mardi 30 septembre 2025

À LA MÉMOIRE D'UN MARIN COURAGEUX : GUSTAF JOHANSEN

 


 

Gustaf Johansen

Nom complet : Gustaf Johansen
Nationalité : Norvégien
Profession : Second officier à bord du Emma (navire marchand norvégien)


Rôle dans l’histoire

Johansen est celui qui nous donne le témoignage direct de la confrontation avec Cthulhu.

  • En mars 1925, son navire, le Emma, croise le chemin d’un yacht mystérieux, le Alert, appartenant à un groupe de cultistes.
  • Après un combat acharné en mer, les survivants du Emma prennent possession du Alert et décident de suivre la route du navire ennemi.
  • Ils accostent sur une île anormale récemment émergée, qui se révèle être R’lyeh.

Johansen décrit :

  • La géométrie cauchemardesque de la cité cyclopéenne.
  • L’ouverture d’une porte colossale et la sortie de Cthulhu en personne.
  • La fuite désespérée de l’équipage, poursuivi par l’entité.
  • La collision volontaire du Alert avec la tête de Cthulhu, le faisant éclater en une masse visqueuse avant qu’il ne se reconstitue.

Johansen est le seul survivant de l’expédition.


Conséquences

De retour en Norvège, Johansen est profondément marqué :

  • Il consigne les événements dans un journal manuscrit (la “narration Johansen”) destiné à sa femme, pour le cas où quelque chose lui arriverait.
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  • Il meurt peu après dans des circonstances suspectes (chute depuis un quai — possiblement poussé par des adorateurs de Cthulhu).
  • Son journal tombe entre les mains de Francis Thurston, qui l’utilise pour compléter le dossier de son grand-oncle Angell.

Symbolique

Johansen représente l’homme ordinaire confronté à l’indicible.

  • Son récit, à la première personne, est le sommet dramatique de la nouvelle : c’est le moment où le Mythe cesse d’être une rumeur pour devenir une réalité concrète.
  • Sa mort mystérieuse, comme celle d’Angell, renforce l’idée que les forces du Mythe sont actives et éliminent les témoins gênants.
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  •  Merci à Natacha et à Samantha.

 

lundi 29 septembre 2025

LE CANCER DE LA SUPERSTITION : LE LIVRE INACHEVÉ DE LOVECRAFT

 


 Merci à Natacha et à Samantha 

 

📜 Genèse du projet

Au début des années 1920, Houdini était en pleine croisade contre le spiritisme et les pratiques occultes frauduleuses qui proliféraient après la Première Guerre mondiale. Beaucoup de médiums exploitaient la douleur des familles endeuillées pour leur soutirer de l’argent, en prétendant communiquer avec les morts. Houdini, qui avait perdu sa mère adorée, assistait parfois incognito à ces séances et les démontait ensuite publiquement.

Il voulut aller plus loin : publier un livre qui dénoncerait systématiquement les superstitions à travers l’histoire, depuis l’Antiquité jusqu’aux charlatans modernes.

✍️ Lovecraft et le manuscrit

Houdini engagea Lovecraft comme ghostwriter pour ce projet. Lovecraft devait structurer et rédiger l’essentiel du texte, en collaboration avec un autre auteur, C. M. Eddy Jr.

Les notes de Lovecraft montrent qu’il avait prévu un ouvrage en plusieurs chapitres :

  • Origines de la superstition : mythes primitifs, peur de la mort et de l’inconnu.
  • Superstitions de l’Antiquité : oracles, sacrifices, astrologie.
  • L’Âge médiéval : sorcellerie, démonologie, procès en sorcellerie.
  • Superstitions modernes : spiritisme, fantômes, médiums, vampires, loups-garous…
  • Appel à la raison : la science comme outil de libération de l’esprit humain.

Lovecraft, rationaliste convaincu, y voyait l’occasion de défendre sa vision matérialiste de l’univers. Dans ses notes, il raille aussi bien les superstitions « vulgaires » que les dogmes religieux établis, qu’il considérait comme des prolongements de la peur primitive.

📚 Le projet inachevé

La mort de Houdini en octobre 1926 mit fin au projet. Lovecraft n’en rédigea que quelques sections et un plan détaillé.
Ces fragments ont été retrouvés bien plus tard et publiés de manière posthume :

  • En 1966, un article de la revue The Collector’s Library of the Unknown révéla un chapitre intitulé « The Genesis of Superstition » (attribué à Lovecraft et Eddy).
  • D’autres fragments, notes et ébauches ont été publiés dans des fanzines ou des ouvrages érudits sur Lovecraft.

