ZAMAN HILL
The Hill of
Zaman – Colline de Zaman
Mentionnée par H. P. Lovecraft dans le poème The Ancient Track
(1929)
(publié dans Weird Tales, vol. 15 n° 3, novembre 1930)
Note préparée par Natacha et Samantha
1. Contexte littéraire
The Ancient
Track est l’un des poèmes les plus riches en imagerie géographique du Massachusetts
mythique de Lovecraft.
Il y mêle les éléments d’une topographie rêvée (Kingsport, Dunwich,
Arkham) et ceux d’un paysage intérieur, métaphore du passage vers
l’inconnu.
Dans le texte,
le narrateur s’égare sur « une piste très ancienne », menant au-delà du monde
des hommes.
À deux miles de Dunwich, il remarque un panneau indicateur :
“Two miles to Dunwich, by the way that leads / o’er Zaman’s hill…”
C’est la seule mention directe de la Colline de Zaman dans l’œuvre canonique de Lovecraft.
2. Lecture topographique et symbolique
La colline se
dresse donc entre la vallée de Dunwich et une contrée plus reculée,
véritable seuil entre le réel et l’invisible.
Le promeneur y découvre une vallée maudite, peuplée de brumes et de
ruines, que Lovecraft décrit comme :
“a valley where dead years dream eternally.”
Ce vers, d’une densité métaphysique rare, associe Zaman Hill à la géographie du temps mort — un espace où le passé s’accumule, où les époques se plient comme des strates de cauchemar.
3. Interprétation ésotérique
Le nom Zaman
n’est pas anodin.
En arabe, zamān (زمان) signifie le temps.
Lovecraft, amateur d’étymologies orientales (voir ses correspondances avec
Barlow et Morton), a probablement choisi ce nom pour évoquer le temps
cyclique, pré-humain, antérieur à la mémoire.
Ainsi, Zaman’s Hill serait littéralement la Colline du Temps — ce qui correspond à ton observation : la vallée qu’elle domine est une vallée de mort et d’oubli, une nécropole du temps lui-même.
4. Perspectives mythologiques
Le lieu, bien qu’apparaisse dans un poème, est souvent intégré dans la topographie fictionnelle du Mythe, notamment :
- dans les cartes apocryphes de la vallée de la Miskatonic (Armitage Collection, Arkham, 1935),
- dans le Gazetteer of the Lovecraft Country de Robert M. Price,
- et dans plusieurs éditions critiques de S. T. Joshi, où Zaman Hill est placé au sud-est de Dunwich, sur la route vers Arkham.
Certains
exégètes, comme Kenneth W. Faig Jr., voient dans Zaman Hill un écho à
Sentinel Hill, autre lieu d’ouverture cosmique.
Mais ici, l’accès n’est pas rituel : il est poétique, provoqué par la
dérive du rêveur.
5. Dans la tradition occulte
Les Bulletins Wilmarth (série verte, n° 8) interprètent la colline comme un point d’ancrage mémétique :
« Le voyageur qui gravit Zaman Hill perçoit la rémanence des ères disparues ; la colline conserve les échos vibratoires des siècles préhumains. »
Le Codex
Dagonensis (fol. 42a) nomme un lieu “Tzaman’el”, « la hauteur des
morts qui rêvent », possible ancêtre du toponyme.
Des chercheurs modernes (notamment Bergier, Planète, 1966) y voient une figure
de correspondance avec la notion de “mémoire fossile du monde”.
6. Citation intégrale (vers principaux)
Over old hills
and fields by haunted ways,
By twisted trees and walls of ancient stone,
And the small brook that marks the bound of days,
I followed where the signs of men had flown.
Two miles to Dunwich by the way that leads
O’er Zaman’s Hill…
7. Références
- H. P. Lovecraft, The Ancient Track, 1929 (Weird Tales, nov. 1930)
- H. P. Lovecraft, Poetry and the Gods: The Complete Verse of HPL, éd. S. T. Joshi, Night Shade Books, 2001
- Bouquins / Robert Laffont, Tome II, 1991, trad. F. Truchaud
- Bulletins Wilmarth, série verte, n° 8 : « Toponymie sacrée de la Miskatonic »
- Planète / O.D.S., n° 28 (1966), J. Bergier, « Les collines qui mangent le temps"


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