À Bugarach, on se prépare activement à l’après fin du monde
Par Gérard Caubet
L’actualité braque ses projecteurs sur le petit village de Bugarach dans les Pyrénées, plus précisément le département de l’Aude.
Selon le calendrier Maya, la fin du monde devrait intervenir le 21 décembre 2012. Bugarach serait le seul lieu de la planète épargné par l’Apocalypse.
Le récit qui suit est de pure imagination. Il brosse un tableau caricaturiste et croustillant des préparatifs à «l’après fin du monde».
Toute ressemblance avec des personnes vivantes ou décédées est purement fortuite.
Si la fin du monde devait avoir lieu, Bugarach émergerait comme l’île de Robinson au milieu d’un océan de ruines.
Depuis belle lurette, les édiles locaux réunis en « shadow cabinet » tirent des plans sur la comète et échafaudent des scenarii de gouvernance d’un monde nouveau.
À l’approche de la date fatidique, les réunions tenues dans le plus grand secret s’accélèrent à un rythme soutenu.
Les premières rencontres ont été animées par un énarque propriétaire d’une résidence secondaire en bordure du village. Les réflexions allaient bon train quand, patatras, une mauvaise chute en VTT mit un terme définitif à sa participation. Depuis il promène son crâne fêlé couvert de pansements dans les rues de Bugarach, le regard hagard et l’esprit ailleurs.
Une demande d’adhésion à l’ONU a failli partir au courrier. Fort heureusement, la levée était passée. Comme l’a fait remarquer le benêt du village, le « machin » ne subsisterait plus après la fin du monde. Of course. On se contentera de jumelages avec d’autres contrées épargnées par l’apocalypse.
Le sentiment de « Peuple élu » fait son chemin dans les esprits. Il se traduit par un élan de retour à la messe.
L’église d’ordinaire fréquentée par les seules bigotes fait désormais le plein. L’escarcelle du curé n’en n’est pas plus garnie pour autant. Le barachois prudent par nature, épargne la moindre pièce en cuivre, dans la crainte toujours possible de lendemains difficiles.
Leur mandat durera jusqu’à la mise en place d’élections nouvelles. Vraisemblablement dans le courant de l’année prochaine.
L’opposition jamais en reste de vacheries gratuites et coups bas divers, fustige à tout va le futur nouveau pouvoir.
Elle répète en boucle que les élections promises seront comme le Père Noël. Tout le monde en parle mais on ne les verra jamais.
Le président est pressé par ses conseillers de se débarrasser au plus vite de ces empêcheurs de tourner en rond.
On n’est jamais assez prudent.
Le projet est de nommer son chef de file « Garde des sots ».
Par sa stupidité avérée, il ne verrait que du feu dans cette subtilité de langage.
Ses attributions s’arrêteraient là car les libertés individuelles seraient provisoirement suspendues … en attendant de voir.
Pour les autres, on leur distribuera des postes d’ambassadeur auprès des extra-terrestres.
Cette découverte doterait le nouveau pays d’un budget conséquent.
Une partie serait dévolue à la restauration des ruines du château de Bugarach (XVIe siècle). La présidence y serait installée.
Un retraité du Crédit Lyonnais est pressenti pour devenir le futur ministre des finances.
La Banque de Bugarach remplacerait la banque de France. Elle émettrait sa monnaie.
L’euro n’aurait plus cours puisque l’Europe n’existerait plus.
Une réflexion est en cours avec l’appui d’un cabinet d’experts de Carcassonne.
Les rumeurs vont bon train sur la suppression pure et simple des impôts. On parle même de rayer le mot du dictionnaire.
Le Ministère de la défense serait confié aux chasseurs. Déjà armés de fusil à deux coups pour le sanglier, ce serait autant d’économies sur le budget du nouvel état.
La croix occitane occuperait le centre de l’oriflamme en référence au sentier cathare, dont Bugarach est une étape. De nombreuses controverses agitèrent la question des couleurs. Pour ne déplaire à personne, l’option patchwork en quinze teintes, autant que de participants à la commission, fut retenue à l’unanimité.
Un modèle est en cours de confection par l’atelier couture du Club du 3° âge.
Une cérémonie de lever des couleurs aura lieu dès la fin de l’apocalypse.
Un quart d’heure a suffi pour délibérer sur l’hymne national. « Se canto » fut choisi a l’unanimité. Principal avantage, tout le monde connaît.
Il été décidé d’opter pour le modèle chinois : un pays deux systèmes.
