1886 : Publication du Horla de Maupassant
Ce petit
texte a d’abord été publié sous forme de conte dans Gil Blas, puis l’année suivante (1887) sous forme de recueil. Lovecraft
en fera un éloge appuyé dans Épouvante et
Surnaturel en littérature : Maupassant nous montre toute la rage d’un
pauvre écrivain malade qui se voit peu à peu entouré et menacé par les hideux
représentants du monde de l’obscurité. Le Horla est généralement considéré comme son chef d’œuvre. Puis, plus loin : Les contes
d’horreur du cynique et puissant Guy de Maupassant
[…]
présentent des individualités qui lui sont propres, […] [mais] ils sont néanmoins d’un intérêt immense et
poignant, car ils suggèrent avec une force prodigieuse l’imminence des terreurs
sans nom, et l’inlassable harcèlement d’un individu né sous une mauvaise étoile
par les hideux et menaçants agents des ténèbres extérieurs.
Il s’agit
du récit d’un riche dilettante français, résident près de Rouen dans un manoir situé
au-dessus d’une boucle de la Seine, qui va peu à peu sombrer dans la folie. Mais
est-ce vraiment de la folie ? Il est en effet suivi par une créature
invisible qui, la nuit, boit la carafe d’eau et le verre de lait posés près du
lit ; elle casse les rosiers du jardin, détruit la vaisselle… Le narrateur
lui échappera à plusieurs reprises en voyageant, mais à chaque retour le
calvaire recommencera. Il finira par mettre feu à sa maison pour se débarrasser
de celui qu’il appelle Le Horla, oubliant
au passage les domestiques qui périront dans l’incendie.
Maupassant, qui sombrera lui aussi dans la folie, sait
faire monter avec beaucoup de talent l’angoisse, débouchant progressivement sur
une grande réflexion métaphysique sur les forces invisibles qui gouvernent l’univers.
On n’est pas loin des Grands Anciens chers à Lovecraft. Comme ce dernier du
reste, l’auteur injecte dans son récit un livre imaginaire, Le Grand Traité du docteur Hermann
Herestauss sur les Habitants Inconnus du
Monde Antique et Moderne.