Roman
– La Cage de Verre (1966 ; Planète,
1969 ; Les Belles Lettres 1998)
L’instant d’illumination chez le
mystique partage avec l’intuition du poète la puissance libératrice des niveaux
les plus profonds de la conscience. Pour reprendre les mots de William Blake, «
Si les portes de la perception étaient dégagées, chaque chose apparaîtrait à
l’homme comme étant infinie. »
Poetry and Mysticism (1986)
Voilà
un thriller digne de ce nom. Impossible de s’arrêter lorsqu’on l’a commencé. Un
polar ? Oui, si on veut, puisqu’il y a une batterie de crimes atroces
commis à Londres, au bord de la Tamise, avec à chaque fois gravé sur un support
quelconque un extrait d’un poème de William Blake.
Une enquête psychologique surtout, menée par le jeune universitaire Damon Reade
qui vit en reclus dans une maison perdue dans la région des Lacs. Un
spécialiste du poète et peintre anglais bien sûr, auquel il a consacré plusieurs
ouvrages. C’est à ce titre qu’il sera contacté par la police pour l’aider dans
son enquête. Damon Reade est le type même de l’anti-héros wilsonnien qui
promène un regard cynique sur une humanité aveugle, engoncée dans le quotidien,
alors que la conscience est infinie. Ce qui le perturbe, au fond, c’est comment
un amateur de Blake a pu se transformer en criminel de la pire espèce. ? Ce
qui l’amènera à partir à Londres en solo et, avec quelques amis de l’underground
artistique de la capitale, mener une étonnante investigation. C’est du Sherlock
Holmes alternatif qui s’intéresse peu aux éléments matériels mais procède par
une extrapolation de nature purement psychologique. Ses supports seront un
vieux voyant, les études sur Blake au British Museum, les témoignages des veilleuses
de nuit des hôpitaux situés près des lieux du crime, le tout sur fond de sexe
et de gueules de bois monumentales. Et le profilage l’amènera à un certain
Sudheim, un inquiétant original doté d’une belle culture, fils d’une nymphomane
et d’un père détraqué. Le contact se nouera entre les deux hommes et Reade flirtera
avec un étonnant mystère : le crime n’est-il pas une voie détournée du
mysticisme ? Lors du dénouement final style « assaut par la police de
la maison d’un psychopathe fou et armé », Reade jouera les bons offices et
conseillera Sudheim sur la conduite à tenir : demander à ce que l’enquête
puisse prouver qu’il est bien le meurtrier, car il n’a laissé aucune trace. Ce
qui lui vaudra au pire quelques années dans un hôpital psychiatrique de luxe,
puisque le bourreau dispose de confortables moyens financiers.
Reade
quittera avec soulagement la capitale qu’il abhorre pour retrouver le calme de
ses Grands Lacs et sa jolie fiancée de 16 ans, Sarah ! Il n’oubliera pas
de prendre avec lui le crotale qui était l’animal de compagnie de Sudheim, animal
alors en pleine phase de mue !
Colin
Wilson expliquera avoir retravaillé les thèmes fondamentaux de son premier
roman, Ritual in the Dark (1960, Le Sacre de la Nuit, Belles Lettres,
1999), afin «de créer un contraste plus clair entre la psychologie du criminel
et le mystique. Wilson a déclaré qu'il voulait « confronter les deux extrêmes :
le mystique et le criminel, l'homme dont le sens de la bonté et la valeur de la
vie est constant et pleinement conscient, et l'homme dont l'apitoiement et le
manque de confiance en soi l'ont conduit à exprimer sa vitalité de la manière
la plus négative qu'il soit ».
Livres
imaginaires
Blake le Magicien, Cecil Chagworthy
La Vérité sur William Blake, Orville Sundheim
La Bête de l’Apocalypse, id
Blake
de Lambeth, Damon Reade
Les Symboles de Blake, id
La Vision Mystique, id
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