🔍 Importance pour les lovecraftiens

Ce texte éclaire :

  • La pensée de Lovecraft : c’est l’une de ses professions de foi rationalistes les plus explicites.
  • Son intérêt pour l’histoire des croyances : il réemploiera ce matériau pour nourrir son univers (sorcellerie de Salem, cultes anciens, mythes pseudo-historiques).
  • Le lien entre Houdini et Weird Tales : cette commande a permis à Lovecraft de se rapprocher davantage du cercle de Farnsworth Wright, et donc de publier davantage dans le magazine.


LE CANCER DE LA SUPERSTITION

 

Chapitre IV – Superstitions de la Nouvelle-Angleterre

 

Introduction

La Nouvelle-Angleterre, berceau puritain des colonies américaines, se distingue par l’étrange persistance de croyances archaïques. Ces survivances – parfois plus anciennes que les Pères Pèlerins eux-mêmes – ont trouvé un terrain fertile dans les vallées brumeuses et les villages isolés du Massachusetts et du Rhode Island. La superstition y a proliféré telle une moisissure sur un vieux tronc d’orme : discrète mais insidieuse, toujours prête à réapparaître lorsque l’esprit humain faiblit devant l’ombre de l’inconnu.


I – Héritage des Puritains

L’obsession religieuse des premiers colons engendra un climat mental où tout phénomène inexplicable était interprété comme une intervention démoniaque. Les archives de Salem (1692) révèlent que des épidémies de convulsions, aujourd’hui reconnues comme hystériques ou toxiques, furent attribuées aux maléfices de « sorcières ».
Les sermons de Cotton Mather et de ses pairs firent de la Nouvelle-Angleterre un véritable théâtre de la démonologie. Les sorcières, pactisant avec le Diable dans les bois de Gallows Hill, étaient supposées provoquer les tempêtes, tarir les laits et faire dépérir le bétail.

II – Revenants et Apparitions

À côté de cette hantise diabolique, se développa la croyance en revenants, surtout dans les campagnes reculées du Vermont et du Rhode Island.
De nombreux récits mentionnent des familles exhumant un parent soupçonné d’être devenu vampire : on brûlait le cœur du cadavre pour enrayer une « consomption » mystérieuse, en réalité la tuberculose.
Jusqu’en 1892, le cas de Mercy Brown, à Exeter, provoqua l’émoi dans tout l’État. Ce sont là les derniers feux d’une tradition sépulcrale qui plonge ses racines dans les superstitions slaves importées par les immigrants.

III – Superstitions rurales

Le paysan yankee, bien que lecteur de l’Almanach du Fermier, garde encore un respect craintif pour certaines pratiques :

  • Enterrer une pièce d’argent sous le seuil pour protéger la maison.
  • Suspendre des fer à cheval au-dessus de l’étable.
  • Ne jamais abattre un orme isolé, de peur d’y déranger les esprits.

Ces croyances, qui peuvent paraître pittoresques, ne sont que des vestiges d’un monde où l’homme se croyait assiégé de forces invisibles.

IV – L’Œil de la Science

L’étude moderne de ces phénomènes nous révèle qu’ils ne sont que les échos de peurs collectives, de crises psychologiques et de phénomènes naturels mal compris.
Ce que les Puritains prenaient pour des sabbats n’étaient que des crises d’hystérie collective.
Ce que les paysans appelaient vampires n’étaient que des victimes de la phtisie pulmonaire, conservées par l’hiver rigoureux.
En dissipant ces ombres, la science n’appauvrit pas notre monde : elle nous délivre de la tyrannie du cauchemar et rend à l’homme la plénitude de sa raison.

Conclusion

La Nouvelle-Angleterre, aujourd’hui siège de prestigieuses universités, n’est plus le théâtre de chasses aux sorcières ni d’exhumations nocturnes. Pourtant, sous la surface policée de la civilisation, l’ancien sol demeure riche en superstitions prêtes à germer de nouveau à la faveur d’un moment d’effroi collectif.
C’est pourquoi l’éducation rationnelle, la vulgarisation scientifique et la vigilance contre les charlatans restent les seules armes efficaces contre ce que nous avons appelé, à juste titre, le cancer de la superstition.

