Le Retour des Lloigors (The
return of the Lloigors, Colin Wilson, 1969, in Bouquins T I) fait figure d’originalité dans une production
post-lovecraftienne souvent téléphonée. Il s’agit du récit de Paul Dunbar Lang,
universitaire américain originaire d’Angleterre. L’une de ses relations de
Moscou lui parle du manuscrit Voynich, document qui l’intrigue et sur lequel il
se décide de mener une enquête. Il suivra le parcours classique, passant par
les études de Newbold, Manly et les textes de Roger Bacon, pour terminer à l’université
de Yale où il commandera des reproductions photographiques. Celles-ci,
examinées par un ami photographe, se révéleront être des copies écrites en un
mélange de latin et de grec. Si la page de titre manquait, il était indiqué
page 14 qu’il s’agissait du Necronomicon. A partir de là commence toute
un périple de décryptage, commençant comme il se doit par les œuvres de Lovecraft
qui fut le chantre de cet ouvrage. La mise au clair révélera une somme de
connaissances scientifiques incroyables et, de façon obscure, une allusion à
une créature, Dieu ou Démon, sorte de tourbillon d’étoiles résonnant
curieusement avec l’actuelle théorie des quantas. Il est également évoqué d’une
langue « kianne » dont Lovecraft parlera brièvement dans son passage
sur Arthur Machen dans Epouvante et Surnaturel en Littérature, en
liaison avec un culte de sorcellerie. Il est également fait référence
dans cet ouvrage aux Dols, Voolas et à des inscriptions Aklos. Le chercheur en
arrive à la conclusion que le Voynich est un fragment ou résumé du Necronomicon
dont des copies doivent être conservées à l’Eglise du Carmel de Naundorff
ou à la Fraternité de Tlön[1].
Persuadé
après sa rencontre avec un ecclésiastique spécialiste de Machen que ce dernier
était au fait de beaucoup de choses concernant d’anciens cultes païens, il part
pour Melincourt dans le Monmouthshire poursuivre son enquête sur les traces de
l’écrivain gallois. Il y rencontrera l’érudit local, le Colonel Lionel Urquart,
passionné de Mû, continent perdu sur lequel il a écrit plusieurs ouvrages. Il
est persuadé que ce continent a laissé de nombreuses traces au pays de Galles,
et à Providence (RI). Et de lui montrer une tablette de pierre verte
représentant un monstre marin récupéré dans la région. Il lui explique que Mû
était dirigé par des créatures qui étaient des forces, plutôt que des êtres,
les Lloigors, qui ont créé l’homme pour les servir. Mais les humains se sont
révoltés et les Lloigors se sont enfuis, mais attendent pour se venger. Ils
sont à l’origine de nombreux « mystères archéologiques », la fin de Mû,
de l’Atlantide, des civilisations précolombiennes et de terrifiantes explosions
comme celle qui creusera le Grand Canyon.
Au
cours de son investigation, Lang rencontrera également un gitan, Ben Chikno,
qui après quelques verres de rhum, lui confirmera la saga des Lloigors,
expliquant qu’ils veulent reprendre leur monde ; nous, on est une
erreur. On retrouvera Ben mort et le camp des gitans, Llandalfen, dévasté
comme suite à une explosion atomique. Toutes les populations aux alentours sont
terrassées par une étrange fatigue. Urquat expliquera que les Lloigors n’ont
pas d’énergie naturelle et « pompent » celle des autres pour se ressourcer.
Le
récit se terminera par un combat désespéré de Lang et Urquat pour faire
comprendre aux plus hautes autorités l’importance de la menace qui plane sur l’humanité.
Sans succès, les deux compères étant vite classés dans la catégorie des
illuminés.
Ils
disparaîtront tous deux lors d’un vol en Cessna qui devait les conduire à
Washington rencontrer un sénateur perturbé par cette affaire. Le ciel était
clair et la météo excellente. On ne retrouvera jamais les débris et les corps.
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