Roman – Le
Tueur (1970 ; Belles Lettres, 1998). Colin Wilson continue à vouloir
comprendre ce qu’il se passe dans la tête d’un tueur et met en scène, pour
cette nouvelle enquête, Samuel Kahn, médecin psychiatre dans une institution
spécialisée. Son patient, Arthur Lingard, est enfermé pour avoir sauvagement
assassiné un fermier lors d’une tentative de cambriolage. Il est aussi suspecté
du meurtre et du viol d’une jeune fille. Fasciné par un personnage
redoutablement intelligent qui veut se faire passer pour stupide, Kahn réussira
à briser la glace et à mener toute une série d’entretiens. Et cela commence
fort, Lingard étant persuadé d’être surveillé par les Gardiens Noirs, créatures
maléfiques qui veulent prendre le contrôle de la Terre. Il est vrai qu’il a mené
un parcours poisseux sur un arrière-fond de rêve, Lingard étant friand de pulps
(son fascicule fétiche retraçait les aventures de Marvo le Magicien), des œuvres de Merritt de de E. R. Burroughs (il
avait commis une grande carte de Mars) et de Conan Doyle. Il s’assimilait
volontiers à Moriarty, le Roi du Crime.
Le médecin se transformera progressivement en
un super-policier pour mener une investigation approfondie sur le patient pour
lequel il ne cache pas une certaine sympathie. Et de nous plonger dans le
glauque d’une banlieue misérable anglaise. Lingard a perdu son père et sa mère
lors de la guerre, a été récupéré par un oncle libidineux qui viole sa sœur,
Pauline, à laquelle il voue un amour fou. Nous assistons à un grand spectacle
pornographique, fait de « touche pipi », de parties de « le
docteur et l’infirmière », en passant par l’inceste et la sodomie
homosexuelle. Lingard tripote sa sœur Pauline qui accepte parfois de le « soulager »,
puis couche avec sa cousine Angie qu’il prête volontiers à des malfrats. Car le
sujet a entamé une carrière très active de cambrioleur, à la fois pour rentrer
de l’argent mais aussi pour compléter sa collection de petites culottes
féminines.
Puis tout va basculer et le médecin
découvrira progressivement qu’il est également l’auteur de trois autres crimes
sexuels sur des jeunes filles qui ont une certaine ressemblance physique avec
Pauline et Angie. Le « déclencheur » sera vite trouvé. Pauline puis
Angie ont convolé en justes noces et Arthur, se sentant abandonné, a cherché se
venger de la gente féminine. On retrouvera le patient étranglé quelque temps
après la fin de l’enquête par un autre détenu, suite à une violente dispute
portant sur une petite culotte féminine.
Au total, un roman d’une rare violence et
terriblement ambigu. Wilson se complaît dans une empathie trouble vis-à-vis du
criminel. Quant à l’aspect « pornographie de banlieue », il est
traité avec tant de détails que la nausée guette à chaque page. On est loin de
la « pornographie distinguée » du Dieu
du Labyrinthe.
Livres imaginaires
° Le Rêveur
ou La vie de Arthur James Lingard, Samuel
Khan
° Le
Kid de Louiseville, Idris T. Moroney (roman érotique dans les milieux de la
boxe)
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