Roman – Soho, à la dérive (1961, Adrift
in Soho ; Gallimard, 1964)
Dans
son autobiographie, Dreaming to Some Purpose (2004), Wilson a expliqué
que le roman avait débuté comme une collaboration avec un ancien ami de Soho
appelé Charles Belchier, autrement connu sous le nom de Charles Russell, un
acteur de bohême qui avait participé à un film sur le Titanic, A Night to
Remember (1958) :
« Nous
n'avions pas été amis proches lors de mon passage à Soho, car Charles, comme
tant d'acteurs, n'avait rien d’un intellectuel, alors nous n'avions que peu de
choses à nous dire. Mais après que The Outsider soit sorti, il m'a
contacté et est venu pour nous rejoindre à plusieurs reprises. Et il m'a
demandé de trouver un éditeur pour un livre autobiographique inachevé intitulé The
Other Side of Town.
Dès
que je l'ai lu, j'ai vu qu'il était impubliable dans sa forme actuelle, c'était
trop court, et ne proposait aucun développement. Mais le fragment m'a
fasciné…Pendant environ une semaine, j'ai essayé de le réécrire comme un roman,
puis je me suis aperçu que je ne pouvais pas composer avec les yeux de Charles,
et qu’il fallait que je m’y mette directement. Donc, cela s'est transformé en
une histoire sur un jeune provincial qui, comme moi, avait travaillé pour la
Navy afin d'éviter le travail de bureau, puis qui va à Londres à la recherche
d'une vie plus intéressante. Belchier a vendu £ 100 son manuscrit et il a été
convenu qu'il devrait recevoir un petit pourcentage des droits d’auteur.
Lorsqu'il a été interviewé par le Sunday Express le 10 septembre 1961,
il a déclaré : « Cela ne me dérange pas. À l'origine, j'ai envoyé mon
livre à Colin pour qu'il fasse une préface. J'allais le vendre. Mais il a dit
qu'il aimerait le réécrire et je fus d'accord. L'argent aurait été utile, mais
je suis un bohème et je veux la liberté plus que tout autre
chose. » »
Le
résultat est un petit récit intimiste qui aurait aussi pu s’intituler Jours tranquilles à Soho. Le personnage
principal, le jeune Harry Preston, quitte sa cité industrieuse de Nottingham
pour « monter » à Londres, avec le vague espoir de devenir écrivain. Il
trimballe sa curiosité naïve dans les rues de Soho, zappant de bars en pubs, de
chambres miteuses en squats, en compagnie de rencontres de passage hautes en couleur :
peintres en mal de reconnaissance, nymphomanes envahissantes, acteurs de
seconde zone ou libraires véreux. Il finira par atterrir dans une maison semi
délabrée de Notting Hill où vit une communauté à laquelle il s’intégrera bien
que mal. Il fera équipe avec Doreen, une jeune fille de bonne famille voulant
elle aussi goûter aux charmes de la vie d’artiste. C’est bien écrit, se veut
une ode à la liberté, mais reste plus un témoignage amusant qu’un véritable
roman.
Une
nuit avec les beatniks est le
titre d’un article paru dans le Sunday
Dispatch du 15 janvier 1961. Selon la bibliographie de Colin Stanley The Ultimate Colin Wilson, Wilson a
passé une nuit dans une communauté de Beat à Londres dans le cadre de la
recherche pour son roman Adrift in Soho.
L'article a été discuté à la Chambre des Lords où un parlementaire a estimé que
les références aux drogues pourraient inciter des esprits fragiles à commettre
des infractions. L'article a été transmis au Directeur des Poursuites Publiques
qui a estimé qu'il n'y avait pas suffisamment de motifs ouvrir un dossier.
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