Roman – Le
Sacre de la Nuit (1960, Ritual in the Dark ;
Gallimard, 1962).
Premier roman de Colin Wilson et
première apparition de son personnage fétiche, Gérard Sorme, mais aussi première
incursion de l’auteur dans le domaine du crime, thématique qu’il cultivera avec
fascination tout au long de son œuvre. Gérard Sorme est un jeune écrivain
pauvre, passionnément en quête d'une vérité intérieure qui rejoindrait, au-delà
d'inaccessibles dimensions, une certaine vérité du monde, une vérité de l'homme
placé face au monde actuel en train de se défaire. Bref un
« Outsider » qui va faire connaissance, lors d’une exposition sur
Ninjiski[1], d’Austin
Nunne, un jeune homosexuel qui gère péniblement une oisiveté fortunée dans un
Londres marqué par une nouvelle épidémie de meurtres à Whitechapel. L’écrivain
tombe sous le charme de ce personnage qui, comme lui est un grand paumé à la
recherche d’un sens à la vie. Mais cette amitié cache une recherche dévorante,
celle de la part d’ombre qui fait tout le mystère du jeune dilettante. Gérard
Sorme pénétrera progressivement dans l’univers social d’Austin, se liant avec
un prêtre psychologue, un jeune peintre tourmenté par les petites filles, une
quadragénaire de tante de la race des vierges de glace, une adorable jeune
cousine qui tombera éperdument amoureuse de lui. Chacun d'eux, sans le savoir
ni le vouloir, à l'aide de très légers déplacements dans le temps et l'espace
(mots, signes, silences) permet peu à peu à Gérard Sorme de resserrer toujours
davantage le réseau de ses présomptions. Et soudain, l'évidence éclate : Austin
Nunne s'est réalisé lui-même dans le sadisme, Austin Nunne n'est autre que le
monstrueux criminel poursuivi.
Et le roman, dont la fin n'est pas
une fin comme dans toute réalité, marque pour le héros un émouvant instant de
pause comme si, très mystérieusement, il venait de découvrir enfin que sa
propre angoisse trouvait sens et définition dans le destin ambivalent et
destructeur de son ami, son double.
Livres imaginaires
Les titres ne sont pas donnés, mais
on apprend que Austin Nunne a publié deux ouvrages, l’un sur la danse, l’autre,
sous forme de plaquette, sur Nijinski.
[1] Vaslav Fomitch Nijinski (en russe : Вацлав Фомич Нижинский, Vaclav Fomič Nižinskij ; en polonais : Wacław
Niżyński), aussi retranscrit
Vaclav Nijinsky ou Vatslav Nizhinski, né à Kiev le
mars
18891
et décédé le avril
1950 à Londres,
est un danseur
et chorégraphe russe
d'origine polonaise.
Nijinski est aussi l'auteur d'un système de notation de la danse qu'il inventa pour
son usage personnel. Grâce aux recherches de spécialistes, on a pu reconstituer
fidèlement certaines de ses chorégraphies, dont L'Après-midi d'un faune
et une partie du Sacre du printemps.
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