mercredi 13 décembre 2017

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : C.G. JUNG, LE SEIGNEUR DE L'INCONSCIENT, Colin Wilson





Etude – Jung, le seigneur de l’Inconscient (1984 ; Le Rocher, 1985)

Jung (1875 – 1961) est certainement un pilier important dans « l’Odyssée de la Conscience » entreprise par Wilson. Il était normal qu’il lui rende hommage en lui consacrant une biographie, passionnée certes, mais écrite avec suffisamment de recul pour ne pas être une simple hagiographie. Colin Wilson, partisan de la théorie du « double cerveau » (le gauche, celui de la quotidienneté ; le droit, celui du calcul et de la réflexion) est d’emblée en harmonie avec le penseur suisse. Jung en effet se plaisait à dire qu’il était deux en un, le romantique fasciné par les phénomènes de l’esprit et l’occultisme, le scientifique qui ne pouvait avoir pour seule maîtresse que la raison. Et c’est cette dichotomie qui fera le drame intime de Jung tout au long de sa vie.
Jung prolongera les travaux de Freud sur l’inconscient, tout en prenant progressivement ses distances avec celui qui était considéré comme le père de la psychanalyse. Outre les pulsions sexuelles, Jung estime en effet que l’homme éprouve d’autres préoccupations fondamentales en tête desquelles figure la religion. Il a en effet la forte conviction qu’il existe quelque chose de beaucoup plus grand que les êtres humains et que l’homme est capable de s’ouvrir à cette force supérieure.
Jung, au cours de ses enquêtes parapsychologiques, arrive à la conclusion que les « esprits » sont des « projections » de l’inconscient ; cela dit, après plusieurs enquêtes de terrain, il finit par admettre qu’il s’agit d’autre chose, l’esprit étant vraisemblablement capable d’agir sur la matière. Et de franchir une nouvelle fois la ligne rouge ! Mais c’est avec sa théorie de l’inconscient collectif et ses archétypes que le psychiatre brouille définitivement les cartes (et dans la foulée se fâche définitivement avec Freud). Une théorie inspirée par ses recherches en mythologie qui lui fait penser qu’il existe un « réservoir enfoui » dans le plus profond du subconscient des hommes dans lequel il leur arrive d’accéder et de retrouver les fondamentaux que tous partagent (l’idée de Dieu par exemple).
Les applications qu’il croira y trouver pour expliquer l’alchimie ou l’ufologie ne sont pas entièrement convaincantes et susciteront maintes critiques. Il voit dans la recherche de la « lapis philosophicae », la Pierre philosophale, la métaphore du cheminement de l'esprit vers davantage d'équilibre, vers une réalisation pleine et complète, le « Soi ». Pour Jung toute la recherche de la transmutation du plomb en or n'a servi, au cours de l'histoire, qu'à représenter ce besoin psychique humain, et à en préserver les règles et processus, et la connaissance des menaces de la société de l'époque (l'Inquisition notamment). Pour ce qui est de l’ufologie, son hypothèse principale est que les ovnis ont une forme circulaire de soucoupe par analogie avec les mandalas, eux-mêmes symboles d'un désir de complétude et qu'ils sont une reconduction de l'archétype du salut, au sein d'une société où « Dieu est mort »

Wilson terminera son étude avec beaucoup de réserves, insistant sur la fait que la théorie de l’inconscient collectif, pour séduisante qu’elle soit, est loin d’être démontrée. Il retiendra surtout de Jung un chercheur persuadé de l’existence des pouvoirs infinis de l’esprit et de la possibilité d’un élargissement de la conscience. Dans un dernier chapitre sur « l’imagination créatrice », il insistera sur le fait que la seule voie possible pour y parvenir est un travail sans relâche sur la volonté. C’est ainsi que pourra se réaliser ce que Jung appelle « l’individuation », c’est à dire l’établissement d’une relation harmonieuse entre les deux hémisphères du cerveau permettant d’utiliser pleinement « la faculté X ».

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