mercredi 22 juin 2011

LES SECRETS DE PARIS


Une statue du Christ de 2 mètres 10 dans les fondations du collège des Bernardins, des pirogues du néolithique sous Bercy, des vestiges de l'église des Templiers sous le marché du IIIe arrondissement… A Paris, qui dit travaux dit surprise archéologique.

« A chaque fois qu'on creuse, on est sûr de trouver des traces de vie des époques antiques et médiévales », affirment les archéologues. Mais les chantiers sont rares. Et le meilleur peut-être à venir.

« A Paris, et notamment dans les carrières*, tout reste à faire », soutient Marc Viret, archéo-géologue à l'Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP).

Les lieux les plus prometteurs ? Les sous-sols du Ier arrondissement jusqu'au VIe, et du XIIIè également, « parce qu'ils sont le noyau de la Lutèce antique, élargi au Moyen-Age, à l'enceinte du roi Philippe Auguste », explique Olivier Ruffier, responsable du service régional d'archéologie rattaché au ministère de la Culture.

« Ces sites n'ont pas dévoilé tout leur potentiel »

Parmi les grands projets, la préfecture de police de Paris, près de la rue de Lutèce sur l'île de la Cité, le jardin des Tuileries du Louvre, autour de l'Académie française quai de Conti… « Ces sites n'ont pas dévoilé tout leur potentiel archéologique » garantit Olivier Ruffier.

Alors, pourquoi on ne creuse pas ? Parce que les prochains chantiers de fouilles relèvent de l'archéologie préventive, celle qui intervient avant d'importants chantiers.

Autrement dit, les vestiges des époques passées ont plus de chances d'être mis au jour avec la construction d'un nouveau parking. Mais les monuments historiques – dont Paris est truffé – rendent les travaux complexes, coûteux et donc rares.

C'est pourtant comme ça que les surprises sont arrivées. On construit un centre de tri des déchets ménagers dans le XVe arrondissement, et on tombe sur un gisement de chasseurs-cueilleurs, des nomades du mésolithique. On effectue des travaux de voirie rue Jean-Tison, et on découvre par hasard un sarcophage mérovingien.

« Comprendre les changements de la société de l'époque »

Pourquoi attendre un chantier ? « L'archéologie ne doit pas être réduite à sa dimension de chantier », critique Olivier Ruffier. En clair, les archéologues ne veulent pas fouiller pour fouiller. Ils considèrent que leur discipline doit répondre à une démarche scientifique.

Le phénomène urbain est alors interrogé « pour comprendre pourquoi et comment il y a eu modification des conditions matérielles et environnementales d'une société à une époque donnée. »

Dernier obstacle aux fouilles d'archéologie programmées, l'obligation de « disposer des espaces et des autorisations du ou des propriétaires », rappelle Olivier Ruffier. « L'accessibilité à ces sites, c'est le carcan dans lequel on est prisonnier. »

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