Les Jardins
de Yin constituent l’un des sonnets les plus raffinés et étrangement
mélancoliques des Fungi from Yuggoth — le sonnet XXV, intitulé The
Gardens of Yin.
Lovecraft y déploie sa veine onirique la plus pure, entre nostalgie d’un âge
d’or perdu et pressentiment d’un interdit cosmique. C’est une vision d’ailleurs
lumineux et mort, à la fois paradisiaque et spectral.
🌸 Les Jardins de Yin
Source : Fungi from
Yuggoth, sonnet XXV – The Gardens of Yin
Auteur : H. P. Lovecraft (1929–1930)
I saw a
delicate pavilion rise
In a bright garden where the early moon
Cast shadows of fantastic walls and towers,
And silver terraces in silent bloom.
Strange steeps
and terraces and temple-courts,
And the pale garden where the moonlight fell;
And now I walk forgotten paths of old,
Where once men found the Gardens of Yin.
(Traduction libre)
J’ai vu
s’élever un pavillon délicat
Dans un jardin brillant où la lune précoce
Projette l’ombre de tours et de murailles fantastiques,
Et des terrasses d’argent fleuries dans le silence.
Escaliers
étranges, terrasses et temples,
Jardin pâle où tombait la clarté lunaire ;
Et maintenant je foule des sentiers oubliés,
Où jadis les hommes trouvèrent les Jardins de Yin.
Analyse et contexte
Les Jardins
de Yin appartiennent à la série des “poèmes de l’ailleurs”, avec The
Lamp, The Window ou The Book.
Le narrateur, dans un état proche du rêve éveillé, semble franchir le seuil
d’un pays immémorial, d’un royaume lunaire où s’épanouissent des
fleurs d’argent et des pavillons translucides.
Le ton est celui d’une nostalgie métaphysique : on devine qu’il s’agit
d’un lieu perdu du Temps, peut-être un fragment des Contrées du Rêve, ou
même un écho de Kadath avant sa chute.
Certains exégètes (notamment Lin Carter et Robert Price) ont suggéré que Yin et Yang sont ici des pôles symboliques :
- Yin, la beauté figée, féminine, lunaire, éternelle mais stérile ;
- Yang, le
mouvement vital, solaire, absent de cette scène.
Le poème ne décrit pas un paradis, mais un monde fossilisé, où la beauté est devenue tombe.
Interprétation mythique
Dans les
archives de la Fondation Wilmarth (Bulletin interne, vol. II, 1936), les
“Jardins de Yin” sont rapprochés d’un “royaume cristallin du Pôle Lunaire”,
mentionné dans les Fragments Pnakotiques : un lieu où les âmes en dérive
voient, avant leur dissolution, les reflets de leurs vies passées figés dans
des fleurs de sel et d’argent.
Selon une note apocryphe attribuée à Randolph Carter, Yin serait une
station intermédiaire entre le monde du rêve et Kadath, visible seulement à
ceux qui ont “oublié le soleil du matin”.
💀 Note pour l’Encyclopedia Occultae :
YIN, Jardins de — Domaine lunaire ou onirique décrit dans le sonnet XXV des Fungi from Yuggoth. Pavillons d’argent, escaliers et terrasses sous la lumière bleue d’une lune éternelle. Lieu de transition entre la vie et le rêve, fréquenté par les “errants de la mémoire” avant leur dissolution. Mention connexe : Liber Ivonis, “Chapitre des reflets de cristal”.
Merci à Natacha et à Samantha pour leurs recherches.


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