La
Pierre Noire (Robert E. Howard 1931, in Weid
Tales 1931). Voilà une nouvelle typique de l’efficacité du Cthulhu’s Club
qui s’est développé autour de Lovecraft. Le narrateur, non nommé, est un
spécialiste du Unaussprechichen Kulten de
Von Juntz, encore appelé Livre Noir. Et
de nous présenter cet ouvrage sur deux pages, avec forces détails, à l’instar
de ce qu’avait fait Lovecraft avec son Histoire
du Necronomicon (1927). On sait que l’auteur de ce grimoire, qui a enquêté
sur les cultes les plus impies autour de la planète, sera retrouvé mort en 1840,
avec des griffes sur la gorge, par son ami le Français Alexis Ladeau. Ce
dernier se tranchera la gorge avec un rasoir après cette sinistre découverte. Mais
ce qui intéresse surtout le narrateur est l’évocation par Von Juntz d’un
monolithe noir, situé dans les montagnes de Hongrie, dans la région de
Stregoicavar, pierre levée qui serait le lieu d’étranges cultes la nuit de la
Saint Jean. Il va se rendre sur place et apprendra par le cocher que le lieu a été
le siège d’une terrible bataille en 1526, entre les polonais et les hongrois,
commandés par le Comte Boris Vladinoff, et les hordes de Soliman le magnifique.
Ces dernières remportèrent la bataille ; le chroniqueur Selim Bahadur a rapporté
ce combat terrible au cous duquel il est tombé. Un tumulus conserve les restes
des victimes du conflit.
Arrivé au village, on lui conseille d’éviter
la Pierre Noire, lui rappelant le destin tragique du poète Justin Geoffrey, se
rendant régulièrement pour rêver sur les lieux. On lui explique aussi que la
population du village a été entièrement décimée par les turcs, et que les
indigènes de l’époque avaient un physique inquiétant et se livraient à de
sombres cultes. On appelait le village à l’époque Xulthan. Le narrateur va
pourtant se rendre sur le tertre la nuit de la Saint Jean. Il va s’assoupir et assistera
à une infernale bacchanale, messe noire au cours de laquelle un bébé sera
sacrifié et une jeune femme nue fouettée jusqu’ au sang ; rituel qui
libérera une créature monstrueuse venue chercher son tribut en la personne de
cette dernière.
Le narrateur tombera en syncope et, à son
réveil, ne retrouvera aucune trace de ce qu’il a pourtant vu. Il se rendra alors
sur le tumulus conservant les restes de la guerre menée par les turcs et
retrouvera un coffret ayant appartenu à Selim Bahadur. Il renferme un parchemin
retraçant le déroulement du culte impie auquel il a assisté et une petite
statuette en or représentant la monstruosité. Le chroniqueur suppose que ce
monolithe était en fait le somment d’une construction cyclopéenne souterraine
dans laquelle résidaient les cultistes.
Le récit se termine par une petite pincée
d’horreur cosmique, sans laquelle un récit ne serait pas lovecraftien : quelles formes abominables peuvent se tenir
cachées, aujourd’hui encore, en des recoins obscurs du monde ?
Livres
Outre le Livre Noir, sont cités :
° Le
Folklore Magyard de Dornly (imaginaire). La pierre noire y est citée dans
le chaoitre consacré aux « Mythes de rêves », allusion aux cauchemars
horribles qu’elle suscite lorsqu’on s’endort à proximité.
° Les vestiges des empires
perdus de Dostmann (Berlin, 1809). Un livre imaginaire très critiqué par l’Université :
« La théorie d'Otto Dostmann selon laquelle le monolithe est un vestige de
l'invasion des Huns érigé pour commémorer une victoire d'Attila sur les Goths
est aussi logique que de supposer que Guillaume le Conquérant a fait lever
Stonehenge. »
° Les guerres turques de
Larson (imaginaire).
° Ouvrages historiques de Selim Bahadur (imaginaire[1])
This worship was
stopped when Turkish invaders wiped out the villagers and killed the toad god.
The Turkish scribe Selim Bahadur
recorded the event and placed it in a lacqured case which also housed a small
idol of the toad god. The case was later buried with the Count Boris
Vladinoff. The Count was killed where he stood in shock after
reading the Turkish manuscript and was buried by his collapsing castle. The
case was later uncovered by an unnamed author in the nineteen-hundreds and was
then tossed into the Danube.
