samedi 13 décembre 2025

LES BALADES DU BIBLIOTHÉCAIRE : À LA DÉCOUVERTE D'ERYX

 


Kenton J. Stanfield

Personnage de “In the Walls of Eryx”

(Dans les murs d’Eryx, 1936)

 

1. Origine exacte du personnage

Kenton J. Stanfield est le narrateur et protagoniste de la nouvelle “In the Walls of Eryx”, publiée en Weird Tales en octobre 1939, mais écrite en 1936.

 

L’œuvre est coécrite par H. P. Lovecraft et Kenneth Sterling — fait essentiel.

  • Kenneth Sterling apporte :
    • le cadre science-fictionnel (Vénus, exploitation minière, cristal),
    • le vocabulaire technique,
    • une vision “pulpscience” moderne.
  • Lovecraft apporte :
    • la structure mentale du récit,
    • l’horreur non visible,
    • la logique de l’aliénation progressive,
    • le piège géométrique,
    • l’effondrement de la rationalité humaine.

👉 Stanfield est donc un personnage sterlingien façonné par une conscience lovecraftienne.

 


 

2. Qui est Kenton J. Stanfield ?

Profession : employé d’une compagnie minière interplanétaire
Lieu : planète Vénus
Mission : extraire un cristal extrêmement rare et énergétique
Statut narratif : survivant temporaire / témoin condamné

Il est :

  • pragmatique,
  • rationnel,
  • confiant dans la technologie,
  • parfaitement intégré à un système industriel.

Et c’est précisément cela qui le rend vulnérable.

 

3. Le cristal vénusien : cœur du récit

Le cristal recherché :

  • est une source d’énergie prodigieuse,
  • se trouve à l’intérieur d’une structure invisible,
  • défie toute perception humaine directe,
  • est protégé par une géométrie non euclidienne.

Nous ne sommes pas dans la science-fiction héroïque, mais dans :

👉 l’horreur de la perception impossible.

Le cristal n’est pas “dangereux” en soi :
c’est l’espace qui l’entoure qui est hostile à l’esprit humain.

 

4. Eryx : le piège invisible

Le titre est capital.

Les “murs d’Eryx” sont :

  • réels mais invisibles,
  • impénétrables mais sans surface apparente,
  • logiques mais non cartographiables par l’esprit humain.

Stanfield se retrouve prisonnier d’un labyrinthe transparent, sans repères, où :

  • chaque mouvement peut être une erreur fatale,
  • la boussole mentale s’effondre,
  • la notion même de “direction” disparaît.

C’est l’un des textes les plus purs de Lovecraft sur le thème :

l’univers est intelligible — mais pas pour nous.

 


 

5. La dérive mentale de Stanfield

Au fil du récit :

  • le journal devient fragmenté,
  • la pensée se contracte,
  • la logique cède la place à la survie instinctive,
  • la technologie devient inutile,
  • le langage lui-même se dégrade.

Stanfield n’est pas attaqué par un monstre.
Il est dissous par l’espace.

C’est l’un des rares récits où Lovecraft applique son horreur cosmique à un contexte SF moderne, sans mythologie ancienne.

 

6. Place dans le corpus lovecraftien

“In the Walls of Eryx” est :

  • l’un des textes les plus abstraits de Lovecraft,
  • une anticipation du cosmic horror scientifique,
  • un pont entre :
    • La Maison de la Sorcière (géométrie),
    • Les Montagnes Hallucinées (espace hostile),
    • et une SF postérieure à la Clarke ou Lem.

Stanfield est un anti-Carter :

  • pas de rêve,
  • pas de mysticisme,
  • seulement la logique humaine confrontée à son impuissance.
  •  

7. Lien avec  les artefacts

  • le cristal vénusien
  • le Feu d’Assurbanipal,
  • la pierre noire d’Abigail Prinn,
  • les artefacts yithiens,

dans une même catégorie Wilmarth :

Objets énergétiques non humains associés à des structures spatiales inhumaines

Stanfield serait alors :

👉 le premier “mineur sacrificiel” de l’ère spatiale,
exactement comme les prêtres d’Assurbanipal l’étaient pour la pierre rouge.