Une délégation s’est discrètement rendue en Chine et à Taïwan en voyage d’étude. Quatre jours d’avion, trois sur place. La faute à l’internet. Les billets réservés en promo les ayant fait passer par le Koweït, la Terre Adélie et le Zimbabwe.
Les nouveaux arrivants seraient installés en bordure de la commune. Ils seraient chargés d’actionner des génératrices à pédalier destinées à produire l’électricité.
Les habitants des villages voisins se prévalent d’une priorité de fait, mais se prononcent résolument contre l’option pédalage.
La question n’est pas tranchée.
La fin probable de l’Internet pose problème. La solution choisie serait de réhabiliter la fonction de garde champêtre.
Équipé d’une trompette, d’un porte-voix et d’un vélo 12 vitesses à triple plateau, il serait chargé de faire régulièrement le tour du village. Son rôle serait d’informer la population et collecter les doléances.
Le maroquin de ministre à la communication serait confié au facteur.
Il garderait le privilège de sa voiture jaune dans la limite des stocks d’essence.
Notre bon vieux calendrier grégorien serait abrogé et remplacé par le calendrier maya.
On ne mégotera pas sur la santé. La création d’un hôpital est prévue. Il sera installé dans un hangar agricole ultra moderne, financé avec force subventions européennes. Son propriétaire, opposant notoire, en serait expulsé en même temps que ses brebis. Ces dernières moins chanceuses seront destinées à alimenter en côtelettes tendres et juteuses, le premier banquet républicain de l’ère nouvelle. Les box de stabulation débarrassés de leur crottin, seraient aménagés en chambres individuelles.
Il sera assisté d’une équipe de personnel soignant, recrutée parmi les secouristes bénévoles à jour de leur recyclage par les pompiers.
La maternité sera certainement le premier service à fonctionner. La première parturiente sera vraisemblablement la petite X. Elle arbore fièrement un ventre ne laissant aucun doute sur son état.
Madame Y, pressentie au service d’espionnage se vante d’avoir tout vu derrière ses volets. Elle se refuse à donner le nom du père mais affirme que selon ses calculs la naissance devrait survenir le 21, au plus tard le 22.
La chapellerie et le tourisme seront les deux mamelles de l’économie locale.
La confection de couvre-chefs est une ancienne spécialité artisanale de Bugarach. Il faut remonter à Louis XIV pour en trouver l’origine. À cette époque, quelques bugarachois, prisonniers en Silésie, y apprirent l’art du chapeau. À leur libération, ils ramenèrent leur savoir faire au pays.
Le problème des débouchés sera réglé par la loi. Chaque habitant sera tenu de changer de couvre chef selon l’activité. Un chapeau pour travailler, un autre pour se reposer, un autre pour conter fleurette, etc. Les activités au noir (réalisées tête nue), seront passibles d’amende.
Aux dires des responsables, les atouts de la région sont considérables. De nombreux produits sont à l’étude. Une des possibilités serait la visite du légendaire royaume souterrain de l’Agartha, dont on dit qu’il existe sous le village. Il serait peuplé de lémuriens et servirait de parking à des soucoupes volantes. Dès l’ouverture des entrées secrètes, les visites pourront commencer. Dans le meilleur des cas vers le début de l’année si des travaux d’aménagements sont nécessaires.
On parle aussi de l’ascension du Pic de Bugarach en colimaçon pour faire durer. Un vaste plan de formation au Maya ancien sera mis en place. Quant à la clientèle nouvelle des extra-terrestres, aucune étude n’existe sur le sujet.
Il est prévu qu’un « Ovni port » pour soucoupes volantes soit installé sur un terrain plat proche du village.
Comme on le voit, à Bugarach tout est prêt pour la fin du monde. Pourvu qu’elle ait lieu !
L’actualité braque ses projecteurs sur le petit village de Bugarach dans les Pyrénées, plus précisément le département de l’Aude.
Selon le calendrier Maya, la fin du monde devrait intervenir le 21 décembre 2012. Bugarach serait le seul lieu de la planète épargné par l’Apocalypse.
Le récit qui suit est de pure imagination. Il brosse un tableau caricaturiste et croustillant des préparatifs à «l’après fin du monde».
Toute ressemblance avec des personnes vivantes ou décédées est purement fortuite.
Si la fin du monde devait avoir lieu, Bugarach émergerait comme l’île de Robinson au milieu d’un océan de ruines.
Depuis belle lurette, les édiles locaux réunis en « shadow cabinet » tirent des plans sur la comète et échafaudent des scenarii de gouvernance d’un monde nouveau.
À l’approche de la date fatidique, les réunions tenues dans le plus grand secret s’accélèrent à un rythme soutenu.
