vendredi 10 janvier 2025

A LA MEMOIRE DE JEAN ROBIN

 


A la mémoire de Jean Robin

 

(1946-2024)

 

J’ai rencontré Jean Robin à la fin des années 90 comme fidèle lecteur d’une petite publication philosophico-ésotérique que j’animais alors. Abonné dont la discrétion n’avait égale qu’une grande courtoisie, sauf le jour où j’ai commis une critique assez sévère sur l’un de ses derniers ouvrages concernant Rennes-le-Château. Il n’avait pas apprécié ! Car s’il se passionnait comme moi pour les mystères de la Colline Envoûtée, il utilisait pour explorer cette énigme des méthodes souvent douteuses pour tout bon esprit cartésien. N’a-t-il pas fait visiter la région du Haut-Razès à Barak Obama revêtu d’une cape d’invisibilité !

 


 

J’ai retrouvé Jean Robin ensuite, au hasard de mes pérégrinations castelrennaises. Bien qu’amoureux du site, il y venait de façon anonyme, souvent chez l’un de ses amis, sans chercher à faire parler de lui et à attirer les lumières des projecteurs des « conférences de l’été ». C’est en fait Christian, cette relation commune, qui m’informa que Jean, résidant près de Vendôme, désirait venir cet automne 2013 et cherchait un co-voiturage. Et connaissant mes vices cachés, il ne manqua pas de me révéler sous le sceau du plus grand secret que l’écrivain préparait un ouvrage sur H.P. Lovecraft, mon auteur américain préféré.

 


 

8 heures de covoiturage (et il y en aura d’autres) sont un bon moyen de casser la glace et d’apprendre à mieux se connaître. Affable et toujours souriant, Jean respirait la santé d’un jeune septuagénaire bon vivant. N’avait-il pas désormais installé ses quartiers au château-hôtel des Duc de Joyeuses à Couiza, où il aimera tenir table ouverte avec un petit groupe qui ne tardera pas à se former. Mais l’écrivain restait ferme sur l’essentiel : la philosophie de René Guénon avec une prochaine victoire des forces du Mal (dite contre-initiation) suivie d’une eschatologie rédemptrice. Et pour corser le tout, c’est à Rennes-le-Château que s’ouvrirait cette période de Fin des Temps.

C’est sur ce même schéma métaphysique que Robin, au fi de toute critique littéraire sérieuse, écrira une biographie sulfureuse sur Lovecraft. Pour lui, toute la mythologie créée par le Prince Noir de Providence ne relevait pas de la fiction. Lovecraft était un Grand Initié et ses créatures monstrueuses, les Grands Anciens, étaient de redoutables agents des Forces contre-initiatiques. Je refuserai de publier son ouvrage (qui trouvera éditeur par ailleurs) et Jean m’en voulut beaucoup de ne pas le croire. Car là était toute la difficulté des échanges avec notre ami ; arrivé à bout d’argument, il sortait son imparable joker : il faut me croire, j’ai des sources secrètes.

 


 

Mais mon cher Jean, l’amitié n’est pas faite que d’échanges intellectuels et je garderai de toi l’image d’une belle personne, souvent entourée de jeunes gens en recherche, - tes  irregulars comme le dirait Sherlock Holmes-ou de jeunes femmes égarées dans la vie. C’est aussi une immense bibliothèque qui disparaît avec toi ; elle t’aura préparée à contempler le Clef des Grands Mystères qui s’offre désormais à toi.

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