“St. Toad’s” (Sonnet XXIX des Fungi from Yuggoth)
“Into the
churchyard where the saints have trod,
I wandered, seeking dreams and worlds of God;
But came instead to streets of endless stone,
Where Toad of Night held court upon his throne…”
(Traduction libre :
« Dans le
cimetière où passèrent les saints,
Je cherchai des songes et les mondes de Dieu ;
Mais je trouvai plutôt des rues sans fin,
Où le Crapaud de la Nuit tenait sa cour sur son trône… »)
🕸️ Le sens du poème
Lovecraft
évoque ici une expérience de rêve ou de transe, où le narrateur entre
dans un espace sacré — l’église ou le cimetière de Saint-Toad — et s’y
retrouve aspiré vers une cité labyrinthique.
Les vieillards qui l’avertissent du “cracked bell of Saint-Toad” (le carillon
fêlé) semblent être des esprits ou des anciens adorateurs déchus.
Le “carillon
fêlé” symbolise la cassure entre le sacré et le profane — le moment où le
culte du Toad remplace celui du Christ.
C’est la corruption du son divin en un écho démoniaque.
🐸 Saint-Toad, figure ambiguë
“Saint-Toad”
est évidemment ironique : il ne s’agit pas d’un saint chrétien, mais
d’une déformation hérétique.
Le “saint” est ici une divinité déguisée, souvent identifiée, dans les
exégèses postérieures (notamment par Robert M. Price et Lin Carter), à un
avatar du dieu Tsathoggua — le crapaud endormi, dieu des ténèbres
chthoniennes.
D’où l’association entre “Toad” et les profondeurs, l’obscurité visqueuse, la torpeur éternelle.
Dans la tradition mythe-hermétique (Institut Mytho-Hermétique de Bugarach, Bulletin XII), Saint-Toad représente :
«
L’intermédiaire monstrueux entre la foi et la boue,
celui qui trône dans les cryptes de l’âme,
et dont la cloche fissurée annonce le retour des dieux limoneux. »
🏰 La Ville Labyrinthique
Le rêveur est
mené à travers une ville où les rues se referment sur elles-mêmes, un symbole
classique du labyrinthe spirituel.
Chaque carrefour devient une impasse, chaque porte ouvre sur un mur.
C’est la topographie du cauchemar, comme si Lovecraft projetait une cité
gothique inversée, comparable à une R’lyeh urbaine.
La Flèche Noire qu’il aperçoit à la fin du poème est souvent interprétée comme :
- soit le clocher noir de Saint-Toad, dernier vestige du temple maudit,
- soit le pilon sacré du dieu Tsathoggua, dressé au cœur d’un rêve corrompu.
📜 Lecture ésotérique bugarachienne
« Saint-Toad
est la première Eglise du Renversement :
là où la foi s’effondre dans le sommeil des pierres.
Son carillon n’appelle pas les vivants,
mais réveille les dormeurs du sol noir. »
— (Commentaire de Frère Armand Ferri, Le Carillon de la Nuit, 1995)


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