jeudi 6 novembre 2025
LES BALADES DU BIBLIOTHÉCAIRE : QUÉBEC
🏰 "A Description of the Town of Quebec" (1930-1931)
Parfois aussi référé sous le titre : "Quebec and the Stars Eternal", ou plus simplement "Quebec".
📖 Contexte
Lovecraft visita Québec à trois reprises :
- Juillet 1930,
- Août 1931,
- Août 1932,
dans le cadre de ses nombreux voyages d’exploration historique et architecturale en Nouvelle-Angleterre et au Canada. Ces périples faisaient suite à ses tournées dans la vallée de l’Hudson, la Pennsylvanie et les États du Sud.
Québec, qu’il surnomme « the most quaint and Old World of all North American cities », lui inspira un émerveillement profond. Il y voyait une réminiscence médiévale, une Europe transposée dans le Nouveau Monde, opposée à la modernité industrielle américaine qu’il détestait.
🏛️ Contenu du texte
Le texte,
écrit entre 1930 et 1931, est une description lyrique et détaillée
de la ville, presque une rêverie architecturale.
Lovecraft y évoque :
- Les rues étroites du Vieux-Québec,
- Les remparts et bastions (la seule ville fortifiée d’Amérique du Nord),
- Le Château Frontenac,
- Les églises baroques et couvents,
- Et surtout l’ambiance européenne, qui le transporte dans une autre temporalité.
Son ton y est enthousiaste, presque poétique, mêlant érudition historique (il cite Champlain, Montcalm, Wolfe, Frontenac, etc.) et réflexions philosophiques sur le temps, la mémoire et la décadence des civilisations.
🕮 Statut et publication
Le texte n’a
pas été publié du vivant de Lovecraft.
Il fut retrouvé dans ses papiers et publié à titre posthume dans :
- "Letters
from New York and the Hudson, and Travels in the North",
(Arkham House, 1966) ; - Puis dans
diverses compilations épistolaires :
"Letters to Rheinhart Kleiner" et "Letters to Frank Belknap Long", où Lovecraft décrit aussi ces voyages avec précision.
Certains passages se retrouvent aussi cités dans The Travel Writings of H. P. Lovecraft (édition S. T. Joshi, Hippocampus Press, 2004).
🌌 Tonalité et portée
Ce voyage à
Québec s’inscrit dans la face lumineuse de Lovecraft :
celle du promeneur érudit, du romantique antiquaire fasciné par
la survivance du passé.
Il y trouve ce qu’il appelle :
« un écho d’Europe dans un continent neuf — une survivance du XVIIIᵉ siècle dans un monde sans mémoire. »
Certains critiques (notamment Joshi et Maurice Lévy) y voient un contrepoint à ses fictions cosmiques : là où Innsmouth ou Dunwich incarnent la déchéance du passé, Québec symbolise sa permanence et sa beauté tragique.
mercredi 5 novembre 2025
MÉFIEZ-VOUS DU SAINT-HOMME
✝️ Le Clergyman Maudit (The Evil Clergyman, 1933)
Origine du texte
Ce récit n’est
pas une nouvelle conçue comme telle à l’origine. Il s’agit d’un rêve que
Lovecraft raconte dans une lettre datée du 22 octobre 1933, adressée à son
ami Clark Ashton Smith.
Après la mort de Lovecraft, August Derleth et Donald Wandrei l’ont édité et
publié dans Weird Tales en 1939, sous le titre The Evil Clergyman.
Le texte a donc un statut particulier :
→ un rêve transformé en récit, sans révision littéraire complète.
📜 Résumé narratif
Le narrateur
est conduit par un homme dans une mansarde obscure, qu’il décrit comme
poussiéreuse, remplie de livres et d’objets bizarres.
L’homme lui recommande de ne toucher à rien et s’éclipse.
Seul, le narrateur remarque une sorte de boîte ou long boîtier — Lovecraft l’assimile vaguement à une grande boîte d’allumettes.
En la manipulant, une lueur violette surgit.
Aussitôt apparaît un clergyman au visage étroit, sévère et profondément inquiétant. Ses gestes sont nerveux, et il semble absorbé par des livres obscurs.
Puis surgissent :
- un évêque,
- des ecclésiastiques,
- qui brûlent les livres de la bibliothèque.
Le clergyman
tente de se pendre, mais le narrateur le sauve.
Les bruits de la rue font cesser les visions.
L’homme qui l’avait amené revient et dit au narrateur :
« Regardez-vous dans la glace. »
Il découvre alors que son visage a pris l’apparence du clergyman maudit.
