Psychose à Arkham de Patrice Allart,
Editions L’œil du Sphinx.
L’influence de H.P.
Lovecraft est considérable, littérature, cinéma, jeux de rôle et même
initiation. De très nombreux écrivains baignèrent, plus ou moins, dans le monde
lovecraftien et se nourrirent de l’œuvre du maître. Parmi eux, Patrice Allart a
choisi Robert Bloch et Ramsey Campbell, au départ très proches de Lovecraft,
qui, avec talent, ont su explorer de nouvelles dimensions.
Robert Bloch est notamment
l’auteur du livre Psychose, publié en 1959 et adapté au cinéma par
Alfred Hitchcock.
« Psychose, précise Patrice Allart,
est aussi éloigné de Lovecraft qu’un roman de terreur moderne peut l’être.
Pourtant, son auteur, fut, à ses débuts en 1934, un des nombreux serviteurs du
Mythe de Cthulhu, un de ceux pastichant Lovecraft sans vergogne, sans le style
d’un Howard ou d’un Smith. »
Pourtant, encouragé par
Lovecraft lui-même, pas à pas Robert Bloch devait devenir plus tard un
excellent auteur, explorant « une science-fiction plus légère ou plus
classique, les archétypes de l’épouvante gothique, des enquêtes policières (…)
et bien sur des thrillers… ».
Ramsey Campbell publia son
premier roman alors qu’il avait trente ans mais, tout comme Bloch, il participa
au mouvement de revues, florissant à l’époque, à travers de nombreuses
nouvelles. Lui aussi pasticha Lovecraft avant de prendre son envol et devenir
« un des écrivains les plus doués et le splus respectés de sa génération,
lauréat de nombreux prix.
Robert Bloch et Ramsey
Campbell passèrent tous les deux de « l’horreur cosmique » à
« l’horreur humaine ».
« C’est, dit Patrice
Allart, à ces deux parcours atypiques parmi les disciples de HPL que ce livre
s’intéresse, à leur itinéraire depuis les espaces lovecraftiens jusqu’aux
ruelles ténébreuses, deux itinéraires débouchant dans énormément d’endroits
fantastiques et très différents. »
L’ouvrage en deux parties,
l’une pour chaque auteur, grouille d’informations et reconstitue les parcours
personnels et littéraires de Bloch et Campbell. Le grand intérêt de l’ouvrage
est sans doute de restituer la vie littéraire de l’époque alors que la
littérature de presse est florissante, vivante, extrêmement dynamique grâce aux
nombreuses revues bon marché vendues en kiosque. Parmi elles, Patrice Allart
attire notre attention sur Weird Tales, « le magazine
unique », spécialisé dans l’horreur, « du fantastique gothique, de la
science-fiction horrifique ou du policier le plus macabre ». Cette revue
publia notamment Lovecraft.
Un deuxième intérêt du
livre est la découverte de la maturation du processus d’écriture chez deux
auteurs atypiques. Nous les voyons passer de l’imitation à l’invention, se
construire progressivement comme auteur, développer leurs talents en se
nourrissant de celui de Lovecraft mais aussi d’autres auteurs. L’écriture n’est
jamais totalement distante de la vie de l’auteur mais aussi des événements
sociaux qu’il traverse. A travers l’horreur, cosmique ou humaine, ces auteurs
interrogent leur époque ou traitent à leur manière des grandes questions qui
tr aversent la littérature, qu’elle soit classique ou populaire.
La fin de l’ouvrage
propose une bibliographie très détaillée et une filmographie de nos deux
auteurs.
Ce travail considérable de
Patrice Allart intéressera non seulement les amoureux du genre mais aussi tous
ceux qui se passionnent pour la littérature populaire en général. En effet, en
suivant les deux auteurs au fil du temps et de leurs création, le lecteur est
pris dans deux dynamiques créatrices différentes mais qui reflètent parfois les
mêmes préoccupations.
Editions L’œil du Sphinx,
36-42 rue de la Villette, 75019 Paris – France. www.oeildusphinx.com
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