Jacques Nerson du Nouvel Observateur
Ce
soir le Comte Dracula qui a quitté les Carpates pour s'établir en
Angleterre devait donner une conférence sur sa vie et son oeuvre. Las !
Quoique plus immortel à lui seul que 40 académiciens réunis, l'amateur
de globules rouges s'est fait porté pâle au dernier moment. Deux
vamipres auxiliaires vont donc essayer de le remplacer.
Ail ! Ail !
Ail ! Dirigés par Nathalie Juvet, Bernard Gabay et Adriano Sinivia font
un numéro de clowns fort réjouissant. On se paye une bonne pinte de bon
sang.
Evelyne Trân du Monde (Le Monde.fr)
Il
faut quand même le dire, Dracula a vu le jour ou la nuit à une époque
où les écrivains pouvaient laisser libre cours à leur imagination de
façon artisanale en compulsant leurs grimoires, leur environnement et en
voyageant aussi beaucoup. Parfois les auteurs sont supplantés par les
personnages qu’ils ont imaginés, de sorte que l’on se souvient bien
davantage de Dracula que de son géniteur un certain Bram Stoker
contemporain d’un individu très louche qui défraya la chronique à
Londres, un certain Jack l’éventreur. Dracula vampirisa à ses débuts, le
cinéma puisqu’il contraint le cinéaste MURNAU, en 1922 à raconter son
histoire sulfureuse dans NOSFERATU. Son esprit délétère ou maléfique
inspira également Roman Polanski dans le Bal des vampires et Werner
Herzog dans des films époustouflants.
Il manquait cependant à DRACULA
une incarnation de visu, celle que nous offre de façon instantanée une
représentation théâtrale. Pour convaincre de son existence un public de
plus en plus large, Dracula a guidé la plume de deux auteurs
sud-africains très humoristiques Alan Committie et Gaétan Schmid et
nous devons à Nathalie JUVET l’adaptation théâtrale de cette pièce qui
se joue actuellement au théâtre de la Huchette en pleine campagne
électorale.
De la même façon que Dieu préfère laisser parler ses
disciples à sa place, Dracula qui fait davantage référence au diable, ne
se présente que par l’intermédiaire de ses valets qui déploient tous
leurs efforts pour apologiser leur maître. Le résultat est
catastrophique. En effet, nous croyions Dracula capable de terroriser
les spectateurs, en les faisant hurler de frayeur. Hélas, ses deux
domestiques ne réussissent qu’à nous faire sangloter de rire. Il
s’avère que l’un est analphabète et n’est capable que de mimer quelques
bribes de son histoire, quand à l’autre qui voudrait revêtir l’aspect de
Dracula lui-même, s’emmêle les pinceaux. Nous étions venus pour écouter
une conférence sur le vampirisme, mais les vampires que nous avons
devant nous sont anémiés, ils ne tiennent pas debout et nous les
soupçonnons de faire diversion au milieu du public pendant que Dracula
invisible mais bien présent serait en train de guetter sa future proie.
Oui ces vampires, Adriano Sinivia et Bernard Gahey sont des imposteurs,
des créatures malfaisantes et pitoyables qui ne disposent plus que
d’accessoires obsolètes, crucifix, gousses d’ails, ou manche à balai et
boite à musique, oubliant entre leurs mains tout leur pouvoir
horrifique.
Très souvent les maîtres ont de mauvais serviteurs,
Dracula n’échappe pas à la règle. Ces deux zigottos réussissent quand
même à nous mettre l’eau à la bouche en nous racontant l’aventure de la
belle fiancée du notaire, victime de Dracula et nous avons droit à un
sursaut d’angoisse lorsqu’ils choisissent parmi le public une jeune
femme pour la représenter.
Hormis cet épisode, ces deux imbéciles qui
ne savent pas lire, s’évertuent avec moult fanfaronnades à incarner
quelques personnages du roman de Dracula, faisant davantage appel à
l’imagination du public qu’à leur talent. Des pitres, des clowns, des
baudruches, des monstres dégonflés, et peut être des âmes damnées que
Dracula nous a envoyées dans l’espoir de titiller notre curiosité, sans
nous asperger d’eau bénite. Nous avons compris qu’il se cachait derrière
ses pâles acolytes, lesquels avant de devenir vampires étaient des
humains.
Ce n’est pas tout à fait une espèce en voie de disparition.
Des suceurs de sang qui ont le toupet de se déclarer comme tels, il n’y
a pas de meilleure façon de les étudier que d’assister à leur
exhibition au Théâtre de la Huchette. Il y a un risque celui de se faire
vampiriser à son tour, mais c’est pour la bonne cause, C’est le rôle
des spectateurs de donner le change, ne serait-ce que pour délier le
vrai du faux. Erudits et naïfs à vos marques, Dracula est de retour !