Fin brutale.
Sans explication.
Typiquement lovecraftien : l’identité bascule dans l’autre, comme si l’esprit du clergyman avait pris sa place.
🔍 Analyse lovecraftienne
Le récit exploite plusieurs éléments récurrents chez Lovecraft :
- La maison mansardée : lieu de mémoire, d’objets interdits (cf. The Shunned House, The Dreams in the Witch House).
- La transformation d’identité : motif du double et du transfert mental (cf. The Thing on the Doorstep).
- La lumière violette : couleur associée au surnaturel, aux rayonnements “non euclidiens” (The Colour Out of Space).
Ce court texte fonctionne comme une intrusion de l’ailleurs dans la psyché.
🜏 Hypothèse « Wilmarth / Laboratoire Odésien »
Si l’on devait l’intégrer à tes archives mytho-hermétiques :
|
Élément |
Interprétation |
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Boîte/manipulateur |
Déclencheur rituel, peut-être un objet de transfert mémétique. |
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Lueur violette |
Signe d’un passage dimensionnel. |
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Substitution du visage |
Possession mentale partielle, catalogue type T-7b (transfert d’identité). |
|
Clergyman |
Entité résiduelle, peut-être liée à une forme de culte déviant. |
💠 Anecdote intéressante
Ce récit a été
adapté visuellement dans les années 1980 par Charles Band (Full
Moon) pour un court-métrage destiné à une compilation H.P. Lovecraft’s Evil
Clergyman.
Jeffrey Combs (de Re-Animator) y incarne le clergyman.
mardi 4 novembre 2025
A LA MÉMOIRE DE WALTER GILMAN
Walter
Gilman est le protagoniste principal de la nouvelle The Dreams in the
Witch House (Les Rêves dans la maison de la sorcière, 1932).
C’est un étudiant en mathématiques et en physique à l’Université Miskatonic, spécialisé dans les géométries non-euclidiennes et les théories cosmologiques les plus audacieuses.
👨🎓 Portrait
- Étudiant brillant : Gilman est décrit comme particulièrement doué en mathématiques supérieures et passionné par les frontières de la science, là où les équations rejoignent la métaphysique.
- Curiosité dangereuse : Sa recherche sur les espaces non-euclidiens et la quatrième dimension l’amène à louer une chambre dans la fameuse Maison de la Sorcière de Kingsport Street, Arkham — un lieu réputé maudit.
- Fragilité : Bien qu’intellectuellement puissant, Gilman est physiquement fragile, souvent victime de fièvres et d’insomnies.
🕸️ La Maison de la Sorcière
La
demeure fut autrefois habitée par Keziah Mason, une sorcière du XVIIᵉ
siècle, condamnée lors des procès de Salem mais échappée de prison grâce à une
connaissance interdite des « angles et courbes » qui permettent de voyager
entre les dimensions.
Dans cette maison aux angles étranges, Gilman est en proie à des
cauchemars terrifiants. Il y rencontre :
- Keziah Mason, la vieille sorcière, qui vit toujours dans l’entre-deux des dimensions ;
- Brown Jenkin, sa créature familière : un rat monstrueux doté d’un visage humain ;
- des visions d’entités cosmiques, parmi lesquelles Nyarlathotep, sous sa forme du « Dieu Noir à cornes ».
🌌 La destinée de Gilman
Obsédé
par ses rêves, Gilman bascule progressivement dans une autre réalité où les
mathématiques et la sorcellerie se rejoignent.
Il est entraîné dans des rituels impies, voyage à travers des espaces
géométriques impossibles, et participe — peut-être involontairement — à des
sacrifices humains.
Finalement, il meurt dans des circonstances atroces et mystérieuses : retrouvé mort dans sa chambre, avec des traces de morsures correspondant à celles de Brown Jenkin.
🧾 Thèmes et portée
Walter Gilman incarne plusieurs thèmes chers à Lovecraft :
- la folie née de la connaissance interdite ;
- la rencontre de la science moderne et de l’occultisme antique ;
- la perte d’identité dans des univers aux lois géométriques et cosmiques inhumaines.
Son destin illustre la maxime lovecraftienne : « l’intellect humain n’est pas fait pour percer certains mystères ».
Notes de cours de Walter Gilman
Université
Miskatonic – Département de Mathématiques et Études Occultes
Thème : Physique quantique et Science des Anciens
Introduction
Messieurs,
Nous nous tenons au seuil d’une frontière périlleuse, là où la physique
moderne effleure des vérités que l’humanité n’aurait jamais dû approcher.
