Kenton J. Stanfield
Personnage de “In the Walls of Eryx”
(Dans les murs d’Eryx, 1936)
1. Origine exacte du personnage
Kenton J. Stanfield est le narrateur et protagoniste de la nouvelle “In the Walls of Eryx”, publiée en Weird Tales en octobre 1939, mais écrite en 1936.
L’œuvre est coécrite par H. P. Lovecraft et Kenneth Sterling — fait essentiel.
- Kenneth Sterling apporte :
- le cadre science-fictionnel (Vénus, exploitation minière, cristal),
- le vocabulaire technique,
- une vision “pulpscience” moderne.
- Lovecraft apporte :
- la structure mentale du récit,
- l’horreur non visible,
- la logique de l’aliénation progressive,
- le piège géométrique,
- l’effondrement de la rationalité humaine.
👉 Stanfield est donc un personnage sterlingien façonné par une conscience lovecraftienne.
2. Qui est Kenton J. Stanfield ?
Profession
: employé d’une compagnie minière interplanétaire
Lieu : planète Vénus
Mission : extraire un cristal extrêmement rare et énergétique
Statut narratif : survivant temporaire / témoin condamné
Il est :
- pragmatique,
- rationnel,
- confiant dans la technologie,
- parfaitement intégré à un système industriel.
Et c’est précisément cela qui le rend vulnérable.
3. Le cristal vénusien : cœur du récit
Le cristal recherché :
- est une source d’énergie prodigieuse,
- se trouve à l’intérieur d’une structure invisible,
- défie toute perception humaine directe,
- est protégé par une géométrie non euclidienne.
Nous ne sommes pas dans la science-fiction héroïque, mais dans :
👉 l’horreur de la perception impossible.
Le
cristal n’est pas “dangereux” en soi :
c’est l’espace qui l’entoure qui est hostile à l’esprit humain.
4. Eryx : le piège invisible
Le titre est capital.
Les “murs d’Eryx” sont :
- réels mais invisibles,
- impénétrables mais sans surface apparente,
- logiques mais non cartographiables par l’esprit humain.
Stanfield se retrouve prisonnier d’un labyrinthe transparent, sans repères, où :
- chaque mouvement peut être une erreur fatale,
- la boussole mentale s’effondre,
- la notion même de “direction” disparaît.
C’est l’un des textes les plus purs de Lovecraft sur le thème :
l’univers est intelligible — mais pas pour nous.
5. La dérive mentale de Stanfield
Au fil du récit :
- le journal devient fragmenté,
- la pensée se contracte,
- la logique cède la place à la survie instinctive,
- la technologie devient inutile,
- le langage lui-même se dégrade.
Stanfield
n’est pas attaqué par un monstre.
Il est dissous par l’espace.
C’est l’un des rares récits où Lovecraft applique son horreur cosmique à un contexte SF moderne, sans mythologie ancienne.
6. Place dans le corpus lovecraftien
“In the Walls of Eryx” est :
- l’un des textes les plus abstraits de Lovecraft,
- une anticipation du cosmic horror scientifique,
- un pont entre :
- La Maison de la Sorcière (géométrie),
- Les Montagnes Hallucinées (espace hostile),
- et une SF postérieure à la Clarke ou Lem.
Stanfield est un anti-Carter :
- pas de rêve,
- pas de mysticisme,
- seulement la logique humaine confrontée à son impuissance.
7. Lien avec les artefacts
- le cristal vénusien
- le Feu d’Assurbanipal,
- la pierre noire d’Abigail Prinn,
- les artefacts yithiens,
dans une même catégorie Wilmarth :
Objets énergétiques non humains associés à des structures spatiales inhumaines
Stanfield serait alors :
👉
le premier “mineur sacrificiel” de l’ère spatiale,
exactement comme les prêtres d’Assurbanipal l’étaient pour la pierre rouge.
8. Conclusion
Kenton J. Stanfield est un personnage fondamental,
non pour ce qu’il fait, mais pour ce qu’il subit.
Il incarne :
- la faillite de la technique,
- l’illusion de maîtrise,
- la confrontation moderne
avec un univers mathématiquement cohérent…
et psychologiquement invivable.








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