RAS LE BOL DES EXTRATERRESTRES

Limoux. Les extraterrestres n'intéressent personne

canular

La Dépêche

Les habitants du village de Sougraigne ont été hier les victimes du quatuotr loufoque, qui sévit depuis deux jours dans le Limouxin./Photo DDM D.Donnat.

Des scènes de «happening» ont soulevé l'émotion des commerçants samedi à Limoux. Récidive hier dans le village de Sougraigne puis Bugarach, destination finale.
La veille à Limoux n'avait été qu'un tour de chauffe. Une répétition avant le tournage, puisqu'aucune caméra n'avait été vue aux alentours des scènes de «happening» qui avaient soulevé l'émotion des commerçants, pris en otage d'un canular de mauvaise qualité. Les extraterrestres à Limoux, rendez-vous compte, «on en croise toute l'année» comme le remarquait un fin observateur de la vie locale. Mais il y a la manière, la poésie du mot, l'élégance du geste. À Carnaval on déconne, oui mais avec cœur, générosité, discipline même. Parfois avec talent. On en profite pour se prévaloir d'une même culture. Les cyniques s'ennuient, seuls dans leur coin. Mais là, à l'image du thème rebattu, le casting était aussi minable qu'attendu… Bien sûr, l'intrusion de ces personnages au comportement inquiétant dans l'environnement normatif du quotidien, rôdant aux abords des commerces pour intriguer, tenant des propos incohérents pour une personne normalement constituée, avait suscité l'émoi. «Vous êtes là, tranquille en train de bavarder avec une cliente raconte l'une des coiffeuses et tout d'un coup vous vous trouvez nez à nez avec un espèce d'ostrogoth qui veut vous faire peur». La réaction attendue et souhaitée, on suppose, par le responsable de l'émission, dont on ne devine que trop l'idée générale si ce n'est le foutage de gueule habituel du «pigeon». Quand il est voyageur dans le sens Paris- Province, ça fonctionne encore mieux. Hier le quatuor loufoque, il s'agit de comédiens qui se réclament d'une émission de Canal Plus «Action Indiscrète», c'est ce qu'ils ont confié aux gendarmes de Limoux lorsqu'ils ont été priés de décliner leur identité et la raison de leur couverture extravagante de la voie publique, a récidivé sur Sougraigne puis sur Bugarach, destination finale du périple.
«Dans un champ près du village, ils ont tracé à la peinture blanche trois cercles qui n'étaient même pas ronds», remarque un des témoins de leur exhibition à Sougraigne. «Si vous ne croyez pas aux extraterrestres a dit l'un d'eux à une personne sceptique en la matière, vous ne serez pas sauvé et vous disparaîtrez». Dire çà à des descendants de Parfaits qui ont peut-être été soumis à la question du temps de l'Inquisition. Hé bien ça ne les a pas fait rigoler aux gens de Sougraigne, pas plus qu'à ceux de Limoux la veille, choqués par des pratiques cavalières, à partir d'un sujet qui, comment dire, ne fait vraiment pas vibrer la fibre indigène.

 

Limoux Un étrange trio sème le malaise en ville

B. C.

L'Indépendant

15/10/2012, 06 h 00

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Samedi à Limoux et dimanche à Sougraigne. L'étrange équipage n'a pas poussé jusqu'à Bugarach. En revanche, il a poussé le bouchon un peu loin dans le glauque.
Samedi, dans le centre-ville de la "Cité blanquetière", des badauds ont croisé un drôle de personnage ganté de noir qui déambulait dans une housse mortuaire.
Il arborait une minerve dotée d'un clignotant visuellement tapageur (selon un témoin). Et son regard semblait "ailleurs".
Il s'attardait devant les vitrines avec ostentation, de préférence là où les clients formaient un public assez dense. Puis le temps de faire son petit effet, de capter les regards, d'intriguer, et il s'éclipsait.
Aussitôt après, un couple surgissait sans prévenir dans le magasin ; un homme et une femme (du genre Scully et Mulder, les héros du feuilleton "Au-delà du réel"), également habillés avec des vêtements sombres.
Ils se présentaient comme intervenant au nom du ministère de la Défense, spécialisés dans le paranormal, à la recherche d'extra-terrestres (si on a bien compris).
Assistait-on à du théâtre de rue ? Car le ton était juste. Le thème, en revanche, relevait de la grosse artillerie. Dans le magasin, il a fait rapidement sourire, le baromètre de la crédibilité chutant dare dare en dessous de zéro.
Le trio est même intervenu dans un salon de coiffure. Mais l'une des employées a craqué : son hypersensibilité n'a pas tenu le coup devant l'atmosphère morbide dégagée par les acteurs.
D'où l'arrivée des gendarmes, prévenus par un témoin agacé. Les acteurs se sont laissé contrôler sans problème, indiquant qu'ils étaient des professionnels tournant pour une chaîne de télévision cryptée. Ils ont également argué de la liberté d'expression...
Le lendemain, à Sougraigne, ils ne sont restés qu'une heure, photographiant la trace d'un cercle sur le sol.
Voulaient-ils démontrer qu'une soucoupe volante s'était posée là ? Bref, il est clair que leur but était d'impressionner. Mais à l'exception de la jeune coiffeuse, il n'y sont guère parvenus.
En choisissant Limoux, ils ont en effet commis une erreur de casting. Faut-il encore le rappeler, mais cette ville abrite un hôpital psychiatrique et vit pendant trois mois d'hiver au rythme de carnaval.
Ses habitants sont donc habitués à l'extravagance, au bizarre, au burlesque, à la farce, aux comportements sortant de la norme. Alors forcément, des fonctionnaires d'État à la poursuite d'un martien, pour un Limouxin, c'est banal.