Les équations de Planck et Heisenberg, pourtant récentes, murmurent déjà
des incertitudes et des discontinuités qui rappellent, de façon troublante, les
doctrines autrefois connues des sorciers et des adorateurs stellaires des ères
oubliées.
I. L’abîme quantique
La théorie quantique affirme que l’univers, lorsqu’on l’observe à son échelle la plus intime, cesse d’obéir à la linéarité rassurante des lois de Newton.
- La matière devient indéterminée, une brume de probabilités.
- Position et mouvement s’enlacent dans l’incertitude.
- L’énergie circule non comme un flux continu, mais en quanta discrets, semblables aux syllabes d’une langue indicible.
Ces principes évoquent les inscriptions angulaires de Keziah Mason, décrivant le cosmos non comme un espace continu, mais comme un tissu lacunaire traversé par des géométries cachées. Là où le physicien voit des particules, l’occultiste devine des portes.
II. Les angles des Anciens
Les
légendes des Anciens insistent sur l’existence de passages à travers des
« courbes et des angles qu’Euclide ne connut jamais ».
La topologie moderne, avec ses variétés multidimensionnelles, suggère que ce
que nous appelons “particules” ne sont que les ombres d’entités plus vastes
s’entrecroisant avec notre réalité.
Les Anciens savaient cela. Leurs cultes conservèrent des bribes de cette connaissance, souvent dégradées en rituels blasphématoires, mais dont le cœur rejoint la science contemporaine :
- L’espace n’est pas tridimensionnel, mais multidimensionnel, ses plis autorisant des passages vers des mondes contigus au nôtre.
- L’effondrement de la fonction d’onde n’est pas hasard, mais le frisson de la réalité lorsqu’elle est touchée par les serres d’intelligences extradimensionnelles.
III. L’intrication quantique et la communion interdite
Einstein lui-même s’insurge contre cette “action fantomatique à distance”, et pourtant l’intrication démontre la liaison instantanée d’entités séparées par des gouffres d’espace.
N’est-ce
pas là une redécouverte maladroite des correspondances rituelles
pratiquées par les sorcières de Salem et les nécromants de Leng ?
Quand deux esprits sont accordés par des harmoniques occultes, la distance n’a
plus d’importance.
Ainsi les Profonds murmurent à leur descendance d’Innsmouth ; ainsi Nyarlathotep peut ployer la pensée à travers le temps lui-même.
IV. Vers une horreur unifiée
Si la mécanique quantique dévoile le chaos granulaire de la matière, et si la Science des Anciens révèle les raccourcis géométriques de l’espace, alors l’union des deux suggère une synthèse sinistre :
- L’univers est instable, un treillis vibrant sur des dimensions abyssales.
- Les “constantes” de la physique ne sont que des édits locaux, susceptibles d’être altérés par la volonté d’entités supérieures.
- Notre existence elle-même n’est qu’un accident probabiliste, menacé de s’effondrer lorsque les angles se conjoignent.
Conclusion
En
somme, messieurs, l’union de la physique quantique moderne avec la science des
Anciens n’apporte pas l’illumination, mais la révélation d’une terreur.
L’homme n’est pas au sommet du savoir, mais un enfant tremblant traçant des
signes dans la poussière — poussière déjà marquée par des griffes venues
d’ailleurs.
Je vous avertis : plus l’on contemple ces correspondances, plus les rêves envahissent… et plus dangereusement se fait entendre l’appel des voix au-delà des angles.
📜 Fin des notes, retrouvées parmi les papiers de Gilman après sa mort à Arkham, avril 1931.
FRANÇOIS LANGE DANS LA LETTRE DU CROCODILE
François Lange, Aventurier de l’Esprit. Entretiens avec Claude Arz. Editions de L’œil du Sphinx, 36-42 rue de la Villette, 75019 Paris – France.
François Lange nous est connu pour ses polars historiques bretons, publiés chez Palémon éditions à Quimper. De nombreux lecteurs, bretons ou non, ont suivi les aventures de son héros, Fañch Le Roy. Ses romans qui s’inscrivent dans la période du Second Empire sont particulièrement étayés sur le plan historique. Côté enquête, il connaît bien le sujet après une carrière de militaire, parachutiste, puis de policier.
Un autre aspect de sa vie est son intérêt, ancien, pour l’ésotérisme, l’occultisme et leurs mystères. Il a publié plusieurs travaux sur les énigmes de Rennes-le-Château chez Arqa.