A défaut de grincer des dents, vous vous tordrez de rire et en cette époque de crise de foi, ça fait un bien fou !
Les coups de cœur de Myrtha de Politis
Deux
excellents comédiens-clowns qui nous racontent l'histoire du vampirisme
au 21ème siècle, sous forme d'une conférence loufoque. Spectacle
intelligent à l'humour déjanté. Peur et frissons assurés. A ne pas
manquer !
MM de Froggy's Delight (www.froggydelight.com)
Qui
mieux que le comte Dracula en personne pourrait assurer une conférence
sur l’état du vampirisme au 21ème siècle ? Encore faut-il que le plus
célèbre des vampires soit au rendez-vous. Mais si celui-ci a pris la
poudre d'escampette, qu'à cela ne tienne, ses deux valets-assistants
mimétiques, visage blanc, oeil ténébreux et lèvres rouges, prendront le
relais au pied levé en substituant à la conférence, et avec les moyens
du bord, le récit de l'histoire de leur maître pour ne pas décevoir le
public.
Tel est l'argument retenu par Alan Committie et Gaétan
Schmid, deux comédiens, respectivement sud-africain et belge, formés à
l'art du clown et du stand up, pour se boutiquer, à partir du roman de
référence sur Dracula écrit à la fin du 19ème siècle par l'irlandais
Bram Stoker, un one man show bicéphale avec une hilarante partition
parodique tout simplement intitulée "Dracula, mon histoire".
Nathalie
Juvet en assure l'adaptation et la mise en scène sous les auspices
ludiques du Grand Guignol et sous une forme courte basée sur le duo de
clowns, avec cet humour total qui va du comique de geste au cartoon qui
rappellera aux cinéphiles l'humour pratiqué par Mel Brooks notamment
dans son film "Frankenstein junior" qui ressortit au même registre.
Sur
scène, pour composer une réussie hybridation entre certains codes du
cinéma muet et l'interactivité du numéro de cabaret, le spectacle est
assuré par un excellent duo de comédiens qui a plus d'une corde à son
arc et qui fonctionne bien tant dans la générosité comique que dans la
complémentarité de personnages.
Volant enfin a vedette à leur vampire
de maître, le tendre pas terrible Ivan (Adriano Sinivia) et le
prétentieux pas si magnifique Igor (Bernard Gabay) s'en donnent à coeur
pour faire les cabotins et dispenser, par la voie du bénéfique rire
spontané, un divertissement jubilatoire à inscrire résolument à
l'arsenal de la gélothérapie.
Amelie Terranera de Toute La Culture (www.toutelaculture.com)
A
y regarder de plus près (éloignez tout miroir capable de les offenser),
les vampires trustent indéniablement l’actualité culturelle : la
comédie musicale de Kamel Ouali, Dracula, l’amour plus fort que la mort
part en tournée, la série The Vampire Diaries investit les chaînes
françaises et la saga littéraire et cinématographique Twilight de
Stephenie Meyer a rencontré le succès que l’on sait. Toutefois, c’est
dans la petite salle du Théâtre de la Huchette, aux faux airs de crypte,
que la lecture du mythe de Dracula se révèle actuellement la plus
drôle. A l’aide d’une galerie de portraits d’outre-tombe et d’un humour
anglo-saxon singulier, la « Trrransylvanie » s’invite au coeur du
quartier latin.
Accueil blafard et musical de deux vampires.
Étonnamment, lorsque l’un d’entre eux joue la mélodie d’ « Un jour mon
prince viendra », le mythe du suceur de sang effrayant, féroce et
érotique s’effondre. Il ne saurait s’agir du seigneur incontesté des
catacombes, le comte Dracula, mais de ses deux assistants. Pour palier à
l’absence de leur maître et maintenir coûte que coûte la conférence sur
l’état du vampirisme au 21ème siècle, que ce dernier devait assurer,
les deux subalternes se lancent dans un concours d’improvisations.
Rassurez-vous, Dracula mon histoire… n’a rien du séminaire qui vous
plonge dans un sommeil de mort, il s’agit plutôt d’une pièce de cabaret
aussi tordante que mordante.
Délire comique et sensuel
Les deux
comédiens annoncent la couleur : ils égrènent, durant une heure, un
chapelet de comique burlesque, d’effets spéciaux gaguesques et autres
numéros de mimes. Ces vampires assistants qui auraient voulu être
acteurs tireront à boulets rouges (sang) sur leur concurrent. Un
véritable duel de comédie s’instaure entre les deux personnages : qui
aura l’honneur d’incarner le rôle de Dracula, l’icône absolu ?