° Le peuple du monolithe du
poète Justin Geoffrey (imaginaire[2]) :
« T’is
said that ancient beings from ages gone by are watching,From beyond oblivion and the far corners of this very world,
Still, on some darkened nights, baleful doors are left yawning… »
The Starspawn, Justin Geoffrey
Edité à compte
d’auteur, peu épais et relié dans une sorte de cuir indéfinissable à la texture
vaguement caoutchouteuse, « Le Peuple du Monolithe » est un
recueil de poèmes d’un obscur poète américain du nom de Justin Geoffrey. Outre
le grandiose poème donnant son nom à l’ouvrage, il comprend entre autre « De
l’Ancienne Contrée » ( From the Old Land), « Passions
Obscures » (Dark Passions »), « Nemesis« , « La
Bête Venue des Etoiles » (The Starspawn) ou encore l’effrayant « Parade
Dans Les Ténèbres » (Strutter In The Dark).
Geoffrey y
dépeint une série de voyage en des terres indéterminées, où l’évocation d’une
nature sauvage pourrait de prime abord le classer quelque part entre le
Gothique et le Romantisme. Pourtant, il émane d’entre ces vers une sensation de
malaise indéfinissable. Les paysages de Geoffrey suggèrent une morne stérilité,
une immobilité morbide dissimulant d’antiques secrets inavouables, et laissent
entrevoir en filigrane une vision nihiliste d’un cosmos tout entier voué à
l’entropie et dénué de grâce divine.
Le retour à la
nature n’est pas une régénération spirituelle chez Justin Geoffrey mais au
contraire un retour vers un état dégénéré où la conscience se dilue et finit
par être anéantie face au caractère vertigineux et insondable de l’Immuable et
de l’Eternel. Le cycle poétique amène lentement le lecteur, au terme d’une
spirale déprimante, à une ultime et fatale épiphanie. Il réalise alors qu’il
n’est nul Chant des Sphères ordonnant l’agencement de l’univers, mais au
contraire un hymne dissonant à l’entropie et nul dieu si ce n’est un monstrueux
chaos bouillonnant, totalement indifférent à l’ensemble de la Création.
« Through
the ghoul-guarded gateways of slumber, Past the wan-mooned abysses of night,
I have lived o’er my lives without number,
I have sounded all things with my sight;
And I struggle and shriek ere the daybreak, being driven to madness with fright.
I have whirled with the earth at the dawning,
When the sky was a vaporous flame;
I have seen the dark universe yawning
Where the black planets roll without aim,
Where they roll in their horror unheeded, without knowledge or lustre or name.
I had drifted o’er seas without ending,
Under sinister grey-clouded skies,
That the many-forked lightning is rending,
That resound with hysterical cries;
With the moans of invisible daemons, that out of the green waters rise.
I have plunged like a deer through the arches
Of the hoary primoridal grove,
Where the oaks feel the presence that marches,
And stalks on where no spirit dares rove,
And I flee from a thing that surrounds me, and leers through dead branches
above.
I have stumbled by cave-ridden mountains
That rise barren and bleak from the plain,
I have drunk of the fog-foetid fountains
That ooze down to the marsh and the main;
And in hot cursed tarns I have seen things, I care not to gaze on again.
I have scanned the vast ivy-clad palace,
I have trod its untenanted hall,
Where the moon rising up from the valleys
Shows the tapestried things on the wall;
Strange figures discordantly woven, that I cannot endure to recall.
I have peered from the casements in wonder
At the mouldering meadows around,
At the many-roofed village laid under
The curse of a grave-girdled ground;
And from rows of white urn-carven marble, I listen intently for sound.
I have haunted the tombs of the ages,
I have flown on the pinions of fear,
Where the smoke-belching Erebus rages;
Where the jokulls loom snow-clad and drear:
And in realms where the sun of the desert consumes what it never can cheer.
I was old when the pharaohs first mounted
The jewel-decked throne by the Nile;
I was old in those epochs uncounted
When I, and I only, was vile;
And Man, yet untainted and happy, dwelt in bliss on the far Arctic isle.
Oh, great was the sin of my spirit,
And great is the reach of its doom;
Not the pity of Heaven can cheer it,
Nor can respite be found in the tomb:
Down the infinite aeons come beating the wings of unmerciful gloom.
Through the ghoul-guarded gateways of slumber,
Past the wan-mooned abysses of night,
I have lived o’er my lives without number,
I have sounded all things with my sight;
And I struggle and shriek ere the daybreak, being driven to madness with fright. »
Nemesis, Justin Geoffrey
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