 

8. Conclusion
Kenton J. Stanfield est un personnage fondamental,
non pour ce qu’il fait, mais pour ce qu’il subit.

Il incarne :

  • la faillite de la technique,
  • l’illusion de maîtrise,
  • la confrontation moderne avec un univers mathématiquement cohérent…
    et psychologiquement invivable.

vendredi 12 décembre 2025

LE FEU D'ASSURBANIPAL, R.E. Howard


 

LE FEU D’ASSURBANIPAL

Robert E. Howard, 1934 (pub. 1936)

Département d’Études Proche-Orientales & Littératures Occlutistes Comparées

Université Miskatonic, Arkham (MA)

 

1. Résumé du récit et contexte de publication

Le Feu d’Assurbanipal est une nouvelle de Robert E. Howard, écrite en 1934 dans sa période tardive, et publiée posthumément dans Weird Tales (décembre 1936).
Elle appartient au cycle des récits d’aventures orientales d’Howard, mais en constitue une forme singulière car elle introduit un élément surnaturel d’origine préhumaine, sans lien direct avec ses univers habituels (Conan, Kull, Bran Mak Morn).

Le récit est narré par Steve Clarney, aventurier américain, qui, accompagné de son compagnon Yusef, découvrira dans le désert une pierre rouge surnaturelle associée au roi assyrien Assurbanipal (668–627 av. J.-C.).

2. Le cadre archéologique : Assurbanipal et la tradition assyrienne

Assurbanipal fut l’un des derniers grands souverains de l’Empire néo-assyrien, connu pour :

  • sa bibliothèque de Ninive (source majeure des textes sumériens et babyloniens),
  • sa passion pour les rites anciens,
  • son intérêt pour les sciences divinatoires et les présages.

Howard exploite cette tradition historique pour introduire un artefact mythique :
👉 une pierre rouge, parfois assimilée à un rubis colossal, que le roi aurait possédé.

Dans le contexte assyrien réel :

  • les pierres rouges étaient associées à Nergal, dieu chthonien,
  • la couleur renvoyait aux rythmes infernaux et au sang des contrats divins,
  • certains textes tardifs mentionnent des “pierres ardentes” comme pièges à esprits.

Howard transpose ces motifs dans le domaine de l’horreur.

3. Description de l’artefact : “Le Feu”

La relique est décrite comme :

  • un rubis de très grande taille,
  • rouge sombre tirant sur le noir,
  • lumineux de l’intérieur,
  • avec des pulsations presque organiques,
  • capable d’exercer une influence mentale sur les humains.

Elle apparaît comme un objet vivant, ou plutôt :

👉 un conduit vers une force qui n’est pas de ce monde.

Howard suggère que les Assyriens :

  • ne l’ont pas créée,
  • mais découverte,
  • puis “mise au service” de leur pouvoir politique et magique.

4. Fonctions et effets : analyse

Le Feu d’Assurbanipal agit sur plusieurs plans :

4.1. Effets psychiques

  • hallucinations,
  • amplification des émotions primaires,
  • attrait irrésistible mêlé de terreur,
  • altération du jugement.

4.2. Effets physiques

  • chaleur interne non mesurable,
  • aura rougeoyante observée uniquement dans les ténèbres,
  • résonance avec des phénomènes extérieurs (vents, vibrations).

4.3. Effets métaphysiques

C’est ici que le texte se rapproche du corpus lovecraftien :

  • le Feu semble réveiller ou attirer une entité d’origine préhumaine,
  • une présence massive, décrite comme une silhouette “antique et monstrueuse”.

La pierre agit comme un phare astral, un signal.

5. La cité perdue : géographie et symbolique

La cité découverte par Clarney et Yusef présente :

  • architecture assyrienne tardive,
  • absence totale de corps ou d’ossements,
  • traces d’effondrement interne,
  • orientation astronomique autour de constellations “disparues”.

