Roger Facon affirme que Nicolas Flamel est parmi nous
Nicolas
Flamel est entré dans ma vie à la Noël 1965 pour ne plus en sortir.
Avec un roman du Fleuve Noir, collection Angoisse, intitulé La figurine de plomb,
de B. R. Bruss. Ma grand-mère Louise, fille de l’alchimiste rouge Léon
Patin, ami de Fulcanelli, enquêtait sur lui. Elle disparaissait pendant
des journées entières, en faisant du stop. Le fruit de ses découvertes,
elle m’en offrait la primeur…
Roger Facon, 20 mai 2020.
Quand Roger Facon frappe à la porte de La Belle Journée,
c’est souvent pour m’offrir un exemplaire dédicacé de son dernier
ouvrage. Celui reçu hier vient d’être publié aux éditions de l’Oeil du Sphinx,
association active coordonnant de nombreux événements dans les domaines
de l’imaginaire, de la science-fiction et du fantastique. Un roman
vrai, précise l’auteur, dont l’illustration d’André Savéant placée en
première de couverture ouvre sur une énigmatique biographie du plus
célèbre des Adeptes, Nicolas Flamel (1330 ou 1340-1418). Une enquête
policière qui se termine, le vendredi 24 juin 1966, dans le jardin
médiéval du musée de Cluny. Retour en arrière !
De
l’expédition militaire d’Alger de juillet 1830 aux sombres affaires
politiques des années 1960, Roger Facon nous invite à reconsidérer
l’Histoire au travers des investigations du détective Roger Fage qui
révèlent que « Flamel est parmi nous [...].
Quand il s’absente de Paris, une fois sur trois, c’est pour se rendre
en Inde et deux fois sur trois pour se rendre à Jérusalem. Le sort de la
Terre Sainte, les comportements d’Israël le préoccupent
particulièrement… C’est un homme de paix et d’amour comme tous les
immortels. Il a créé la Société des Nautes afin de préserver ce qui doit
l’être. Il a besoin d’hommes et de femmes de bonne volonté pour mener
sa tâche à bien… Une tâche faite d’observation et d’action. Vous allez
comprendre très vite pourquoi il s’intéresse à vous, Roger. Cette nuit,
avant de sombrer dans le sommeil, glissez ce plomb de Seine sous votre
oreiller et accueillez avec humilité ce qui vous sera transmis. »
Ce plomb de Seine renvoie au tapuscrit La figurine magique
que devait publier en mars 1954 Pierre Dron, ancien conseiller de
Pétain en matière de renseignement intérieur et de lutte contre les
sociétés secrètes, s’il n’avait pas été dérobé par un certain Christian
Soreau de la SDECE (ancêtre de la DGSE), assassiné peu de temps après
son méfait. Cette figurine de plomb permettant le voyage dans le temps
est aussi l’objet d’une histoire de chasse au trésor, celui de la Casbah
d’Alger qui, après l’inventaire du 6 juillet 1830 par une commission,
fut estimé selon le général en chef du corps expéditionnaire contre la
Régence Louis Auguste Victor de Ghaisne comte de Bourmont (1773-1846) à
plus de 80 millions en espèces d’or et d’argent et 20 millions de
denrées et de marchandises. Un butin qui aurait été pillé et détourné !
Balthasar Moncornet, Portrait de Nicolas Flamel, XVIIe siècle, gravure, Österreichische Nationalbibliothek
Répondant
à l’appel de son camarade de lycée Jacques Bromy avec qui il avait
fondé en 1938 le club des Argonautes, Roger Fage part en quête de
vérité. Ses recherches se cristallisent d’abord autour de la
« Diabolique de Caluire » comme l’écrivait Pierre Péant (1938-2019) :
Lydie Basténi. Maîtresse de René Hardy dit Didot (1911-1987)
représentant du mouvement Combat, elle est celle qui a permis à
la Gestapo conduite par Klaus Barbie d’arrêter le chef de la Résistance
Jean Moulin et six de ses camarades le 21 juin 1943. La prêtresse à la
beauté fatale, passionnée d’occultisme et de spiritisme ne sera par la
suite jamais inquiétée par la justice. Parmi ses « pions d’échiquier,
marionnettes à manoeuvrer », on compte Samuel Ogus, puissant homme
d’affaire lié aux milieux financiers du parti communiste.
L’enquête de Fage va progressivement tisser une multitude de liens entre le service de renseignement Abwehr
et certains intellectuels de l’extrême-droite. L’auteur nous livre au
travers de cette aventure spatio-temporelle les aspects peu glorieux de
l’orientaliste, essayiste, journaliste et scénariste du film Les Forces occultes
Jean Marquès-Rivière (1903-2000) ou du dessinateur Pierre Plantard
(1920-2000) connu pour s’être déclaré dirigeant du Prieuré de Sion et
revient sur les périodes les plus troubles d’après-guerre (l’assassinat
de Lumumba en 1960 ou les liens secrets entre l’armée française et
Tsahal relatifs à l’élaboration de la bombe H, par exemple). L'histoire
du XXe siècle semble ne tenir qu'à un fil ... d'or !
Passionné
par les grandes énigmes, Roger Facon nous emmène, entre autres, sur les
traces de l’abbé Saunière (1852-1917) à Rennes-le-Château et du fermier
Roger Lhomoy à l’ombre du château de Gisors, tous deux à la recherche
d’un trésor. Du même trésor ? Celui alchimique de Flamel ? Mais l’art de
Facon tient surtout au fait d’entremêler avec brio les mystères et les
faits établis, l’histoire du Douaisis (celle de la voie du verre) dont
il est originaire et l’histoire universelle, celle de ses aïeulx (Louise
et Léon Patin, Marcel Dana) et celles de personnalités historiques ou
emblématiques (Fulcanelli, Léonie et François Jollivet-Castelot). C’est
pourquoi, ce roman truffé de références, tantôt de passerelles, tantôt
de caches culturelles, est difficilement résumable. En définitive, le
plus grand des mystères ne serait-il pas l’auteur lui-même ?
MG – 13 juin 2020.
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