Les rêves de Cthulhu : Tome I,
Ailleurs et Au-Delà, Michel Lemieux et Sir Thomas No More, Anima Studio (2021). Encore une
sympathique anthologie, signée par les deux jeunes membres d’une « jeune
pousse » néo-lovecraftienne.
Dans Le Chirurgien, le fils d’Oscar W. Lockhart
cherche à comprendre les raisons de la disparition de son père, artisan
serrurier prospère d’Arkham. On sait qu’il passait ses nuits avec des étudiants
de la Miskatonic et conduisit l’entreprise familiale à la faillite, suite à des
dépenses incontrôlées pour financer de nombreux voyages dans des contrées
improbables. Le jeune héritier finit par retrouver son père, devenu complétement
amnésique. Celui-ci sera contacté par le responsable d’une clinique
psychiatrie, ayant eu l’écho de cette affaire. La thérapie proposée se
déroulera dans un contexte glauque, comme si le chirurgien voulait récupérer
dans le cerveau des patients des informations glanées dans l’Ailleurs ?
Tout est dans le titre, bien sûr, avec Aux fin
fond des Contrées du Rêve. Le narrateur se réfugie dans les terres
mythiques, ne supportant plus le monde quotidien suite au décès de sa femme
Mary dans un accident de voiture. Il sera guidé par l’indispensable Randolph
Carter et finira par périr alors qu’un doute lancinant l’assaille : mais
qui est véritablement responsable de la mort de Mary ?
Le plateau de glace est à mon avis la nouvelle la
plus marquante de cette anthologie. Elle retrace l’équipée d’une mission d’exploration
géologique au Pôle Nord., pour le compte d’une compagnie minière canadienne. Le
groupe est formé de quatre personnes, dont Florence qui n’est autre que la
fille de William Dyers, lequel avait participé 43 ans auparavant à la mission
en Antarctique de l’université de Miskatonic. Nos prospecteurs ne trouveront
point d’or, mais de curieuses gravures sur des roches. Et si les Grands Anciens
avaient également investi les terres du Grand Nord ? C’est du moins la
conclusion à laquelle arrivera l’équipe, après la découverte d’un peuple
inconnu, chargé de veiller au repos de créatures venues d’ailleurs enfouies au
fond d’un lac gelé. Le suspense est bien géré et le récit fourmille de petites
trouvailles qui hésitent à se classer dans les catégories gag ou horreur. Les « livres
maudits » sont activement sollicités pour la bonne compréhension de l’ensemble
et permettent de saisir pourquoi il ne faut à aucun prix que des irresponsables
réveillent « qui dort éternellement ».
Le secret des McCallan nous explique le danger qu’il
y a à consommer sans modération les Unausprechlichen Kulten. C’est l’histoire
de la dégénérescence d’une famille au travers du récit d’une jeune femme,
dernière survivante de la lignée. Elle revient dans le manoir familial pour s’occuper
de son frère, cadavre vivant suite à sa participation à d’odieuses évocations décrites
dans le Livre. Attention, on est ici dans le gore le plus nauséabond.