Abdul Alhazred (c. 695-738 ?)
Poète maudit, voyageur visionnaire et auteur du Kitab al-Azif (plus tard latinisé en Necronomicon)
Peu d’existences se sont aussi vite couvertes de ténèbres que celle d’Abdul Alhazred, surnommé par ses contemporains le « Poète dément de Sanaa ».
Origines
Né vers 695 dans une famille de marchands yéménites de Sanaa, Alhazred aurait reçu une éducation raffinée, imprégnée à la fois de culture arabe classique et de traditions hermétiques venues d’Alexandrie. Très jeune, il s’initie à la poésie bédouine, à la science des astres et aux rites sabéens de Harran.
Voyages et initiations
Vers 720, animé par une quête insatiable, il entreprend une pérégrination à travers les déserts d’Arabie :
- il séjourne dans les ruines d’Iram, la légendaire « Cité des Piliers » mentionnée dans le Coran,
- fréquente les cercles néo-platoniciens d’Antioche,
- et aurait atteint l’Égypte où il consulta, dit-on, les rouleaux hermétiques gardés à Panopolis.
Les récits affirment qu’il passa plusieurs années dans le « désert sans nom » du Rub al-Khali, en complète solitude, où il aurait reçu ses visions les plus terrifiantes : l’apparition d’entités « plus anciennes que les dieux » et l’écho de musiques venues d’étoiles mortes.
Œuvre
De retour à Damas vers 730, il rédigea son chef-d’œuvre : le Kitab al-Azif, littéralement « le bourdonnement des insectes nocturnes », expression désignant chez les Arabes anciens le cri des djinns. Cet ouvrage compilait :
- des hymnes aux Anciens,
- des formules d’invocation,
- et des chroniques cosmiques abolissant toute notion d’histoire humaine.
Traduits en grec au Xe siècle par Théodore Philetas (Necronomicon), puis en latin au XIIIe siècle, ces fragments circulèrent sous le manteau dans les monastères et les académies secrètes.
Mort mystérieuse
Les chroniqueurs arabes rapportent que vers 738, en plein jour, Abdul Alhazred fut saisi par une « chose invisible » sur la place de Damas et déchiqueté devant une foule épouvantée. D’autres traditions avancent qu’il disparut dans les cryptes de Harran, ou qu’il s’éteignit dans une geôle abbasside après avoir blasphémé publiquement contre l’Islam et le Christianisme.
Postérité
Son nom reste maudit, mais sa silhouette hante toutes les traditions occultes. Pour les uns, Alhazred fut un fou dangereux, victime de ses hallucinations. Pour d’autres, il toucha à un savoir interdit qui dépasse la raison humaine.
Comme l’écrivait en 1927 le philologue Olaus Wormius le Jeune :
« Le Poète dément de Sanaa n’a pas seulement rêvé l’indicible ; il l’a consigné. Et depuis, chaque génération paie le prix de son écriture. »
Bibliographie sélective
- Ibn Khalikan, Biographies des hommes illustres (ms. apocryphe, BnF, fonds arabe 1342).
- Théodore Philetas, Traduction grecque du Kitab al-Azif (fragment de la Bibliothèque de Byzance, détruit en 1204).
- Olaus Wormius, Necronomicon (édition latine, Lübeck, 1228, exemplaire perdu).
- John Dee, Annotations sur le Livre d’Alhazred (ms. supposé conservé à Mortlake).
- Merci à Natacha et à Samantha pour leurs recherches




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