PAZUZU
Origine : Mésopotamie
(Assyrie, Babylone, Ier millénaire av. J.-C.)
Fonction : Roi des démons du vent, gardien contre les esprits du Sud
Attributs : Protection, maladie, pestilence, tempête
Apparitions modernes : L’Exorciste (1971, William Peter Blatty), Necronomicon
apocryphes, et certains textes pseudo-archéologiques d’inspiration
lovecraftienne
Une note de Natacha, illustrations de Samantha
1. Le démon antique
Dans la
mythologie assyro-babylonienne, Pazuzu est une entité paradoxale.
Son nom apparaît dans de nombreuses tablettes d’incantations retrouvées
à Ninive et à Babylone. Il est qualifié de :
“Fils de Hanpa, roi des mauvais vents qui soufflent du désert.”
Son image était connue :
- corps d’homme
- tête de lion ou de chien
- ailes d’aigle
- queue de scorpion
- griffes de rapace
- et souvent, pénis en forme de serpent.
Cette
iconographie composite exprime le chaos des forces naturelles qu’il incarne.
Mais contrairement à un démon strictement maléfique, Pazuzu servait aussi de
talisman protecteur : son effigie, portée en amulette, repoussait
Lamashtu, déesse monstrueuse qui tuait les nouveau-nés.
Ainsi, dans les rituels mésopotamiens, on invoquait Pazuzu pour chasser un mal plus grand encore — paradoxe qui fascinera plus tard les occultistes.
2. Pazuzu et la culture ésotérique moderne
Au XIXᵉ
siècle, son nom refait surface dans les travaux des assyriologues comme Layard
et Rawlinson.
Mais c’est le XXᵉ siècle qui lui redonne vie :
- dans les cercles théosophiques et néo-sumériens (où il devient une figure du “gardien des seuils”) ;
- puis, bien sûr, par The Exorcist (1971–73), où William Peter Blatty et William Friedkin en font le démon du vent venu d’Assyrie, possédant Regan MacNeil.
Là, il n’est plus l’esprit protecteur de Lamashtu, mais l’incarnation du mal pur — inversion symbolique classique dans l’ésotérisme occidental : ce qui protège devient suspect, ce qui apaise devient corrupteur.
3. Pazuzu et le Mythe lovecraftien
Bien que Lovecraft ne mentionne jamais Pazuzu directement, plusieurs érudits du Mythos étendu (notamment Derleth et Lumley) ont tissé des rapprochements :
- le vent du désert évoque les “Winds of Leng” ou les puissances de Nyarlathotep sous sa forme du Pharaon Noir ;
- certains grimoires (notamment le Liber Ivonis ou le De Vermis Mysteriis) font allusion à des formules de vent ou à un “Seigneur ailé de l’Est” identifiés par des commentateurs ultérieurs à Pazuzu ;
- dans le Codex Dagonensis (version Arkham, 1935), une marginale latine évoque :
“Pazuzu ventorum dominus, frater illis qui
clamant in deserto Leng.”
(“Pazuzu, seigneur des vents, frère de ceux qui hurlent dans le désert de
Leng.”)
Dans cette optique, Pazuzu devient une entité transitionnelle, un démon pré-humain antérieur à la séparation des cultes — un ancêtre mésopotamien des puissances du Dehors.
4. Iconographie
Les
archéologues ont retrouvé plusieurs statuettes d’exorcisme en bronze ou
en terre cuite (VIIᵉ–VIᵉ s. av. J.-C.), dont la plus célèbre provient de Nimrud
(aujourd’hui au Louvre).
Elle représente Pazuzu brandissant sa main droite pour repousser le mal, la
gauche abaissée pour le contenir — un geste qui rappelle les “mudrās”
protecteurs d’Asie.
Dans le Golden Goblin Catalog, 1928, il est répertorié sous l’intitulé :
“Figurine of Pazuzu, Lord of the Desert Winds – From an Assyrian Tomb near Mosul, 700 BC. Effects on witnesses undetermined.”
5. Symbolique
Pazuzu incarne la dualité des forces occultes :
“Le démon que
l’on invoque contre les démons.”
Il est le gardien du seuil, celui qu’on redoute mais qu’on prie quand
tout le reste échoue.


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