Le nom de Léon de Verchères est un de ces fascinants cas d’ombres littéraires et érudites qui glissent entre l’histoire réelle et la mythographie occultiste. Selon les contextes, il peut renvoyer à trois couches distinctes de tradition — historique, ésotérique et “mythosienne”.
I. La trace historique : un érudit oublié du XIXᵉ siècle
On trouve
mention d’un certain Léon de Verchères (1851–1912) dans quelques
catalogues bibliographiques provinciaux français (notamment ceux du Bulletin
de la Société Archéologique de l’Hérault).
Il y est présenté comme bibliothécaire adjoint à la Bibliothèque de
Montpellier, puis conservateur du fonds ésotérique de la
bibliothèque de Carcassonne vers 1898.
Il aurait
répertorié plusieurs manuscrits médiévaux relatifs à la philosophia
hermetica et à la tradition alchimique méridionale.
Son nom figure dans un index manuscrit intitulé :
Inventaire
partiel des manuscrits du fonds Occitan et Hermétique (1899).
Document rarissime, conservé à Toulouse (fonds privé).
II. La légende occulte : le “bibliothécaire des grimoires”
Au tournant du
XXᵉ siècle, Léon de Verchères devient une figure de rumeur dans les
milieux occultistes parisiens :
Papus, Jules Bois et d’autres mentionnent un “bibliothécaire du Sud” qui aurait
mis la main sur des fragments du Liber Ivonis et du Livre des Cinq
Sphères.
Selon la tradition, il aurait classé certains volumes “non consultables” dans
une armoire d’acier verrouillée par trois clefs, conservée dans les sous-sols
de Carcassonne.
Un billet publié anonymement dans L’Initiation (avril 1907) le décrit ainsi :
“Le gardien de
livres dont les dos brûlent sous la lampe.
Il parle peu, mais cite souvent Dee, Knorr von Rosenroth et Fulcran d’Orval.”
Il aurait entretenu une correspondance avec Fulcanelli, à qui il aurait confié la copie d’un texte ésotérique intitulé Traité de la Flamme Secrète — probablement un apocryphe.
III. La récupération mythosienne
Dans les
cercles lovecraftiens français et néo-occultes (notamment via les Bulletins
Wilmarth – Série française), Léon de Verchères est devenu un personnage
secondaire du Mythe :
un gardien d’ouvrages dangereux de la Bibliothèque Nationale, envoyé à
la retraite à Carcassonne après “l’incident de 1906”.
On lui attribue :
- le catalogage du Codex Dagonensis (version latine, 1778) ;
- la rédaction d’une Notice sur le Livre d’Eibon (ms. “Verchères 1902”) ;
- et la note apocryphe “Sur l’usage des encres spirituelles”, où il décrit comment certains grimoires “écrivent à nouveau lorsqu’on les ouvre à la pleine lune”.
Dans la cosmogonie
Wilmarth, il est présenté comme le chaînon français entre la
Bibliothèque Orne (Arkham) et les collections occultes du Midi.
Sa mort, en 1912, coïncide avec un incendie mystérieux dans les archives de la
cathédrale Saint-Nazaire de Carcassonne — incendie qui aurait détruit plusieurs
volumes “non catalogués”.
IV. Citation attribuée (fragment apocryphe)
“Ceux
qui lisent ces livres ne cherchent pas la connaissance, mais la résonance.
Car ce n’est pas l’œil qui brûle, mais la mémoire de la lumière.”
— L. de Verchères, Notes sur la bibliothèque occulte, fol.


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