Howard suggère que la cité fut :

  • détruite de l’intérieur,
  • abandonnée précipitamment,
  • comme si une présence indescriptible y était apparue.

L’élision des détails est volontaire :
👉 le lecteur doit comprendre que la puissance liée au Feu a provoqué la ruine du site.

6. Parallèles lovecraftiens

Bien que Lovecraft n’ait pas relu ce texte, plusieurs éléments montrent une convergence naturelle :

6.1. Artefacts préhumains

Comme la pierre de Leng ou les fragments Yuggothiens.

6.2. Présence chthonienne

La “force” attirée par le Feu rappelle :

  • les entités cavernicoles (Tsathoggua),
  • les ombres-vaporeuses (Shudde M’ell),
  • ou les manifestations de Nyogtha.

6.3. Terreur archaïque

La peur n’est pas morale, mais géologique : une entité qui aurait existé “avant que les hommes marchent”.

6.4. Ambiguïté finale

Typique de Lovecraft : la destruction apparente ne garantit rien, car l’essence survit.

7. Thèmes récurrents dans l’œuvre de Howard

Le Feu d’Assurbanipal illustre parfaitement :

  • l’obsession howardienne pour les civilisations déchues,
  • la monstruosité archaïque enfouie sous les sables,
  • la mort inévitable qui accompagne les trésors maudits,
  • la confrontation de l’homme moderne avec un passé qui le dépasse.

Contrairement à Lovecraft, Howard cherche moins l’effroi cosmique pur que l’aventure tragique :
le héros tente d’affronter la force… et paie le prix de sa témérité.

8. Lecture mythographique (Encyclopedia Occultae)

Dans notre univers, le Feu d’Assurbanipal peut être classé :

Classement Wilmarth : Artifact Ϟ-Red

Propriétés :

  • conduit énergétique extra-humain,
  • amplification psychique,
  • capacité d’appel,
  • relique potentiellement fragmentable.

Origine possible (trois hypothèses) :

  1. Fragment d’entité chthonienne capturé et fossilisé.
  2. Œil ou cœur pétrifié d’un être non terrestre.
  3. Nœud énergétique couplé à une géométrie invisible (thèse Arkham).

Dangers associés :

  • instabilité mentale,
  • attirance d’entités archaïques,
  • réactivation par simple présence humaine.

9. Bibliographie succincte

  • Robert E. Howard, “The Fire of Asshurbanipal”, Weird Tales, déc. 1936.
  • Patrice Louinet, The Robert E. Howard Companion.
  • Joshi & Schultz, An Annotated Guide to Weird Fiction.
  • W. Brichford, Near Eastern Vestiges in Weird Fiction (Arkham, 1962).
  • H. W. Orne, Chthonic Resonances in Assyrian Ritual Objects (Miskatonic Press, 1984).


 

📘 Conclusion

Le Feu d’Assurbanipal constitue l’une des meilleures portes d’entrée vers un Howard “mytho-géologique”, jouxtant Lovecraft sans jamais l’imiter.
La pierre rouge, pulsante, vivante, demeure un symbole puissant de l’hybridation entre :

  • aventure archéologique,
  • horreur préhumaine,
  • et lecture occultiste.

jeudi 11 décembre 2025

DRACULA: A LOVE TALE (2025) - LUC BESSON - VERSION 4K UHD Blu-ray

 


Luc Besson orchestre en 2025 un retour singulier au cinéma fantastique en s’appropriant le mythe de Dracula, librement inspiré du roman de Bram Stoker. Intitulé à l’international Dracula: A Love Tale, le film s’écarte des sentiers balisés du récit gothique traditionnel pour plonger au cœur d’une fresque romantique, où l’éternité devient le théâtre d’un amour impossible. Portée par une mélancolie diffuse, cette relecture s’attarde sur la solitude abyssale d’un être maudit, consumé par sa passion et condamné à errer dans l’ombre de ses désirs inassouvis.