« En le fréquentant, nous dit Claude Arz, j’ai compris au fil des années que François Lange aime naviguer dans les profondeurs de la société avec l’expertise d’un détective. Pour lui, la société n’est pas qu’un assemblage de personnes ; c’est un organisme vivant, complexe, avec ses propres veines, ses poumons, ses fantômes et ses battements de cœur secrets. Il y recherche moins des monstres à abattre que des mystères enfouis, des passages vers d’autres réalités ou des artefacts perdus dans le tourbillon de l’histoire. »
Les deux hommes se connaissent depuis longtemps et s’apprécient. Cette connivence et cette amitié favorisent des entretiens très libres, des plongées dans de multiples domaines, parfois inattendus. Claude Arz parle des quatre vies de François Lange : « para, flic, chercheur de mystères et romancier ». Ces quatre vies sont présentes dans leurs échanges, parfois séparées, parfois mêlées.
François Lange parle avec affection de son héros : « Fañch Le Roy, est un Bigouden à 1000 %. Intuitif plus que raisonnable bien souvent, il s’efforce de garder un œil froid et pratique lors de ses enquêtes. J’ai voulu le faire utiliser des méthodes d’investigation novatrices et pragmatiques, comme les croquis de scènes des crimes, les moulages ou plâtres d’empreintes, les repères que des cartes murales ou les enquêtes de voisinage ou d’ambiance proches du profilage, mais sa propension à la rêverie et à l’imaginaire réapparaît souvent… et c’est très bien ainsi. Fañch Le Roy est un homme de son temps, qui utilise les découvertes scientifiques et accepte la modernité, mais il raisonne parfois selon le mode de fonctionnement intellectuel – voire religieux- des anciens Celtes. »
Ce rapport entre modernité et tradition, tantôt alliance, tantôt tension, nous le retrouverons dans les enquêtes conduites par François Lange cette fois sur les mystères de Rennes-le-Château et de Rennes-les-Bains. Il considère les faits, les contextes historiques, les enjeux religieux et politiques, confronte les recherches mais, il y a aussi les intuitions, le rapport physique aux lieux. Il avoue dans un entretien final accordé à Philippe Marlin : « Comme toi, avec le temps, je suis passé de l’émerveillement béat à celle du scepticisme raisonnable, mais je tiens à conserver une ligne de recherche la plus objective possible. »
De fait les deux entretiens sur le sujet, avec Claude Arz puis avec Philippe Marlin, constituent une excellente mise au point sur ce sujet devenu très nébuleux. Le lecteur désireux de se retrouver dans les méandres et chausse-trappes de « l’affaire » n’aura pas nécessairement toutes les réponses espérées mais saura poser les bonnes questions. Sans oublier la découverte d’un véritable auteur, particulièrement attachant.
lundi 3 novembre 2025
L' ASTROLOGUE ET LA REINE
Cosme Ruggieri (ou Côme Ruggieri, parfois écrit Cône Ruggieri dans certaines graphies anciennes). C’est un personnage fascinant, à la croisée de la cour des Valois et de l’occultisme de la Renaissance française.
Voici une synthèse historique et ésotérique réalisée pour La Louve par Natacha et Samantha.
🕯️ Cosme Ruggieri (ou Côme Ruggieri)
Né à Florence vers 1520 – mort à Paris vers 1615
📜 Origines et arrivée en France
Issu d’une famille italienne installée à Florence, Cosme Ruggieri fut un astrologue, alchimiste et magicien florentin, proche des Médicis. Il accompagna Catherine de Médicis lorsqu’elle quitta l’Italie pour épouser le futur Henri II de France. Très tôt, il devint l’un de ses conseillers occultes, exerçant à la fois comme astrologue, devin et expérimentateur.
🧪 À la cour des Valois
Ruggieri
installa à Paris un véritable laboratoire, où il pratiquait l’astrologie, la
nécromancie et l’alchimie.
Les chroniques (notamment celles de Brantôme et d’Agrippa d’Aubigné) racontent
qu’il faisait dresser des horoscopes pour les enfants royaux, et qu’il annonça le
destin tragique des fils de Catherine, prédisant que ses trois fils
régneraient mais mourraient sans héritier — ce qui se réalisa avec François
II, Charles IX et Henri III.
☠️ Le “Miroir de la Reine”
Une légende
tenace veut qu’il ait organisé avec Catherine une séance de magie noire au
château de Chaumont-sur-Loire, où, à minuit, ils auraient invoqué un
esprit démoniaque dans un miroir ou une tête d’homme décapitée.
Le “miroir magique” y aurait montré à la reine les visages des trois fils
appelés à mourir prématurément. Cette scène est devenue un mythe fondateur
de l’imaginaire occulte de la Renaissance.