Les premières rencontres ont été animées par un énarque propriétaire d’une résidence secondaire en bordure du village. Les réflexions allaient bon train quand, patatras, une mauvaise chute en VTT mit un terme définitif à sa participation. Depuis il promène son crâne fêlé couvert de pansements dans les rues de Bugarach, le regard hagard et l’esprit ailleurs.
La Bugarachie, ou tout simplement le Bugarach pourrait voir le jour.
Le Bugarach Nouveau a été abandonné car faisant trop beaujolais.Une demande d’adhésion à l’ONU a failli partir au courrier. Fort heureusement, la levée était passée. Comme l’a fait remarquer le benêt du village, le « machin » ne subsisterait plus après la fin du monde. Of course. On se contentera de jumelages avec d’autres contrées épargnées par l’apocalypse.
Le sentiment de « Peuple élu » fait son chemin dans les esprits. Il se traduit par un élan de retour à la messe.
L’église d’ordinaire fréquentée par les seules bigotes fait désormais le plein. L’escarcelle du curé n’en n’est pas plus garnie pour autant. Le barachois prudent par nature, épargne la moindre pièce en cuivre, dans la crainte toujours possible de lendemains difficiles.
Quelques décrets, étudiés et pondus dans le plus grand secret, sont prêts à être promulgués.
Le Maire serait le premier président de la nouvelle république. Le choix républicain n’est encore définitif. Les conseillers municipaux se verraient élevés au rang de ministre.Leur mandat durera jusqu’à la mise en place d’élections nouvelles. Vraisemblablement dans le courant de l’année prochaine.
L’opposition jamais en reste de vacheries gratuites et coups bas divers, fustige à tout va le futur nouveau pouvoir.
Elle répète en boucle que les élections promises seront comme le Père Noël. Tout le monde en parle mais on ne les verra jamais.
Le président est pressé par ses conseillers de se débarrasser au plus vite de ces empêcheurs de tourner en rond.
On n’est jamais assez prudent.
Le projet est de nommer son chef de file « Garde des sots ».
Par sa stupidité avérée, il ne verrait que du feu dans cette subtilité de langage.
Ses attributions s’arrêteraient là car les libertés individuelles seraient provisoirement suspendues … en attendant de voir.
Pour les autres, on leur distribuera des postes d’ambassadeur auprès des extra-terrestres.
Tout le monde rêve de découvrir le trésor de l’abbé Saunières, curé du village voisin de Reynes le château.
Devenu immensément riche, il aurait été vu faire de nombreux allers-retours entre Bugarach et sa paroisse. Sans doute pour y cacher son trésor.Cette découverte doterait le nouveau pays d’un budget conséquent.
Une partie serait dévolue à la restauration des ruines du château de Bugarach (XVIe siècle). La présidence y serait installée.
Un retraité du Crédit Lyonnais est pressenti pour devenir le futur ministre des finances.
La Banque de Bugarach remplacerait la banque de France. Elle émettrait sa monnaie.
L’euro n’aurait plus cours puisque l’Europe n’existerait plus.
Une réflexion est en cours avec l’appui d’un cabinet d’experts de Carcassonne.
Les rumeurs vont bon train sur la suppression pure et simple des impôts. On parle même de rayer le mot du dictionnaire.
Le Ministère de la défense serait confié aux chasseurs. Déjà armés de fusil à deux coups pour le sanglier, ce serait autant d’économies sur le budget du nouvel état.
La question du drapeau a été abordée et résolue.
Le sujet est d’importance car toute nation a besoin de symboles pour affirmer son identité.La croix occitane occuperait le centre de l’oriflamme en référence au sentier cathare, dont Bugarach est une étape. De nombreuses controverses agitèrent la question des couleurs. Pour ne déplaire à personne, l’option patchwork en quinze teintes, autant que de participants à la commission, fut retenue à l’unanimité.
Un modèle est en cours de confection par l’atelier couture du Club du 3° âge.
Une cérémonie de lever des couleurs aura lieu dès la fin de l’apocalypse.
Un quart d’heure a suffi pour délibérer sur l’hymne national. « Se canto » fut choisi a l’unanimité. Principal avantage, tout le monde connaît.
L’afflux de population nouvelle n’est pas sans poser de problèmes.
On y voit un risque de déstabilisation d’une structure sociale séculaire faisant la part belle aux Bugarachois de souche.Il été décidé d’opter pour le modèle chinois : un pays deux systèmes.
Une délégation s’est discrètement rendue en Chine et à Taïwan en voyage d’étude. Quatre jours d’avion, trois sur place. La faute à l’internet. Les billets réservés en promo les ayant fait passer par le Koweït, la Terre Adélie et le Zimbabwe.