Ce duo
comique décalé, formé par Adriano Sinivia, que vous pouvez voir
actuellement à l’affiche de Cloclo de Florent Emilio Siri et Bernard
Gabay, qui prête sa voix à des acteurs tels que Daniel Day Lewis, Javier
Bardem ou encore au personnage de Carlos dans la série à succès
Desperate Housewives, vous fera oublier que vous étiez venu pour voir
une nouvelle incarnation du grand et unique Dracula.
« Ce qui a
guidé mon désir de mettre en scène cette pièce, c’est précisément que
les auteurs de Dracula… mon Histoire, ont abordé ce mythe dans une forme
élaborée au cours d’improvisations, lui donnant une qualité de
construction rythmique d’une efficacité rare. », Nathalie Juvet, la
metteur en scène
Si les deux acteurs usent et abusent du
travestissement et du comique de répétition, l’adaptation française par
Nathalie Juvet de Dracula mon histoire… d’Alan Committie et Gaetan
Schmid se joue habilement des évènements contemporains qui auraient
amusé les vampires ancestraux à l’instar des « Chrétiens fous du Théâtre
de la ville et du Théâtre du Rond-Point », allusion explicite aux
débordements entourant les représentations de Gólgota picnic et de Romeo
Castellucci.
Aucune levée de boucliers à prévoir à l’encontre d’un
Adriano Sinivia aussi malléable que clownesque et un Bernard Gabay au
charme anglais irrésistible. La contribution du public sera le point
culminant de la connivence entre le duo moliéresque et les spectateurs
du Théâtre de la Huchette. Pas effrayés pour deux gousses d’ail, ces
derniers auront plaisir à redécouvrir l’œuvre de Bram Stoker.
Le mythe de Dracula n’a pas fini d’inspirer et c’est bien notre veine !
A.A du Canard Enchaîné
Un
peu pâlichons après cent soixante-dix ans au service de leur maître,
Igor et Ivan sont restés trés jeunes d'aspect. Les voici qui rejouent
tous les personnages du trés célèbre et trés romantique «Dracula» de
Bram Stoker : Jonathan Harker, le jeune notaire, Mina, sa fiancée
disparue, le docteur Van Helsing, métaphysicien a jambe de bois, une
Gitane, et, bien sûr, Dracula lui-même. On est ici entre le burlesque a
la Polanski («Le bal des vampires») et l'humour sombre des films anglais
de la Hammer («Dracula, prince des ténèbres»). Même traité
drolatiquement, le mythe reste fascinant. Autant la comédie musicale
«Dracula», chorégraphiée par Kamel Ouali, dans sa grandiloquence
sirupeuse, trahit l'esprit sulfureux du héros gothique, autant cette
réjouissante conférence régénère, sans esbroufe, le vampirisme. Enfin du
sang neuf !
Dimitri Denorme de Pariscope
Remisez
au placard gousses d’ail et autres crucifix… Les deux vampires qui ont
élu domicile au Théâtre de la Huchette n’ont rien d’effrayant. Le seul
risque que vous courez à les fréquenter est celui de passer un bon
moment ! Sur scène, Igor et
Ivan, les deux assistants de Dracula, vous attendent. Cent cinquante ans déjà qu’ils sont au service du célébrissime comte!
Mais les temps changeant, ils s’occupent désormais d’organiser des conférences sur l’état du vampirisme au XXIe siècle.
L’arrivée de Dracula est imminente…
Mais ne frémissez pas trop vite : par un malheureux concours de circonstances, il ne pourra honorer ce rendez-vous. Plutôt
que
de nous voir repartir bredouilles, ses deux joyeux assistants décident
alors de profiter de la tribune qui leur est offerte pour nous raconter
une des aventures de leur maître avec Jonathan Harker et la délicieuse
Mina. A eux deux donc, le soin de jouer tous les rôles. Et croyez-moi,
vous allez rire! A la base du spectacle il y a le texte d’Alan Committie
et Gaétan Schmid tiré de l’oeuvre de Bram Stoker. Bien plus qu’une
pièce de théâtre, c’est un esprit cabaret qui est ici célébré. On joue
de la proximité avec le public et on semble reprendre les codes de
l’improvisation. C’est drôle, joyeux, alerte et enlevé. Igor et Ivan
n’ont rien de vampires, ce sont plutôt de vrais clowns. Sous le
maquillage et les costumes, le duo que forment Adriano Sinivia et
Bernard Gabay est impayable. Les deux comédiens à l’enthousiasme
communicatif ne ménagent pas leurs efforts pour nous faire rire. Il faut
les voir se titiller : ils sont tordants et on en redemande tant
le temps file vite en leur compagnie !
Nathalie
Juvet, qui a assuré la mise en scène, a particulièrement veillé au
rythme de ce spectacle que l’on vous recommande bien sûr à « sang pour
sang ».
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