Parra Ochoa, Lina Maria, La main qui guérit, Les Escales, 2025 (2023).
Belle traduction française d’un roman initiatique récemment paru de Lina Maria Parra Ochoa. Une aventure transmise à travers trois générations de femmes qui illustre avec finesse les aléas de la découverte de dimensions subtiles de l’existence. L’auteure aborde la question avec sensibilité, avec une poésie du quotidien et une pointe de surréalisme qui ne sont pas sans évoquer d’autres plumes sud-américaines, comme Mariana Enríquez. On y croise aussi l’histoire récente de la Colombie, c’est-à-dire l’inexorable exil vers la ville qui touche la majorité du continent.
Cette lente et souvent difficile acceptation de « pouvoirs » ambigus, aux frontières entre la guérison et la sorcellerie, de la tradition populaire et de la modernité, Parra Ochoa la retranscrit très bien. On est loin du contexte du tourisme spirituel comme de celui du développement personnel. Le parcours des héroïnes discrètes de ce roman suit sans faillir ce que l’on connaît en ethnologie des initiations les plus classiques : un étroit sentier entre prédestination et libre-arbitre, l’affection de conversion, une initiatrice improbable, l’accès progressif aux pouvoirs et l’ambiguïté qui les accompagne, la porosité constante avec le royaume des morts. De fait, toute l’histoire s’inscrit sur cette limite entre vie et mort, et autour du choix de chacun à marcher d’un côté ou de l’autre de cette ligne fatidique. Un beau texte qui se lit d’un trait, une plongée dans la sensibilité féminine latine. N’hésitez pas !
E. T.
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