🔮 Science et superstition
Ruggieri combinait les savoirs astrologiques hérités d’Hermès Trismégiste et les pratiques de l’occultisme florentin issues du cercle de Marsile Ficin et de Pic de la Mirandole. Il se voulait savant autant que mage, dans la ligne des magiciens de la “philosophia occulta” (Cornelius Agrippa, Paracelse…).
⚖️ Déclin et légende
COSME RUGGIERI
Accusé de
sorcellerie à plusieurs reprises, il fut un temps emprisonné, puis libéré grâce
à la protection de Catherine.
Après la mort de la reine (1589), il tomba dans la disgrâce et se retira à
Paris, où il mourut dans la pauvreté et la crainte.
Son nom resta lié à l’image d’un mage noir, d’un nécromancien royal,
un peu comme Nostradamus mais en plus ténébreux.
🏛️ Dans la tradition ésotérique
Cosme Ruggieri est souvent cité dans les cercles rosicruciens et occultistes comme :
- un précurseur des sciences hermétiques françaises,
- un gardien du savoir médicien,
- et, dans certains textes apocryphes, un initiateur de Catherine de Médicis aux “secrets d’Isis”.
On trouve aussi son nom dans les listes symboliques de l’“Ordre du Lys Noir” ou dans certains grands grimoires du XVIIᵉ siècle, où il apparaît comme “Rugerius, Magus Gallicus”.
LES BALADES DU BIBLIOTHÉCAIRE : LE DOMAINE DE RIVERSIDE
ANTOINE DE RUSSY
(ca. 1858 – ?)
Dernier héritier connu de la lignée créole des De Russy, propriétaires du
domaine de Riverside, situé non loin de Bridgetown, dans le Missouri.
Contexte historique et littéraire
Le nom d’Antoine de Russy apparaît pour la première fois dans la
nouvelle La Chevelure de Méduse (Medusa’s Coil, 1930 ; publiée
dans Weird Tales, janv. 1939), texte révisé presque intégralement par Howard
Phillips Lovecraft pour Zealia Bishop.
Le personnage est dépeint comme un vieil aristocrate déchu, survivant dans les
ruines de sa demeure, témoin d’événements surnaturels liés à la décadence de sa
propre famille.
Son récit, livré à un voyageur de passage, constitue l’une des plus frappantes
confessions du « cycle des lignées corrompues » inauguré par Lovecraft (Innsmouth,
Arkham, Exham Priory…).
Dossier biographique
- Nom complet : Antoine Marie de Russy
- Naissance : vers 1858, Louisiane / Missouri
- Formation : héritier d’une éducation française classique ; traditions catholiques et créoles
- Résidence : domaine familial Riverside, aux abords du fleuve Meramec
- Fils unique : Denis de Russy (1879-1923 ?)
- Belle-fille : Marceline De Russy (née inconnue), artiste parisienne
- Affaire connue : dite « Affaire de la Chevelure », mentionnée dans les Archives Wilmarth, vol. XIV (1934)
Analyse mytho-hermétique
Les éléments recueillis à Riverside — notamment des
fragments de correspondance et de volumineux carnets de Denis de Russy —
laissent penser à une contamination d’origine pseudo-biologique.
Le phénomène de la chevelure animée, décrit comme autonome et
prédatrice, correspond aux manifestations du type-Gorgon : C4, catégorie
« parasite ophidien semi-éthérique », déjà recensée dans les études de la
Golden Goblin Press sur les Mutations du Mythe.
La narration d’Antoine de Russy présente les symptômes classiques
de la culpabilité post-rituelle : hantise de l’hérédité maudite, fixation sur
la lignée et le sang, réclusion volontaire.
Son discours rejoint les observations faites sur les familles Marsh
(Innsmouth) et de la Porte (Arkham), où la transmission génétique
semble servir de vecteur aux entités non-humaines.
Travaux contemporains
Le chercheur François Lange, dans le cadre du Laboratoire Odésien de l’Impossible, mène actuellement une étude pluridisciplinaire intitulée
« Riverside : anatomie d’une malédiction héréditaire (Lovecraft, Bishop et la généalogie du monstrueux) ».
Cette recherche, croisant littérature, biologie symbolique et
folklore américain, vise à établir la possible filiation entre les « chevelures
vivantes » de Riverside et les entités polymorphes des cultes pré-humains du
Sud profond.
Les premiers résultats, encore confidentiels, seront présentés dans les Cahiers
du Laboratoire Odésien, tome VII (à paraître).















