mercredi 12 novembre 2025

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : STOKER & DRACULA, LA FABRIQUE D'UNE LÉGENDE, Adrien Party

 


Après son monumental traité de Vampirologie (Actu SF 2023), Adrien Party persiste et signe avec Bram Stoker & Dracula, la fabrique d’une légende (Actu SF 2025). Un travail d’une érudition époustouflante sur les influences de l’auteur, sur la réception du livre du vivant de Stoker et sur son incroyable descendance. Dracula, comme Sherlock Holmes, Tintin, Bob Morane ou Cthulhu, a complétement échappé à son géniteur et vit désormais de façon autonome dans la littérature, le cinéma, la BD, le jeu de rôle etc…. L’étude est agrémentée de quelques pages d’un « carnet de voyage » où l’auteur nous fait visiter les sites « du pays où Stoker ne s’est jamais rendu ». Mais l’enquête en Roumanie semble avoir été menée au pas de course et l’on reste un peu sur sa faim alors qu’il y a tant de choses à dire sur Brasov, Bran, Sighişoara ou Poenari[1]. Sur le fond, Adrien Party n’insiste guère sur l’ombre d’homosexualité qui flotte autour du père de Dracula, évoquée dans la biographie de Alain Pozzuoli Bram Stoker, dans l’Ombre de Dracula (Pascal Galodé, 2012) et dans l’excellent roman de Joseph O’Connor Le Bal des Ombres (Rivages/Payot 2020). On regrettera également que ne soient pas évoquées des deux préquels/séquels signées par l’arrière petit neveu de l’écrivain, Dacre Stoker, Dracula l’Immortel (avec Ian Holt, Michel Lafon, 2009) et Dracula, les Origines (en compagnie de J.D. Barker, Michel Lafon, 2018). Qu’en est-il des documents soi-disant retrouvés par les chercheurs et donnant une autre couleur à l’œuvre originale, à savoir vouloir à tout prix faire rentrer l’auteur dans sa propre histoire ? Mais la ficelle est tellement grosse qu’il n’était certainement pas nécessaire d’en parler !

Dernière critique, qui ne remet pas en cause l’excellent travail d’Adrien Party : l’iconographie de l’ouvrage (essentiellement des couvertures de livres) est tout simplement atroce. Le papier « cheap » utilisé transforme la plupart des vignettes en de vilaines taches d’encre. Je suggère à l’éditeur de les supprimer en cas de retirage ! Elles n’apportent rien et gâchent le visuel de ce pavé.

 



 

 



[1] Voir par exemple Simon Sanahujas et Gwenn Dubourthoumieu avec A la poursuite de Dracula, pour le compte des Moutons Electriques (2012).

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