Etude – Jung,
le seigneur de l’Inconscient (1984 ; Le Rocher, 1985)
Jung
(1875 – 1961) est certainement un pilier important dans « l’Odyssée de la
Conscience » entreprise par Wilson. Il était normal qu’il lui rende
hommage en lui consacrant une biographie, passionnée certes, mais écrite avec
suffisamment de recul pour ne pas être une simple hagiographie. Colin Wilson,
partisan de la théorie du « double cerveau » (le gauche, celui de la
quotidienneté ; le droit, celui du calcul et de la réflexion) est d’emblée
en harmonie avec le penseur suisse. Jung en effet se plaisait à dire qu’il
était deux en un, le romantique fasciné par les phénomènes de l’esprit et
l’occultisme, le scientifique qui ne pouvait avoir pour seule maîtresse que la
raison. Et c’est cette dichotomie qui fera le drame intime de Jung tout au long
de sa vie.
Jung
prolongera les travaux de Freud sur l’inconscient, tout en prenant
progressivement ses distances avec celui qui était considéré comme le père de
la psychanalyse. Outre les pulsions sexuelles, Jung estime en effet que l’homme
éprouve d’autres préoccupations fondamentales en tête desquelles figure la
religion. Il a en effet la forte conviction qu’il existe quelque chose de
beaucoup plus grand que les êtres humains et que l’homme est capable de
s’ouvrir à cette force supérieure.
Jung,
au cours de ses enquêtes parapsychologiques, arrive à la conclusion que les
« esprits » sont des « projections » de
l’inconscient ; cela dit, après plusieurs enquêtes de terrain, il finit
par admettre qu’il s’agit d’autre chose, l’esprit étant vraisemblablement
capable d’agir sur la matière. Et de franchir une nouvelle fois la ligne
rouge ! Mais c’est avec sa théorie de l’inconscient collectif et ses
archétypes que le psychiatre brouille définitivement les cartes (et dans la
foulée se fâche définitivement avec Freud). Une théorie inspirée par ses
recherches en mythologie qui lui fait penser qu’il existe un « réservoir
enfoui » dans le plus profond du subconscient des hommes dans lequel il
leur arrive d’accéder et de retrouver les fondamentaux que tous partagent (l’idée
de Dieu par exemple).
Les
applications qu’il croira y trouver pour expliquer l’alchimie ou l’ufologie ne
sont pas entièrement convaincantes et susciteront maintes critiques. Il voit
dans la recherche de la « lapis
philosophicae », la Pierre
philosophale, la métaphore du
cheminement de l'esprit vers davantage d'équilibre, vers une réalisation pleine
et complète, le « Soi ». Pour Jung toute la recherche de la transmutation du plomb en
or n'a servi, au cours de l'histoire, qu'à représenter ce besoin psychique
humain, et à en préserver les règles et processus, et la connaissance des
menaces de la société de l'époque (l'Inquisition notamment).
Pour ce qui est de l’ufologie, son hypothèse principale est que les ovnis ont
une forme circulaire de soucoupe par analogie avec les mandalas, eux-mêmes
symboles d'un désir de complétude et qu'ils sont une reconduction de
l'archétype du salut, au sein
d'une société où « Dieu est mort »
Wilson
terminera son étude avec beaucoup de réserves, insistant sur la fait que la
théorie de l’inconscient collectif, pour séduisante qu’elle soit, est loin
d’être démontrée. Il retiendra surtout de Jung un chercheur persuadé de
l’existence des pouvoirs infinis de l’esprit et de la possibilité d’un
élargissement de la conscience. Dans un dernier chapitre sur
« l’imagination créatrice », il insistera sur le fait que la seule
voie possible pour y parvenir est un travail sans relâche sur la volonté. C’est
ainsi que pourra se réaliser ce que Jung appelle « l’individuation »,
c’est à dire l’établissement d’une relation harmonieuse entre les deux
hémisphères du cerveau permettant d’utiliser pleinement « la faculté
X ».
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