Le film était à découvrir en août dernier dans les salles obscures. Il s’offrira en fin d’année une sortie en vidéo disque. Outre une édition simple Blu-ray déjà disponible en précommande depuis quelques temps, une édition 4K UHD Blu-ray verra finalement le jour chez M6 Vidéo. Avec au choix : une édition combo standard et édition spéciale Fnac.

Les bonus attendus sont les suivants :

- Making of (14 min)
- Documentaire « Dracula- L’Immortel » (30 min) (édition Fnac)

La sortie est annoncée pour le 2 décembre prochain sur le marché français. Les précommandes restent ouvertes.

Rappelons qu'une édition 4K Ultra HD Blu-ray verra finalement le jour chez M6 Vidéo ! Précommandes ouvertes en France pour une sortie fixée au 2 décembre.

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© Source



LES LIVRES QUE LOVECRAFT N'ÉCRIRA PAS

 


 

 Les Livres Interdits de Gordon

(Compilation critique et archives sélectionnées)

Institut Wilmarth – Section des Littératures Anormales
Réf. : Dossier-LIG/34-21


🗎 PAGE DE GARDE

Les Livres Interdits de Gordon :
L’Être Décharné de la Nuit & L’Âme du Chaos

Étude critique, analyse textuelle, fragments commentés et documents annexes.


1. PRÉSENTATION GÉNÉRALE

Les “livres interdits de Gordon” apparaissent dans la nouvelle de Robert Bloch Le Démon Noir.
Gordon y est un avatar littéraire de H. P. Lovecraft :
un écrivain hypersensible, érudit, de plus en plus détaché du monde humain.

Les deux ouvrages refusés par tout éditeur — au point d’être publiés “à compte d’auteur” — sont :

  1. L’Être Décharné de la Nuit (The Gaunt Thing of the Night)
  2. L’Âme du Chaos (The Soul of Chaos)

Ces livres deviennent, sous la plume de Bloch, des objets littéraires si inhumains que la société éditoriale ne peut les accueillir.


2. BIOGRAPHIE SYNTHÉTIQUE DE GORDON

Gordon apparaît comme :

  • célibataire,
  • vivant frugalement dans une chambre étroite,
  • autodidacte en matière d’occultisme,
  • passionné par les sciences, l’astronomie, l’antiquité,
  • mais rongé par une sensibilité excessive qui altère progressivement son rapport au réel.

Son passage aux ouvrages “interdits” coïncide avec :

  • une dégradation de sa santé,
  • un isolement extrême,
  • une volonté d’écrire au-delà de la forme humaine.

3. HISTORIQUE ÉDITORIAL DES DEUX LIVRES

3.1 L’Être Décharné de la Nuit

  • Refusé pour “morbide obsessionnel”.
  • Tirage autographique de 40 exemplaires à ses frais.
  • Aucun distributeur n’en voulut.
  • Trois exemplaires connus aujourd’hui (voir inventaire en annexe).

3.2 L’Âme du Chaos

  • Manuscrit jugé “illisible”, “incompréhensible”, “non humain”.
  • Autoédition ultra-confidentielle : 20 exemplaires numérotés.
  • Plusieurs feuillets semblent avoir été corrigés à la main, avec une syntaxe en décomposition.

 


4. ANALYSE DÉTAILLÉE DES TEXTES

4.1 L’Être Décharné de la Nuit

Le livre est construit comme un récit de dépossession corporelle.

Thèmes majeurs :

  • la disparition progressive du corps,
  • l’apparition d’une “ombre seconde”,
  • l’instabilité de l’identité,
  • l’envahissement par une forme future, cadavérique, non humaine.

Structure :

  • Trois récits + appendice pseudo-scientifique.
  • Cohérence narrative maintenue, mais identité glissante du narrateur.

Hypothèse critique :

Gordon écrit ce livre comme si l’humain devenait une coquille vide, prête à accueillir une forme nocturne.


4.2 L’Âme du Chaos

Roman expérimental où Gordon tente d'écrire depuis un esprit non humain.

Thèmes majeurs :

  • effondrement de la causalité,
  • altération du langage,
  • pensée chaotique autonome,
  • dissolution de l’espace et du temps.

