Nouvelle
tentative d’August Derleth, avec L’Habitant
de l’Ombre (The Dweller in the
Darkness, in Weird Tales, 1944), de
reprendre le Mythe, cette fois de façon assez convaincante sur le plan de la
gestion « de la montée de l’horreur ».
Nous
sommes dans le Winconsin, région de l’auteur dont il sait bien évoquer la
nature sauvage. Point de manoir familial, mais une cabane abandonnée près d’un
lac, le lac de Rick. Diverses rumeurs font état d’une créature redoutable,
sévissant dans les parages et ayant déjà à son passif plusieurs meurtres, dont
celui d’un prêtre missionnaire. Ces faits viennent à la connaissance du Pr
Upton Gardner de l’Université d’État, en train de préparer un recueil sur les
légendes du pays. Il se rendra sur place avant de disparaître. Son assistant,
Laird, accompagné d’un collaborateur, Jack, décident de mener l’enquête et s’installent
dans le cabanon. Le shérif local leur remet un dossier regroupant les papiers
retrouvés. Gardner avait demandé à l’université de Miskatonic copies du Necronomicon, du Texte de R’Lyeh, De Vermis Mysteriis, des Manuscrits Pnakotiques et du Livre
d’Eibon. Il avait également fait l’acquisition de plusieurs recueils de
fiction de H.P. Lovecraft. Ses notes font état d’une présence malfaisante et d’allusions
à un être Sans Visage qui chevauche le vent. Ils rencontrent également le vieux
Pierre, un alcoolique local qui, moyennant une bouteille de whisky, évoque une
grande dalle enfouie dans la forêt, recouverte d’étranges dessins. Ils
installent un magnétophone dans le cabanon et passent une première nuit agitée
par une tempête qui n’affecte pas les arbres, au son d’une musique de flûtes et
de gutturales mélopées.
Ayant découvert dans les papiers de Gardner que ce dernier était en relations avec le
Pr Partier, mis en disponibilité par l’université de Miskatonic pour ses
recherches contestables, ils décident de lui rendre visite dans sa retraite. Le
vieil érudit leur fait un véritable cours de théologie, opposant les Anciens
Dieux aux Grands Anciens malfaisants. Il leur commente les affaires d’Innsmouth,
de Dunwich, des Montagnes de la Folie, leur parle de Leng et de Kadath. De
retour, ils rencontrent le vieux Pierre qu’ils forcent à parler moyennant une
récompense liquide. Le vieil alcoolique leur raconte avoir vu une créature
monstrueuse sortir de la dalle de la forêt. Ils dépouillent ensuite les
enregistrements du magnétophone, et au milieu d’onomatopées sinistres
reconnaissent la voix de Garder qui les met en garde contre les Grands Anciens
de la région et leur donne la formule d’évocation de Chtugha, seule entité
capable de les faire fuir.
Pour
crever l’abcès, ils partent de nuit dans la forêt observer la dalle. Celle-ci
laisse échapper une colonne de lumière dans laquelle se forme une monstrueuse
créature protoplasmique. Ils s’enfuient pour rejoindre la cabane et sont
rejoints par … le Pr Garder qui leur explique que tout cela n’est qu’illusion.
Il les laisse alors qu’à nouveau la nuit se charge de tempête, de musique et de
hurlements. Ils réciteront la formule et Chtugha, l’être de feu, viendra
chasser les créatures infernales.
S.T
Joshi, tout en reconnaissant les qualités de la fiction montre bien comment
Derleth commence à modifier le Mythe en fonction de ses propres convictions. Les
Anciens Dieux sont « bons », alors que les Grands Anciens sont de
créatures du mal, des sortes de « démons ». C’est évidemment faire l’impasse
sur la monumentale mise au point opérée par Lovecraft dans Les Montagnes de la Folie : et pourtant, c’étaient des hommes.
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