samedi 25 octobre 2025

LES BALADES DU BIBLIOTHÉCAIRE : Allons à ZOHAR

  


 

Le village de Zohar appartient à l’un des poèmes les plus “ruraux” et inquiétants du cycle, The Howler (Celui qui hurlait, sonnet XXII). C’est un de ces textes où Lovecraft relie la Nouvelle-Angleterre hantée à ses thèmes cosmiques, en mêlant superstition paysanne, damnation héréditaire et terreur d’un autre âge.


🪓 ZOHAR

Type : Village abandonné du comté d’Essex (Massachusetts imaginaire)
Source : Fungi from Yuggoth, sonnet XXII, The Howler (1929)
Auteur : H. P. Lovecraft


They told me not to take the Briggs’ Hill path
That used to lead to Zohar and the mill,
But I was young and fiery, and I laughed
And told them I would see the haunted hill…

Then when I saw the windows in that place,
And the four-legged thing with human face,
I could not speak or scream or even pray.

(Traduction libre)

On m’avait dit d’éviter le sentier de Briggs’ Hill,
Qui jadis menait à Zohar et à son moulin.
Mais jeune et bravache, je riais,
Et jurai d’affronter la colline hantée…

Mais lorsque je vis, derrière les vitres crasseuses,
La chose à quatre pattes et visage humain,
Je ne pus ni parler, ni prier, ni hurler.


Contexte et légende

Lovecraft situe Zohar dans une région reculée, non loin d’Arkham, au bout d’un chemin abandonné (Briggs’ Hill Path), envahi de broussailles et bordé de murets effondrés.
Le village fut autrefois prospère grâce à un petit moulin sur la rivière, mais on raconte que Goody Watkins, une vieille femme accusée de sorcellerie, y fut pendue en 1874. Après sa mort, la localité sombra dans le silence : les habitants disparurent, les maisons se vidèrent, et les rares visiteurs entendirent, la nuit, un hurlement inhumain venu du moulin.

Certains dirent que Goody Watkins avait engendré une créature abominable — un enfant démoniaque, à moitié humain, à moitié animal — qui serait resté, seul, dans une des maisons en ruine, hurlant à la lune pendant des décennies.


Analyse

“Zohar” joue sur la double résonance du mot :

  • hébraïque (Zohar signifie “Splendeur”), allusion ironique à la Kabbale et aux mystères occultes ;
  • locale, renvoyant à un lieu réel imaginaire du Massachusetts, une de ces “zones mortes” que Lovecraft affectionne.

Le poème évoque une peur ancienne, enracinée dans la terre : ce n’est pas un monstre cosmique, mais une souillure transmise, un vestige maudit de l’humanité primitive — un thème qu’on retrouvera dans The Lurking Fear ou The Dunwich Horror.

Les érudits de la Fondation Wilmarth notent que “Zohar” serait le toponyme codé d’un ancien hameau proche de Dunwich, peut-être fondé par une communauté puritaine dissidente disparue vers 1880. Le Bulletin archéologique de la Miskatonic (n°12, 1935) mentionne “les ruines du moulin de Zohar”, visitées par le Professeur Wilmarth lui-même.


💀 Note pour l’Encyclopedia Occultae :

ZOHAR (Mass., Essex County) – Village disparu mentionné dans The Howler. Déserté après 1874, date de la pendaison de Goody Watkins, accusée d’avoir “appelé les bêtes des ténèbres à s’unir à l’homme”. Le moulin, encore visible au début du XXᵉ siècle, aurait servi de repaire à une créature hybride. Plusieurs expéditions de la Miskatonic (1919–1932) ont signalé des sons de hurlements semblables à des voix humaines provenant des collines avoisinantes.

 


 

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