Créé 20-12-2012 19:43 | Mis à jour 20-12-2012 22:22
A Bugarach, la fin du monde attendra
REPORTAGE - Bugarach, dans l'Aude, serait le village épargné par la fin du monde. Metro s'est rendu sur place
Au pied du village, "la piste
d’atterrissage pour la soucoupe volante est prête", nous explique un
passant. Les symboles, placés en cercle, sont bien visibles du ciel.
Bienvenue à Bugarach, petit village de 200 âmes perdu dans l'Aude, qui
s'est forgé en quelques années, et grâce au concours d'Internet, une
réputation et un destin : celui d'échapper à la fin du monde. Pourtant,
ici, à la veille du jour J, c'est comme si la fin du monde avait déjà eu
lieu.
Au milieu des gendarmes venus en
grand nombre, les 244 journalistes accrédités déambulent comme des âmes
en peine dans les quelques rues de la bourgade, quasi-déserte. Tous
fondent sur les quelque s passants qui portent un poncho, à la recherche
d'"illuminés" qui auraient réussi à passer au travers de l'important
dispositif de sécurité. Et en discutant avec les quelques promeneurs, la
voie de la raison a parfois du mal à s'y frayer un chemin. Parmi eux,
Alain, la soixantaine. Sa flûte en bois accrochée à son grand poncho,
coiffé de son chapeau à plumes, l'homme espère que ce 21 décembre 2012,
"l'humanité va rebattre les cartes : nous nous rendrons compte que l'on
peut vivre de rien", explique le vieux baroudeur. "Un nouvel ordre
mondial, enfin". Qui pourrait, selon les croyances, intervenir à 00h36
ou 1h34 du matin.
"La Paix va nous envahir"
A en croire beaucoup, donc, ce n'est
pas l'Apocalypse qu'il faut attendre le 21 décembre, mais bien "le début
d'un ère nouvelle". Bugarach est, aux yeux de tous, non pas un refuge
("ça c'est ce que vous dites, vous les journalistes" nous dit-on), mais
un lieu d'inspiration. Comme pour Patrick, un habitant du village au
sourire permanent. Amateur de spiritualité, il le sait : ce 21 décembre,
"tout va s'ouvrir en chacun de nous". "Le monde sera bon, sera beau, la
Paix va nous envahir", nous affirme-t-il en moulinant l'air avec ses
bras. Nous voilà rassurés.
René*, lui, "ira boire un coup chez
ses voisins, comme d'habitude". Pour ce retraité du coin, "tout ce
cirque doit cesser". "Fatigué" par le ramdam des médias, il dit attendre
la fin avec impatience. Pourtant, quand on le croise un peu plus tard,
il s'avère que René* a pris place derrière le comptoir de la "Bug'
boutique", un stand éphémère en bonne place devant la mairie, vendant
des tee-shirts et autres souvenirs du Pic, sous les caméras des
télévisions anglaises et japonaises. Incontestablement, à Bugarach,
royaume de l'absurde, c'est le triomphe du buzz.
*le prénom a été modifié.
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