Bugarach Fin du monde : ils ont sauvé douze cépages roussillonnais
Le 13 décembre à 6h00 par Jean-Paul Pelras | Mis à jour le 13 décembre
Equipés pour la circonstance de nœuds papillons, c'est Robert Tricoire et Fernand Baixas, tous deux grands disciples de Bacchus, qui sont chargés d'officier alors que, déployés derrière une banderole de circonstance, le reste de l'équipe se recueille dos tourné au Pech de Bugarach désormais symbole de toutes les prophéties.
"Un petit geste pour l'homme, un grand geste pour l'humanité"
L'heure est grave. Et au moment où nos deux vignerons lèvent une borrona (comprenez barre à mine) datant du XVIe siècle pour forer cette terre désormais comparable à celle où Noé se réfugia sur le mont Ararat, chacun ici retient son souffle et son émotion.
Car il s'agit de sauver des millénaires de culture pour qu'adviennent encore des siècles de futailles, de jéroboams, de dames jeannes, de salmanazars sous les rameaux et les pampres de ceux qui survivront peut-être à la redoutable prédiction. Celle qui annonce la fin du monde partout ailleurs à l'aune du 21 décembre prochain. A ce moment-là, sans savoir s'il faut attribuer la formule à Jacques Paloc, à Pierre-Henri de la Fabrègue ou à Michel Molins, quelqu'un lance cette phrase dans l'unanimité du recueillement : "Un petit geste pour l'homme, un grand geste pour l'humanité"
Considérations solides et liquides
Chacun en convient alors, il faut se réchauffer. Car deux petits degrés
seulement courent au-dessous de zéro. Une rasade de vin doux naturel et
deux tartines de fricandeau plus loin, la plantation reprend. La terre
est dure, mais nos hommes, tous nés pour la plupart en 1952, année où
fut diffusé Le petit monde de Don Camillo, ont la foi. Ils savent,
depuis qu'ils se rencontrent régulièrement du côté du Rombeau ou au mas
Sainte-Barbe pour échanger quelques indispensables considérations
solides et liquides, que seuls l'épicurisme et la dérision peuvent avoir
raison du pire. Il est 12 h 20. La vigne sans droits, ni déclarations
est plantée. Advienne que pourra. Advienne que porro. C'est à 12 h 12 le
12/12 que les libres penseurs viticoles ont officié dans la plus grande
solennité".Les douze cépages
Issus d'une sélection mûrement réfléchie les douze cépages plantés au pied du Pech de Bugarach sont, selon Robert Tricoire et Fernand Baixas, seuls responsables de l'énumération déclinée ci après : « Du mourvedre sur porte greffe R110, du grenache blanc, du xaloc, du Jaumet W 2012, du grenache noir sur du R99, du canin sur du 804, du grenache gris en direct franc de pied, du marestel, du malvoisie, du grenache palut et du carignan N116.Tous ces racinés ont été arrosés avec de l'eau gazeuse conservée en borratxa pour optimiser la reprise. Précisons que nous avons incorporé une solution d'épine vinette qui permet de prévenir contre les éventuelles attaques d'oïdium ou de mildiou ».
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