Dans une interview accordée au site Le Point, Éric Taladoire retrace les origines et l’évolution du mythe de l’apocalypse de 2012, en démontrant que ce n’est que l’histoire d’une vaste supercherie.
Il évoque d’abord le fameux best-seller Facteur maya, de l'Américain José Argüelles, sorti en 1987, dans lequel, il est écrit pour la première fois que la date du 21 décembre 2012 mettrait un terme au calendrier maya.
Le souci, c’est que l’auteur est décédé en mars 2011 et n’a donc pas eu le temps de vérifier ses prédictions. Or, Éric Taladoire précise qu’il y a deux sources distinctes décrivant l’année 2012 chez les Mayas : les inscriptions sur certains monuments et les textes appelés Chilam Balam.
Les charlatans se basent sur le Chilam Balam de Chumayel
La plupart des théories sur la fin du monde en 2012 partent des Chilam Balam qui ne sont que des manuels d'astrologie ou la continuation des célèbres codex mayas. Jusqu’à présent, huit textes ont été découverts, mais il y a en auraient beaucoup plus puisque chaque cité du monde méso-américain avait le sien.  Dans l’interview, le spécialiste d'archéologie précolombienne détaille le contenu de ces livres : «  Outre les prédictions astrologiques, il y a aussi des recettes, des indications sur les vertus des plantes médicinales, des anniversaires, des dates de naissance, les années d'accession au pouvoir des rois ou des dirigeants. Dans l'ensemble, ce sont des traditions orales transmises dans les villages de génération en génération et consignées par des lettrés à l'arrivée des Espagnols ».
Selon le spécialiste, les charlatans se basent uniquement sur une partie du Chilam Balam de Chumayel.
2012 l’année du renouveau : la fin d'un monde et non pas la fin du monde
D'après Éric Taladoir, l'erreur de José Argüelles est qu'il semble avoir oublié que la pensée méso-américaine est une pensée cyclique : « Comme chez nous, il y a le jour et l'année, kin et tun, mais aussi le katun, soit une période de 20 ans, le baktun, 144 000 jours, et ainsi de suite. Le rôle des astrologues dans la civilisation maya, c'est précisément de prévoir qu'en telle année il pourrait se produire tel ou tel événement, au regard de ce qui a pu se produire par le passé. Or, le 21 décembre 2012, selon certains calculs, 3 114 ans exactement se seront écoulés depuis le début du calendrier maya, c'est-à-dire une période de 13 baktun, soit 13 fois deux millions de jours. Pour les Mayas, le monde tel qu'ils le connaissaient, avec ses structures, ses cités, ses prêtres, ses divinités, va changer. Comme dans une spirale, les cycles mayas ou aztèques, pour ne parler que d'eux, se succèdent dans une perspective de durée infinie. C'est un renouveau. La fin d'un monde, et non pas la fin du monde ».
Pour le spécialiste, les Mayas mettent en garde des changements futurs à partir de la date fatidique sans prévoir le pire : « Le travail des astrologues consistait à répertorier ces changements. À telle date, telle cité a été envahie. Attention, cela pourrait se reproduire dans 20 ans... C'est ce que nous indiquent les Mayas pour le 21 décembre 2012. Sans pour autant nous annoncer un cataclysme ! »

Éric Taladoire a publié "Teotihuacan et les Mayas" ( catalogue de l'exposition "Teotihuacan, la cité des dieux", musée du Quai Branly, Somogy ) éditions d'Art, 2009, "Le pillage archéologique en Méso-Amérique" et "Le marché de l'art précolombien", dans Halte au pillage, éditions Errance, 2011