Un petit problème de plagiat numérique dans des ouvrages érotiques
Toujours pas de contrôle des publications sur la plateforme...
Par Jean-Romain Blanc, le vendredi 13 janvier 2012 à 17:54:09 - 0 commentaire
Cette auteure ne s'est pourtant pas fait connaître avec le numérique. Avant son arrivée sur Amazon, elle avait publié une vingtaine de livres chez de grandes maisons d'édition, puis a voulu s'essayer à la littérature érotique.
L'année dernière, elle a écrit et publié deux livres sur le thème sexe et fantaisie sur Amazon. L'avantage avec Sherazade, c'est qu'elle ne trompe pas sur la qualité, et pour cause les histoires qu'elle raconte ne sont pas le fruit de son imagination, elles sont tout simplement autobiographiques. Et quand on apprend qu'elle est aussi professeur, on comprend la prise d'un pseudo, aussi ridicule soit-il.
Mais Sherazade avait déniché un filon, et comptait bien l'exploiter. Elle fonda il y a quelque mois, la maison d'édition, partenaire d'Amazon, 1001 Night Press. Elle peut offrir à ses auteurs une publication gratuite sur le site pendant cinq jours, ce qui lui fait une publicité démentielle.
C'est le socle de son système économique, une fois la publicité faite et le livre gratuit téléchargé en grande quantité, il est accessible partout grâce à des outils spécifiques à la vente online type « vous avez aimé X, vous adorerez Y » etc.
Cette technique fonctionne admirablement, elle l'a notamment rodée avec le roman Erotic Stories of Domination and Submission : Taking Jennifer, un livre d'un de ses auteurs. Le livre s'est rapidement classé parmi les meilleures ventes de la catégorie.
Néanmoins, Sherazade fut déçue de constater que des livres avec des titres mal orthographiés et avec une syntaxe déplorable se vendaient mieux que les siens. Un auteur a d'ailleurs mal écrit son nom. « Même dans le porno, les clients se rapprochent des livres les plus mauvais » regrette-t-elle.
Intéressée par ce phénomène, Sherazade a lu la fiche de Maria Cruz, l'auteure la plus vendue de la catégorie sur Amazon.
Surprise ! Celle-ci s'était essayée à d'autres styles littéraires alors qu'en règle générale les auteurs érotiques restent cloisonnés à l'intérieur de la catégorie. Maria Cruz avait notamment publié un Dracula's Amazing Adventure dans lequel Sherazade a trouvé des passages entiers copiés depuis le Dracula de Bram Stroker.
Sherazade et les quarante voleurs
Stupéfaite, Sherazade a ensuite analysé des phrases de chacun des livres de Maria Cruz, et tous sans exception contiennent des parties tirées d'autres livres.
Mais Sherazade ne fait pas que mettre en relief un phénomène dont l'ampleur est encore très largement sous-estimée. Maria Cruz n'est qu'une petite joueuse comparée aux pionniers du plagiat sur Amazon comme Robin Scott ou plus encore Manuel Ortiz, qui, à ce jour a publié plusieurs milliers de livres à son actif.
Les cas de plagiat se sont multipliés depuis le lancement de l'auto-édition sur Kindle, mais pourtant Amazon n'affiche pas une volonté flagrante d'enrayer le phénomène.
Aujourd'hui, le libraire américain ne vérifie pas les textes publiés sur sa plateforme, le seul moyen de dénoncer un plagiat est d'écrire à Amazon Copyright. Mais dont les réponses ne sont pas très efficaces.
L'exemple de Maria Cruz est symptomatique des limites du libraire. Ses 51 livres ont été supprimés. Mais quelques jours plus tard, la même personne, sous le même pseudonyme a refait surface et publié un nouveau set complet de littérature érotique.
Des sites aux ressources illimitées
La littérature érotique est particulièrement sujette à ce genre de malversations, en grande partie parce qu'une plateforme online gratuite, Literotica, a justement pour vocation d'accueillir et de présenter des textes des personnes inscrites.Ainsi, ce site héberge une quantité impressionnante de livres potentiels inexploités.
Mais tous les auteurs ne réagissent pas pour autant comme Sherazade. Certains auteurs sur Literotica se réjouissent que leurs écrits soient lus, ou alors demandent combien ont gagné celui qui les a plagiés.
Amazon, une cible facile oui, mais les autres libraires sur Internet ne sont pas en reste. IBookstore malgré une politique censée être plus scrupuleuse a connu les mêmes problèmes avec les mêmes auteurs et sur les mêmes livres.
Les gouvernements eux, s'organisent pour lutter contre le piratage et le plagiat. Des projets comme la SOPA aux États-Unis ou la loi HADOPI en France essaient tant bien que mal de diminuer tout acte illégal sur Internet.
Mais de nombreuses lacunes, notamment au niveau de la protection de la vie privée des internautes inquiètent les acteurs du numérique.
Bref, des problèmes, mais pas de solutions, ou alors très radicales. (voir notre actualitté)
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