Harry Houdini (1874-1926) : l’homme qui défiait les chaînes
De son vrai nom Erik Weisz (ou Ehrich Weiss), Houdini fut l’un des plus grands illusionnistes et escape artists du début du XXe siècle. Né à Budapest et émigré enfant aux États-Unis, il devint célèbre pour ses évasions spectaculaires : camisoles de force, coffres plongés sous l’eau, cellules de prison… Il joua aussi un rôle important dans le mouvement de démystification du spiritisme à l’époque, luttant contre les médiums frauduleux qu’il dénonçait avec passion (ce qui le mit d’ailleurs en conflit avec Sir Arthur Conan Doyle, fervent spirite).
La rencontre avec Lovecraft
Houdini ne rencontra probablement jamais Lovecraft en personne, mais il fit appel à ses talents d’écrivain. En 1924, Houdini demanda à Weird Tales de trouver un auteur capable de rédiger un récit d’aventure à partir de ses propres souvenirs (ou plutôt de ses récits exagérés pour le public). Farnsworth Wright, rédacteur de la revue, proposa H. P. Lovecraft.
Lovecraft écrivit « Under the Pyramids » (publié sous le titre « Imprisoned with the Pharaohs », Weird Tales, mai-juin 1924). Ce texte est rédigé à la première personne, comme si Houdini lui-même racontait son aventure :
- Houdini, en tournée au Caire, est enlevé, jeté dans un puits souterrain et se retrouve dans un réseau de catacombes sous les pyramides.
- Il y assiste à des visions cauchemardesques : des cérémonies impies, des créatures monstrueuses, une reine-déesse à tête de serpent…
- Finalement, il s’échappe miraculeusement (comme toujours !) et revient à la surface.
Lovecraft a dit plus tard qu’il considérait ce texte comme l’un de ses meilleurs récits « pulp » : il mêle aventure, égyptologie de pacotille et mythe cosmiquement inquiétant.
Une collaboration prolongée (avortée)
Ce succès amena Houdini à envisager d’autres projets avec Lovecraft :
- Il lui commanda un ouvrage démystifiant les superstitions et les faux médiums, une sorte de manuel rationaliste pour le grand public.
- Lovecraft commença à travailler dessus (et même à prendre des notes pour plusieurs chapitres), mais le projet fut interrompu par la mort de Houdini en 1926.
Ces notes contiennent des aperçus intéressants sur la pensée rationaliste de Lovecraft : il y critique les fraudes spirites, les religions organisées et défend une approche « scientifique » du surnaturel.
Ce que cela nous dit sur Lovecraft
Cette collaboration est révélatrice :
- Lovecraft, souvent décrit comme « reclus » ou « solitaire », savait adapter son style à un public populaire et collaborer avec des célébrités.
- Elle confirme son intérêt pour l’Égypte ancienne (qu’on retrouve dans d’autres nouvelles, comme « L’Étrange maison haute dans la brume » ou « Le Gémissement dans la nuit »).
- Elle montre son goût pour l’exotisme et les civilisations anciennes, qu’il relie volontiers à son Mythe de Cthulhu : on pourrait presque voir dans les entités de la nouvelle des avatars de Nyarlathotep.
- Merci à Natacha et à Samantha pour leur documentation


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