Structure :

  • chapitres fragmentés,
  • narration instable,
  • géométries impossibles,
  • passages ressemblant à des équations, d’autres à des hymnes.

Hypothèse critique :

Ce livre est une tentative d'exprimer une métaphysique chaotique, hors des limites de la grammaire humaine.


5. EXTRAITS RECONSTRUITS

5.1 Extrait attribué à L’Être Décharné de la Nuit

“Mon ombre ne m’appartenait plus.
Elle s’étirait dans les angles, comme si elle écoutait une voix
que mes oreilles ne pouvaient admettre.”

“La peau se retirait.
Je voyais la nuit avancer sous moi…”

5.2 Extrait attribué à L’Âme du Chaos

“La ligne n’avance pas, elle se replie.
La pensée marche vers moi et me traverse.
Je suis le point où se brise le temps.”

“Je n’écris plus.
C’est l’axe qui parle en moi.”

Les fragments doivent rester ambiguës, comme Bloch le voulait.


6. RAPPORT WILMARTH (non classé)

Réf. : WIL-GORD-17

“La prose de Gordon ne tente pas de décrire l’inhumain :
elle cherche à l’imiter.
Ses manuscrits tardifs présentent des structures linguistiques
qui précèdent ou excèdent le langage humain.”

“L’Être Décharné paraît influencer le lecteur :
certains décrivent des sensations de légèreté des membres,
ou la perception d’une ombre double.”

“L’Âme du Chaos, quant à lui, provoque des troubles de spatialisation,
comme si le texte désorientait physiquement.”


7. CORRESPONDANCE ANNEXE 

Lettre d’un éditeur à Gordon (1933)

“Votre manuscrit n’est pas publiable.
Non pour sa noirceur, mais parce qu’il nie, dans son essence même,
la possibilité de compréhension humaine.”

Lettre de Gordon à un ami

“Je n’écris plus pour les hommes.
Je tente seulement d’approcher cette chose
qui respire entre les mots.”

 


 


8. INVENTAIRE DES EXEMPLAIRES CONNUS

L’Être Décharné de la Nuit

  • Exemplaire n°3 — Collection privée Arkham, état très mauvais.
  • Exemplaire n°17 — Héritage W. Carter, Providence.
  • Exemplaire sans numéro — Archives Wilmarth (acquisition non documentée).

L’Âme du Chaos

  • Exemplaire n°1 — Cabot Museum, Boston (non consultable).
  • Exemplaire n°5 — disparu en 1949 à Arkham.
  • Fragment de chapitre — trouvé dans une malle de la famille Peaslee.

9. CONTEXTE LITTÉRAIRE : BLOCH ET LA FIGURE DE LOVECRAFT

Bloch utilise Gordon pour représenter :

  • l’évolution vers une littérature cosmique,
  • l’éloignement du réalisme humain,
  • la logique d’un écrivain “mangé” par son imagination.

Les deux “livres interdits” sont donc des métaphores incarnées de ce que Lovecraft lui-même redoutait :
la dissolution de l’humain dans le non-humain.

10. CONCLUSION

L’Être Décharné de la Nuit et L’Âme du Chaos sont des pièces essentielles du “canon fictif” des grimoires littéraires.
Ils complètent idéalement :

  • Le Ghorl Nigral,
  • Le Codex Iodensis,
  • Le Livre d’Eibon,
  • Le De Vermis Mysteriis.

mardi 9 décembre 2025

LES VAMPIRES À ST GERMAIN DES PRÉS

 


A NE CONSULTER QU'AVEC PRUDENCE : LE LIVRE DE IOD

 


📘 LE LIVRE DE IOD — 

 

1. Nature générale du grimoire

Le Livre de Iod (ou Liber Iod, Codex Iodensis, Scriptura de Iod) est un ouvrage occulte fictif de la tradition lovecraftienne élargie, surtout développé dans les écrits tardifs et annexes du Mythe, notamment par des auteurs comme Derleth et certains épigones.

