La Dépêche de ce jour. Excellent !
Une éclipse totale de lune, les rumeurs de fin du monde attirant les allumés du côté de Bugarach... voyons voir ça de plus près ! Mercredi soir, on a eu beau se coltiner l'ascension nocturne du pic, on n'a vu personne ou presque. Pour la rencontre du 3e type, on repassera.
La conjonction des planètes semblait pourtant parfaite et la perspective de l'éclipse de lune, mercredi soir, ne laissait guère de place au doute. Entre la prolifération d'allumés en tout genre champignonant aux abords de Bugarach à l'approche de la fin (certifiée) du monde (le 21 décembre 2012) dont on nous rebat les antennes depuis quelques mois, et le cache-cache de la lune rousse annoncé grosso modo entre 22 h 10 et 23 h 15, mercredi, voilà qui promettait de l'agitation sur les pentes du pic. Peu après 19 h 30, d'ailleurs, au col du Linas, le point de départ du sentier qui conduit tout droit à la fameuse (fumeuse ?) porte astrale appréciée des Elohims selon mon beau-frère, l'arrivée de Stéphane semble présager d'une soirée intersidérante. Ce musicien d'origine parisienne tombé sous le charme de la ruralité il y a quelques années est venu en voisin.
Envie de se mettre tout nu
Stéphane ne vit plus en tipi, ni même en «igloo sauna» comme par le passé, mais dans une installation en dur, creusée dans la roche du pic, à deux pas d'ici, dit-il. Là, il tente de vendre des flûtes de pan et des huiles essentielles, et distribue les cartes de visite de sa compagne, masseuse et réflexologue plantaire. Sauf qu'à part un Anglais randonneur épuisé dans son van, les illuminés ne se bousculent pas au portillon astral. Peut-être pour le solstice d'été... Bon, c'est pas tout ça mais il faut en avoir le cœur net. Escaladons donc les 1230 mètres du pic ; on va bien finir par le rencontrer, le 3e type. Ou, à défaut, un hurluberlu à oilpé en position cosmosidérale comme il paraît qu'on en aperçoit surgir par grappes des sous-bois.
Tu parles ! Suant sang et eau à l'aller, on n'a croisé qu'un maigre randonneur, bien avant le passage de «La Fenêtre». Et tout habillé, en plus ! Parti pour passer la nuit au sommet du pic, muni de son appareil photo pour flasher l'éclipse, il a rebroussé chemin à la vue des gros nuages noirs obstruant le paysage céleste. Une heure plus tard, au sommet, le ciel de suie lui donne raison. L'éclipse s'est éclipsée. Et pas un humain dans les parages. Pas même un inhumain. Seuls les vers-luisants affairés à faire la seule chose qu'ils savent faire : luire dans cette nuit noire à foutre les jetons à un hibou.Redescendre. 23 heures et des poussières d'étoile en bas du pic et nous voilà au terme de la nocturne expédition. Groggy par l'effort. En nage. Tellement en nage que, avouons-le, on se dit que finalement, position cosmosidérale ou pas, on se mettrait bien à oilpé.
Champ médiatique et champ magnétoc
Que Bugarach attire un flot de new-agers de tout poil ne fait aucun doute et cela ne date pas d'hier. Mais à la vérité, depuis cette histoire de Bugarach épargnée par la fin du monde en 2012, la secte la plus représentée dans les parages est celle des journalistes. Télés françaises et étrangères se bousculent donc sur le site, entretenant les braises d'un buzz irrationnel sur lesquelles la Mission de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires vient encore de souffler. Au passage, histoire de tordre le cou à la légende selon laquelle le magnétisme du site dérèglerait les appareils des avions, Georges Fenech, le président de la Miviludes a brûlé quelques hectolitres de carburant pour survoler le pic en hélico. Un magnétisme supposé qui - on a testé - ne fait pas plus fondre la batterie de votre téléphone portable.
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