vendredi 24 août 2012

LE PERILLOS DE LA PENSEE ETAIT HIER A BUGARACH



Bugarach assaillie par les fous de l'Apocalypse

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Par Angélique Négroni Publié Réagir
Le pic de Bugarach (en arrière plan). Ce promontoire qui culmine à 1230 mètres alimente tous les fantasmes.
Le pic de Bugarach (en arrière plan). Ce promontoire qui culmine à 1230 mètres alimente tous les fantasmes. Crédits photo : Abaca/Blondeau Manuel/ABACA

Cette petite commune de l'Aude est mondialement connue pour être le seul lieu qui échappera à la fin du monde prévue le 21 décembre.

BUGARACH, le village où l'on ne mourra pas, selon les prédictions qui font rage depuis des mois sur le Net, mais Bugarach où l'on ne vit plus déjà! Depuis que cette petite commune de l'Aude est mondialement connue pour être le seul lieu qui échappera à l'apocalypse du 21 décembre 2012, ses rues ne désemplissent pas. «On est assailli. On n'en peut plus», se lamente un élu. En cette saison estivale, d'ailleurs, la fréquentation explose. «On n'a jamais fait une pareille saison», admet le maire, Jean-Pierre Delord.
Avec leurs appareils photo, les touristes multiplient les clichés de ce qui fait la réputation du village: le pic de Bugarach. Ce promontoire qui culmine à 1230 mètres alimente tous les fantasmes. Il abriterait un garage à extraterrestres, ses pierres auraient des pouvoirs magiques… Les badauds prennent aussi les 200 habitants en photo.
«On est ici comme au zoo. On vient nous voir. On est devenu l'attraction de la région», raconte le maire. Surtout, les curieux sont à la recherche des sectes, des illuminés de tout poil que l'on dit aujourd'hui nombreux à s'être installés à Bugarach. D'ailleurs, chacun y va de son histoire. L'un évoque ces marcheurs armés de pendules pour se connecter aux ondes vibratoires, un autre ra­conte ce cortège d'individus vêtus de toge partis dans les bois communier avec l'au-delà…
En parallèle de ce remue-ménage inhabituel dans les rues, le ­maire monte la garde, prêt à stopper toutes les dérives. Il a ainsi déjà déposé plainte pour dégradation. «On abîmait la montagne à force d'y prendre tous les cailloux», dit-il. Par le biais d'un site, un petit malin avait trouvé le bon filon: vendre à 1,50 euro le gramme ces pierres soi-disant magiques livrées avec leur certificat d'authenticité.

Vente de prières

Dernière prouesse connue: un habitant de Béziers propose sur la Toile qu'on lui adresse son testament qui sera ensuite stocké à Bugarach. L'humanité périra, mais resteront donc ces lettres, ultimes témoignages de notre civilisation décimée! Coût du stockage: 5 euros. «Cet habitant de Béziers est venu nous voir à la recherche d'un lieu pour entreposer le courrier. En échange, il nous propose 20% des bénéfices», relate le maire qui lui a adressé une fin de non-recevoir. D'autres encore sur la Toile, proposent de vendre des prières réalisées au pied du pic. Coût du recueillement: 60 euros!
Même si l'assaut touristique épuise et agace les gens du coin, les commerçants, tout de même, ne doivent pas trop se plaindre, avoue le maire. Les maisons d'hôtes sont complètes, les cartes postales se vendent comme des petits pains. Le prix des terrains s'est aussi au passage littéralement envolé. Jusqu'au 21 décembre prochain au moins, Bugarach restera à la mode. Après, le pic redeviendra sans doute une simple petite montagne, près de son village.

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