Walter
Gilman est le protagoniste principal de la nouvelle The Dreams in the
Witch House (Les Rêves dans la maison de la sorcière, 1932).
C’est un étudiant en mathématiques et en physique à l’Université Miskatonic, spécialisé dans les géométries non-euclidiennes et les théories cosmologiques les plus audacieuses.
👨🎓 Portrait
- Étudiant brillant : Gilman est décrit comme particulièrement doué en mathématiques supérieures et passionné par les frontières de la science, là où les équations rejoignent la métaphysique.
- Curiosité dangereuse : Sa recherche sur les espaces non-euclidiens et la quatrième dimension l’amène à louer une chambre dans la fameuse Maison de la Sorcière de Kingsport Street, Arkham — un lieu réputé maudit.
- Fragilité : Bien qu’intellectuellement puissant, Gilman est physiquement fragile, souvent victime de fièvres et d’insomnies.
🕸️ La Maison de la Sorcière
La
demeure fut autrefois habitée par Keziah Mason, une sorcière du XVIIᵉ
siècle, condamnée lors des procès de Salem mais échappée de prison grâce à une
connaissance interdite des « angles et courbes » qui permettent de voyager
entre les dimensions.
Dans cette maison aux angles étranges, Gilman est en proie à des
cauchemars terrifiants. Il y rencontre :
- Keziah Mason, la vieille sorcière, qui vit toujours dans l’entre-deux des dimensions ;
- Brown Jenkin, sa créature familière : un rat monstrueux doté d’un visage humain ;
- des visions d’entités cosmiques, parmi lesquelles Nyarlathotep, sous sa forme du « Dieu Noir à cornes ».
🌌 La destinée de Gilman
Obsédé
par ses rêves, Gilman bascule progressivement dans une autre réalité où les
mathématiques et la sorcellerie se rejoignent.
Il est entraîné dans des rituels impies, voyage à travers des espaces
géométriques impossibles, et participe — peut-être involontairement — à des
sacrifices humains.
Finalement, il meurt dans des circonstances atroces et mystérieuses : retrouvé mort dans sa chambre, avec des traces de morsures correspondant à celles de Brown Jenkin.
🧾 Thèmes et portée
Walter Gilman incarne plusieurs thèmes chers à Lovecraft :
- la folie née de la connaissance interdite ;
- la rencontre de la science moderne et de l’occultisme antique ;
- la perte d’identité dans des univers aux lois géométriques et cosmiques inhumaines.
Son destin illustre la maxime lovecraftienne : « l’intellect humain n’est pas fait pour percer certains mystères ».
Notes de cours de Walter Gilman
Université
Miskatonic – Département de Mathématiques et Études Occultes
Thème : Physique quantique et Science des Anciens
Introduction
Messieurs,
Nous nous tenons au seuil d’une frontière périlleuse, là où la physique
moderne effleure des vérités que l’humanité n’aurait jamais dû approcher.
Les équations de Planck et Heisenberg, pourtant récentes, murmurent déjà
des incertitudes et des discontinuités qui rappellent, de façon troublante, les
doctrines autrefois connues des sorciers et des adorateurs stellaires des ères
oubliées.
I. L’abîme quantique
La théorie quantique affirme que l’univers, lorsqu’on l’observe à son échelle la plus intime, cesse d’obéir à la linéarité rassurante des lois de Newton.
- La matière devient indéterminée, une brume de probabilités.
- Position et mouvement s’enlacent dans l’incertitude.
- L’énergie circule non comme un flux continu, mais en quanta discrets, semblables aux syllabes d’une langue indicible.
Ces principes évoquent les inscriptions angulaires de Keziah Mason, décrivant le cosmos non comme un espace continu, mais comme un tissu lacunaire traversé par des géométries cachées. Là où le physicien voit des particules, l’occultiste devine des portes.
II. Les angles des Anciens
Les
légendes des Anciens insistent sur l’existence de passages à travers des
« courbes et des angles qu’Euclide ne connut jamais ».
La topologie moderne, avec ses variétés multidimensionnelles, suggère que ce
que nous appelons “particules” ne sont que les ombres d’entités plus vastes
s’entrecroisant avec notre réalité.
Les Anciens savaient cela. Leurs cultes conservèrent des bribes de cette connaissance, souvent dégradées en rituels blasphématoires, mais dont le cœur rejoint la science contemporaine :
- L’espace n’est pas tridimensionnel, mais multidimensionnel, ses plis autorisant des passages vers des mondes contigus au nôtre.
- L’effondrement de la fonction d’onde n’est pas hasard, mais le frisson de la réalité lorsqu’elle est touchée par les serres d’intelligences extradimensionnelles.
III. L’intrication quantique et la communion interdite
Einstein lui-même s’insurge contre cette “action fantomatique à distance”, et pourtant l’intrication démontre la liaison instantanée d’entités séparées par des gouffres d’espace.
N’est-ce
pas là une redécouverte maladroite des correspondances rituelles
pratiquées par les sorcières de Salem et les nécromants de Leng ?
Quand deux esprits sont accordés par des harmoniques occultes, la distance n’a
plus d’importance.
Ainsi les Profonds murmurent à leur descendance d’Innsmouth ; ainsi Nyarlathotep peut ployer la pensée à travers le temps lui-même.
IV. Vers une horreur unifiée
Si la mécanique quantique dévoile le chaos granulaire de la matière, et si la Science des Anciens révèle les raccourcis géométriques de l’espace, alors l’union des deux suggère une synthèse sinistre :
- L’univers est instable, un treillis vibrant sur des dimensions abyssales.
- Les “constantes” de la physique ne sont que des édits locaux, susceptibles d’être altérés par la volonté d’entités supérieures.
- Notre existence elle-même n’est qu’un accident probabiliste, menacé de s’effondrer lorsque les angles se conjoignent.
Conclusion
En
somme, messieurs, l’union de la physique quantique moderne avec la science des
Anciens n’apporte pas l’illumination, mais la révélation d’une terreur.
L’homme n’est pas au sommet du savoir, mais un enfant tremblant traçant des
signes dans la poussière — poussière déjà marquée par des griffes venues
d’ailleurs.
Je vous avertis : plus l’on contemple ces correspondances, plus les rêves envahissent… et plus dangereusement se fait entendre l’appel des voix au-delà des angles.
📜 Fin des notes, retrouvées parmi les papiers de Gilman après sa mort à Arkham, avril 1931.





Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire