

 

a)   Pas facile d’analyser ce chapitre qui fait 251 pages, soit près du quart du bouquin. Pour bien comprendre, il faut se replonger dans la philosophie ésotérique de René Guénon qui inspire profondément l’auteur : il existe, aux côtés de l’initiation véritable qui cherche à rétablir l’homme dans son état originel, une contre-initiation, sorte de démarche inversée qui conduit aux résultats contraires et qui prend sa nature de « sataniste » lors du dernier cycle, celui du Kali Yuga. AP2C2  part d’un livre de William Seabrook, Aventures en Arabie (1933), faisant part de l’existence de « sept Tours du Diable »[1], établissant une frontière symbolique entre l’Orient Traditionnel et l’Occident. René Guénon apprendra l’existence de ces « monuments » lors de trois échanges de correspondance avec son ami Seabrook et en rendra compte dans Études Traditionnelles. Jean-Marc Allemand y consacrera un ouvrage, René Guénon et les Sept tours du Diable chez Trédaniel  en 1990. Le quatrième de couverture résume bien la problématique : Le présent livre n'est ni une compilation, ni une nouvelle biographie sur René Guénon. L'auteur, dans une analyse minutieuse, situe géographiquement les sept tours du diable qui, selon Guénon, sont les centres de projection des influences sataniques à travers le monde. Les résultats funestes de leur action, tant en Orient qu'en Occident, sont inexorablement fiés au déroulement de l'actuel Age sombre. Cette étude nous donne aussi d'intéressantes précisions sur les incessantes attaques de toutes sortes que René Guénon le " Serviteur de l'Unique " eut à constater et contre lesquelles il opposa tout au long de son existence une parfaite rectitude et une orientation inébranlable. Pour corser le tout, ajoutons qu’Aleister Crowley, ami de Seabrook, était bien au courant de ce dossier dont il avait pris connaissance lors de sa carrière d’agent secret !

 

b)   Ces fameuses tours sont donc le vecteur de tous les malheurs qui s’abattent sur l’Occident (le terrorisme islamique est évoqué) et annoncent évidemment « la Fin des Temps ». L’auteur va traquer tout au long des pages les signes de cet effondrement programmé par une analyse incroyablement érudite de l’histoire ésotérique de l’Orient. Tout y passe, des civilisations préhumaines à l’Agartha, de Thulé à l’Hyperborée, des Tours Sombres de Stephen King à la Cimmérie de Conan le Barbare, sans oublier Les Neufs Inconnus de Talbot Mundy et les expéditions tibétaines de Nicolas Roërich. Ce qui est frappant, dans les références proposées, c’est ce que j’appellerai la méthode de l’horizontalité : mettre sur le même plan d’authentiques chercheurs comme Louis de Maistre[2], Henri Corbin ou Mircea Eliade et des écrivains plus romantiques comme Charroux, Von Däniken, Gurdjieff, Blavatski, Anton Parks, Sitchin, David Icke… Une place de choix est réservée à Jean Robin[3] qui est cité 61 fois (sur 251 pages) et qui est en fait le fil conducteur de l’auteur. S’il est vrai que le penseur de Vendôme est un sympathique érudit, sa mythomanie brouille en permanence les cartes et jette un doute certain sur sa crédibilité. La façon dont AP1C2 utilise son dernier ouvrage sur Lovecraft (Howard Phillips Lovecraft et le Secret des Adorateurs du Serpent, annexe) me laisse perplexe : nous sommes certes dans une eschatologie noire, mais de voir comme manifestation de cette dernière le retour des Grands Anciens, créatures imaginaires du Prince Noir de Providence, me met particulièrement mal à l’aise. On peut du reste se demander si le rédacteur connaît l’œuvre de Lovecraft (en dehors de sa lecture de l’ouvrage de Jean Robin) lorsqu’il évoque la cité mythique d’Irem, popularisée selon lui par l’écrivain de Nouvelle-Angleterre dans Les Engoulements de la Colline (The Wippoorwills in the Hills, 1948). Or cette nouvelle n’est qu’un médiocre pastiche d’August Derleth, la primo nouvelle de Lovecraft étant La Cité sans Nom (The Wolverine, 1921).

 

c)    On ne sera pas autrement surpris de relever, en conclusion, que cette copieuse étude baigne, une fois encore, dans un conspirationnisme caricatural : Chacun connaît en effet le rôle trouble que peuvent jouer les États-Unis en arrière-fond de la géopolitique mondiale et de nombreuses personnes les soupçonnent d’influencer dans l’ombre les mouvances djihadistes qui ensanglantent le Moyen-Orient depuis plus de trente ans.



[1] Leur localisation est assez imprécise, mais on parle de l’Irak (Yézidis), de la Sibérie/Turkestan, de la Syrie, du Soudan, du Soudan. On parle aussi de Lyon, de la Belgique et de la Californie.

[2] Louis de Maistre, L’Énigme René Guénon et les “Supérieurs Inconnus”. Contribution à l’étude de l’histoire mondiale “souterraine”, Archè, Milano 2004.

[3] On regrettera l’absence d’index nominem dans cet ouvrage.