vendredi 6 novembre 2020

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : ANGLES MORTELS, Angèle Aleris

 


 

Belle surprise que cette nouvelle plume, Angèle Aleris, qui nous donne avec Angles Mortels (A-Éditions - Le Bateau Vogue, 2020) un polar très subtil dans l’univers des tours rutilantes des grandes entreprises. Un milieu que l’auteure a décortiqué avec minutie pour mettre en scène Sandra Fabre, nouvelle DRH d’une filiale d’un groupe important. Son patron, qui l’a recrutée et qui la coachait avec bienveillance, sera hélas rapidement muté et remplacé par le cadre caricatural, imbu de lui-même, fermé à toute discussion et flirtant en permanence avec le sadisme classique que peut procurer l’exercice du pouvoir. Son objectif est simple, faire le ménage dans les équipes en place, en s’attaquant à ceux qu’il considère comme étant les plus faibles. Sandra est dans le collimateur. On aura droit à toute la panoplie des outils de bon ton utilisés dans le milieu du business, séminaires de direction, team building, négociation des objectifs annuels, détermination des augmentations et des primes etc... Sandra s’accroche à l’aide d’antidépresseurs, de séances de yoga et de consultation de psy. Mais la situation, déjà fortement délétère, s’aggrave brutalement, une série de décès suspects frappant plusieurs collaboratrices fragiles. Les autopsies pratiquées par la police concluront sans l’ombre d’un doute à des meurtres. Mais l’enquête doit rester confidentielle et la communication de l’entreprise est celle du suicide. Je ne spolierai pas le fin mot de l’intrigue, si ce n’est pour dire qu’il faut toujours se méfier des fayots, prêts à tout pour plaire à leur chef.

Ce petit roman, bien ficelé, nous amène à nous interroger sur le phénomène (très à la mode dans les médias) du harcèlement. Autant le harcèlement sexuel a hélas un « but » bien précis, autant le harcèlement moral peut nous plonger dans un abîme de perplexité. Les motivations ne sont pas toujours évidentes à extérioriser, d’autant plus que le harceleur est souvent celui qui a autorité sur le harcelé. Il ne peut donc s’agir de lui prendre sa place, son salaire… On plonge ici dans les tréfonds les plus noirs de l’âme humaine.

On attend avec impatience qu’Angèle Aleris reprenne la plume, peut-être en donnant un peu plus de consistance, de « chair », à ses personnages. On aurait aimé en savoir plus sur Sandra, héroïne malgré elle, qui nous est simplement présentée comme une « executive woman » vivant dans un appart ’hôtel !


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