samedi 15 octobre 2022

MARIA DERAISMES DANS LA LETTRE DU CROCODILE

Maria Deraismes. Riche, féministe et Franc-maçonne par Fabienne Leloup. Editions de L’œil du Sphinx, 36-42 rue de la Villette, 75019 Paris – France.

www.oeildusphinx.com

 


 Maria Deraismes (1828-1894) reste une grande figure féministe de l’histoire maçonnique. Elle fonda avec Georges Martin ce qui devint l’Ordre maçonnique mixte international le Droit Humain. Malgré le rayonnement de cette obédience mixte, Maria Deraismes demeure insuffisamment connue. La réédition par L’œil du Sphinx de cette biographie romancée de Fabienne Leloup, publiée en 2015 aux Editions Michel de Maule, est bienvenue à l’heure du renouvellement aigu de la question centrale de la place des femmes dans la société.

Maria Deraismes fut une forte personnalité, particulièrement cultivée, très engagée dans les luttes pour la liberté, liberté de pensée, liberté de conscience, comme liberté du corps. Elle hérite de sa famille les idées voltairiennes et les visions de progrès sociétal de son père ainsi qu’une aisance matérielle qu’elle mettra à profit pour ses différents projets de vie.

Monique Leloup donne de l’épaisseur à la biographie de Maria Deraismes en choisissant l’écriture fictionnelle. Elle fait revivre au lecteur la période dans laquelle se situe l’action de Maria Deraismes, période complexe et dangereuse, Empire et IIIème République, pour une femme qui affronte les préjugés tenaces de la bourgeoisie et l’emprise de l’Eglise catholique. Elle s’attaque à toutes les formes d’inégalités et d’injustices, soutient les plus faibles, milite pour une égalité des droits des femmes et des hommes, pour la liberté de conscience et d’expression, pour un libre choix sexuel, pour le droit des animaux... Bref, elle dérange l’ordre établi alors même que le Pape Léon XIII s’attaque une fois de plus à la Franc-maçonnerie avec l’encyclique Humanum genus et que Léo Taxil lance sa traîtresse affaire anti-maçonnique. Les difficultés vinrent aussi de la résistance Francs-maçons peu ouverts aux idées qu’elle développe dans son journal. Peu à peu, les scandales s’estompent et elle trouve sa place dans la vie culturelle et politique française, une place qui reste fragile.

Elle a mis le Droit Humain sur les rails de la modernité maçonnique, en installa le principe d’unité qui lui permit de traverser le siècle dernier.

Cette travailleuse inlassable, qui souffrait de la maladie de Cronh, alors inconnue, est un exemple de courage et d’intelligence dans le combat pour les libertés individuelles et les droits civiques. Depuis la fondation de la première loge mixte « Le Droit Humain », un grand chemin a été parcouru sur les traces de Maria Deraismes. Toutefois, le combat pour les droits des femmes demeure actuel et plus que jamais nécessaire tant les forces hostiles à l’égalité entres les femmes et les hommes semblent se revigorer.

 

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