Contrairement au Necronomicon, au Livre d’Eibon ou à l’Unaussprechlichen Kulten, le Livre de Iod n’apparaît jamais dans un récit majeur de Lovecraft lui-même.
Mais il surgit dans les bibliographies parallèles, ces catalogues mythiques où des auteurs ultérieurs ont tenté d’organiser les grimoires du Mythe comme un corpus cohérent.

Ainsi, le Livre de Iod est souvent présenté comme :

  • un manuel théologique ésotérique dédié à la compréhension des “Esprits Supérieurs”,
  • un texte ambigu, oscillant entre dévotion cosmique et sorcellerie,
  • un ouvrage prophétique, évoquant la venue et le départ des Forces Indéfinissables associées à Iod.
  •  

  •  

2. Qui est Iod ?

Le nom Iod renvoie à une entité ambiguë du Mythe, parfois considérée comme :

  • un Esprit de l’Air ou de la Lumière Primaire,
  • une puissance pré-cosmique ayant participé aux premières séparations du Chaos,
  • un être non matérialisé, jamais représenté sous forme anthropomorphe.

Dans certaines traditions apocryphes :

« Iod est la Parole qui sépare le Ciel de l’Abîme, mais ne prend jamais part au combat. »

On l’associe parfois à :

  • des transitions d’états,
  • des manifestations lumineuses anormales,
  • la naissance et l’effacement des formes matérielles.
  •  

  •  

3. Contenu supposé du Livre de Iod

Aucun texte canonique ne donne d’extraits.
Mais la tradition secondaire évoque plusieurs sections :

a) Les Cantiques de la Séparation

Poèmes liturgiques décrivant la division originelle du cosmos.
Ils contiendraient des formules permettant de “voir au-delà de la matière”.

b) Le Rituel des Voiles

Un ensemble de prières ou d’incantations permettant d’attirer l’attention d’Iod.
On dit que ce rituel peut provoquer :

  • disparition de l’ombre,
  • suspension de la pesanteur,
  • éclaircissement brutal de la perception.

c) Le Commentaire des Éons

Fragment attribué à un moine syro-byzantin ayant recopié une partie du texte.
Il y est question :

  • de cycles d’apparition/disparition des formes,
  • d’entités perçues comme des “Anges de Dissolution”,
  • de paysages de lumière pure.

d) Le Chapitre Voilé

Section interdite :
un passage aurait été scellé par crainte des “Inversions”, phénomène dans lequel le lecteur perdrait la capacité de distinguer l’espace intérieur de l’extérieur.

 


 

4. Origines supposées

Les sources divergentes situent la rédaction :

  • en Chaldée, époque indéterminée,
  • dans un monastère nestorien du Ve siècle,
  • ou comme traduction latine médiévale d’un texte beaucoup plus ancien.

Les versions connues (ou évoquées) incluent :

  • un fragment sur papyrus (nié officiellement),
  • une copie byzantine en onciales,
  • une édition latine Codex Iodensis, aujourd’hui perdue,
  • des mentions dans des catalogues ecclésiastiques qui le déclarent “spirituellement dangereux”. 
  •  

  •  

5. Position dans la cosmologie du Mythe

Le Livre de Iod occupe une place particulière :

  • Il n’invoque pas des entités monstrueuses.
  • Il n’appartient pas aux grimoires nécromantiques.
  • Il se rapproche davantage d’une théologie spéculative cosmique.

On peut le comparer à :

  • l’Évangile de Dho,
  • les Chants d’Hastur (dans leur version la plus mystique),
  • certains fragments du Livre de Ceryl.

Son thème central :

la structure lumineuse de la réalité et les êtres qui y résident.

6. Usage dans les récits occultes

Dans la tradition lovecraftienne élargie, le Livre de Iod est utilisé pour :

  • justifier des visions surnaturelles non horrifiques,
  • expliquer des transports de conscience,
  • introduire des rituels de clarté ou de révélation très anciens,
  • servir de contrepoint au Necronomicon, non par sagesse, mais par nature différente :
    le premier porte sur le vide, le second sur la lumière.