Les nouveaux arrivants seraient installés en bordure de la commune. Ils seraient chargés d’actionner des génératrices à pédalier destinées à produire l’électricité.
Les habitants des villages voisins se prévalent d’une priorité de fait, mais se prononcent résolument contre l’option pédalage.
Quant aux émigrants des premières vagues, ceux arrivés il y a un an et plus, que faut-il en faire ?
Faut-il les rejeter à la mer -si mer il y a- ou faut il faire preuve d’humanité ?La question n’est pas tranchée.
La fin probable de l’Internet pose problème. La solution choisie serait de réhabiliter la fonction de garde champêtre.
Équipé d’une trompette, d’un porte-voix et d’un vélo 12 vitesses à triple plateau, il serait chargé de faire régulièrement le tour du village. Son rôle serait d’informer la population et collecter les doléances.
Le maroquin de ministre à la communication serait confié au facteur.
Il garderait le privilège de sa voiture jaune dans la limite des stocks d’essence.
Une personne de confiance devra rapidement être choisie parmi les commères notoires.
L’objectif est de construire un efficace service d’espionnage. Les discussions achoppent sur le choix du nom, chacun préférant mettre à ce poste ultra-sensible quelqu’un de ses proches. On les comprend …Notre bon vieux calendrier grégorien serait abrogé et remplacé par le calendrier maya.
Le 21 décembre 2012 deviendrait le jour 1 d’une ère nouvelle.
Un exemplaire, imprimé sur le modèle de celui des postes, serait distribué gratuitement à chaque habitant. Ceci, dès le cours préparatoire.On ne mégotera pas sur la santé. La création d’un hôpital est prévue. Il sera installé dans un hangar agricole ultra moderne, financé avec force subventions européennes. Son propriétaire, opposant notoire, en serait expulsé en même temps que ses brebis. Ces dernières moins chanceuses seront destinées à alimenter en côtelettes tendres et juteuses, le premier banquet républicain de l’ère nouvelle. Les box de stabulation débarrassés de leur crottin, seraient aménagés en chambres individuelles.
Des petites annonces ont été déposées pour recruter un médecin.
Parmi la pléthore de candidatures reçues, celle d’un vétérinaire béninois, un peu sorcier a été retenue. Ce dernier détail a fait la différence.Il sera assisté d’une équipe de personnel soignant, recrutée parmi les secouristes bénévoles à jour de leur recyclage par les pompiers.
La maternité sera certainement le premier service à fonctionner. La première parturiente sera vraisemblablement la petite X. Elle arbore fièrement un ventre ne laissant aucun doute sur son état.
Madame Y, pressentie au service d’espionnage se vante d’avoir tout vu derrière ses volets. Elle se refuse à donner le nom du père mais affirme que selon ses calculs la naissance devrait survenir le 21, au plus tard le 22.
La chapellerie et le tourisme seront les deux mamelles de l’économie locale.
La confection de couvre-chefs est une ancienne spécialité artisanale de Bugarach. Il faut remonter à Louis XIV pour en trouver l’origine. À cette époque, quelques bugarachois, prisonniers en Silésie, y apprirent l’art du chapeau. À leur libération, ils ramenèrent leur savoir faire au pays.
Le problème des débouchés sera réglé par la loi. Chaque habitant sera tenu de changer de couvre chef selon l’activité. Un chapeau pour travailler, un autre pour se reposer, un autre pour conter fleurette, etc. Les activités au noir (réalisées tête nue), seront passibles d’amende.
La question du tourisme est plus complexe.
Le Syndicat d’initiative deviendrait le ministère du tourisme.Aux dires des responsables, les atouts de la région sont considérables. De nombreux produits sont à l’étude. Une des possibilités serait la visite du légendaire royaume souterrain de l’Agartha, dont on dit qu’il existe sous le village. Il serait peuplé de lémuriens et servirait de parking à des soucoupes volantes. Dès l’ouverture des entrées secrètes, les visites pourront commencer. Dans le meilleur des cas vers le début de l’année si des travaux d’aménagements sont nécessaires.
On parle aussi de l’ascension du Pic de Bugarach en colimaçon pour faire durer. Un vaste plan de formation au Maya ancien sera mis en place. Quant à la clientèle nouvelle des extra-terrestres, aucune étude n’existe sur le sujet.
Il est prévu qu’un « Ovni port » pour soucoupes volantes soit installé sur un terrain plat proche du village.
Comme on le voit, à Bugarach tout est prêt pour la fin du monde. Pourvu qu’elle ait lieu !
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