 

dimanche 28 septembre 2025

THOMAS OLNEY EN VILLÉGIATURE À KINGSPORT

 


Who’s Who du Mythe

Professeur Thomas Olney

 

Une notice de Samantha

 

Nom : Thomas Olney
Naissance : 1882, Concord, Massachusetts
Profession : Professeur de philosophie, spécialiste de métaphysique et d’éthique comparée
Affiliation : Université de Cambridge, Massachusetts (poste de professeur titulaire)


🧾 Biographie

Thomas Olney grandit dans un milieu lettré de Nouvelle-Angleterre. Après des études brillantes à Harvard, il se spécialise en philosophie classique et enseigne la métaphysique dans plusieurs institutions avant d’obtenir une chaire à Cambridge. Humaniste, rationaliste et curieux, il se passionne pour les croyances populaires de la Nouvelle-Angleterre et leur rapport avec les mythes universels.

En 1925, Olney séjourne avec sa famille à Kingsport, petite cité portuaire aux traditions anciennes. C’est là qu’il est attiré par la légende entourant une mystérieuse maison perchée sur les falaises. Malgré les avertissements des pêcheurs locaux, il entreprend l’ascension et rencontre l’énigmatique « Sage de la Maison Haute », un être solitaire semblant en contact avec des puissances d’un autre monde.

 


 


📚 Rôle dans le Mythe

L’expérience vécue par Olney marque un tournant dans son existence :

  • Il revient de la maison profondément transformé, plus silencieux et méditatif.
  • Ses cours et ses publications ultérieures se teintent d’un mysticisme discret, mêlant philosophie rationnelle et allusions à une sagesse intemporelle.
  • Certains de ses étudiants remarquent qu’il cite des noms étranges – Nodens, Hypnos, le « Chant d’Azathoth » – qu’on ne trouve dans aucun manuel.

🔑 Importance thématique

Olney représente la figure du chercheur de vérité qui, par audace intellectuelle, franchit la frontière entre le monde humain et l’inconnaissable.
Contrairement à d’autres personnages de Lovecraft qui sombrent dans la folie, Olney conserve son équilibre mental, mais devient une sorte d’initié, témoin silencieux d’une réalité cosmique.


📜 Sources

  • Lovecraft, H. P., The Strange High House in the Mist (1926).
  • Archives orales de Kingsport (témoignages recueillis par la Fondation Wilmarth, 1933).
  • « Fragments des Carnets Olney » (collection privée de la Miskatonic University, Arkham).



samedi 27 septembre 2025

CONNAISSEZ-VOUS LORD NORTHAM ?

 


 

 

Encyclopedia Occultae – Entrée : LORD NORTHAM

 

Nom complet : Alaric Percival Northam, 12ᵉ baron de Northam
Lieu de naissance : Comté de Devon, Angleterre
Dates : 1848 – 1927 (selon les sources)
Titre : Antiquaire, bibliophile, érudit en traditions druidiques et cultes anciens


Biographie

Lord Northam est l’héritier d’une ancienne lignée britannique, dont la tradition familiale remonte à un certain Luneus Gabinius Capito, légionnaire de la IIᵉ Légion Augusta, qui aurait quitté l’armée pour s’établir en Bretagne vers 90 apr. J.-C. et y épouser une noble locale. Depuis lors, la famille Northam a gardé un lien étroit avec les terres ancestrales et une réputation d’érudition.

Élevé dans un environnement imprégné d’histoire et de vieilles pierres, Alaric P. Northam se passionna dès l’adolescence pour l’archéologie. Après des études à Oxford (spécialisation en histoire antique et langues classiques), il voyagea dans tout l’Empire britannique : en Égypte, en Syrie, en Italie et en Grèce. C’est au retour de ces voyages qu’il transforma le manoir familial en un véritable musée d’artefacts : stèles romaines, fragments de mosaïques, grimoires médiévaux, objets druidiques, et quelques pièces dont l’origine reste incertaine.


Rôle dans le Mythe

Dans « La Clé d’Argent » (The Silver Key), Randolph Carter le consulte afin d’obtenir un éclairage sur certains rituels et chronologies occultes. Lord Northam incarne la figure de l’érudit traditionnel, à la fois rationaliste et ouvert à des vérités plus profondes. Il est souvent cité comme possédant un exemplaire rarissime du Necronomicon (traduction latine de Olaus Wormius, édition du XVe siècle), ainsi que des manuscrits pnakotiques en fragment.

Certaines traditions rapportent qu’un des ancêtres de Northam aurait été témoin d’antiques cérémonies sur les collines de Dartmoor ; ces souvenirs se seraient transmis sous forme de légendes familiales, qui fascinèrent l’enfant Alaric et forgèrent son goût pour le mystère.


Bibliothèque de Northam

Sa bibliothèque privée (connue sous le nom de Northam Collection) contient :

  • Des codex romains sur les rites mithriaques.
  • Des études sur les cultes celtiques et la théologie druidique.
  • Plusieurs traités médiévaux sur les démons, dont un Malleus Maleficarum manuscrit.
  • Des journaux de fouilles en Asie Mineure évoquant des temples souterrains.
  • Un fragment supposé de la Chronique de Nath (authenticité contestée).

Arbre généalogique simplifié

Luneus Gabinius Capito (Ier s. ap. J.-C.)

└── Marcus Gabinius Northamus (fl. 140)

    

     └── Ligne des seigneurs de Northam (VIe – XIIe s.)

         

          ├── Sir Edric Northam († 1214, croisé)

         

          └── Famille Northam, barons héréditaires (XVe – XIXe s.)

               

                └── Alaric Percival Northam (1848 – 1927)


Analyse et Interprétation

Lord Northam symbolise le pont entre l’Antiquité et l’époque moderne :

  • Il relie les mythes pré-romains de Bretagne, les cultes druidiques et les légendes romaines à la quête de Carter.
  • Son rôle est de valider historiquement la réalité des forces occultes que Carter cherche à comprendre.
  • Sa descendance de Luneus Gabinius Capito peut être vue comme une généalogie sacrée, assurant qu’un témoin de l’Empire a transmis jusqu’à l’époque victorienne le savoir d’un monde plus ancien encore.

LA CRÉATION DU MONDE VUE PAR JACQUES MOUGENOT


 

vendredi 26 septembre 2025

L'ART ÉSOTÉRIQUE, Richard Upton Pickman

 

📖 L’Art Ésotérique selon Richard Upton Pickman

(Boston, 1924 – Impression privée, 23 exemplaires)

📚 Présentation

Cet ouvrage rare, tiré à très peu d’exemplaires, circula uniquement parmi un cercle d’initiés bostonnais et salémites. Il s’agit d’un traité théorique dans lequel Pickman expose sa conception de l’art comme porte vers le monde occulte et comme outil de contact avec les réalités non-humaines.

 


 


📑 Contenu (Table des chapitres)

  1. Préface – « Au-delà du pinceau »
    Pickman explique que l’artiste doit peindre non ce qu’il voit, mais ce qui existe derrière le voile du réel.
  2. Les Anciennes Familles de Salem et leurs Mythes
    Une analyse historique de l’imaginaire macabre de la Nouvelle-Angleterre, avec des allusions à des cultes secrets.
  3. Iconographie des Goules
    Étude anatomique et esthétique des goules, basées sur des « observations de terrain ».
  4. Le Noir et l’Ocre : Couleurs de l’Abîme
    Un chapitre sur la symbolique des pigments employés par Pickman, certains prétendument fabriqués à partir de substances organiques interdites.
  5. Les Portes de la Peinture
    Traite de la capacité des œuvres à agir comme des talismans, voire comme des portails vers les catacombes du monde souterrain.
  6. Conclusion – « Le Rire de la Tombe »
    Méditation sur la beauté cachée dans la terreur, et sur la vocation de l’artiste à la révélation.
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🖋️ Style et portée

  • Mélange d’essai esthétique, de manuel d’anatomie horrifique et de grimoire.
  • Nombreuses illustrations lithographiques attribuées à Pickman : études de profils de goules, ruelles nocturnes, autels souterrains.
  • Marginalia étranges : certains exemplaires portent des annotations en AKLO, suggérant un usage rituel.
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🔥 Réception et influence

  • Rejeté par les académies d’art, mais influença un petit cercle d’artistes décadents et d’occultistes de Providence et Salem.
  • L’ouvrage fut saisi par la police lors de l’enquête sur la disparition de Pickman, et l’un des rares exemplaires serait conservé aujourd’hui dans une réserve fermée de la Bibliothèque Orne d’Arkham.
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  • Merci à Natacha et à Samantha pour leurs escherches.