lundi 19 décembre 2011

SALEM, STEPHEN KING


 

 Une petite révision des grands classiques :


Alors qu’il était professeur de littérature, Stephen King aimait commenter à ses élèves l’ouvrage de Stoker et était, à chaque fois, surpris par l’intérêt apporté par l’assistance. Il se promit d’en faire un pastiche et de tenter d’acclimater le vampire en terres américaines. Ce sera fait avec son second roman, Salem (Doubleday, 1975 pour la version originale, Williams, 1977 pour la version française ; nombreuses rééditions chez Presses Pocket).
Et le coup d’essai est un coup de maître, Stephen King n’ayant pas son pareil pour décrire ces petites villes où il ne se passe rien et camper des personnages attachants, dotés d’une  personnalité dense, d’une histoire consistance et de travers péniblement refoulés. Nous sommes à Jérusalem’s Lot (Salem), bourgade du Maine sans autre intérêt qu’un manoir abandonné, Marsten House, qui surplombe la ville et dans lequel des événements tragiques se sont déroulés, sur fond de crime et de suicide. Ecrivain à succès, Ben Mears, un ancien de la ville à l’époque des dits événements, revient au pays afin d’écrire un thriller sur le sujet, et certainement aussi pour exorciser ses peurs cachées. Et d’arriver à Jérusalem’s Lot en même temps que deux étranges personnages, Kurt Barlow et Richard Straker qui font l’acquisition du manoir maudit. La suite se devine facilement, le vampire et son assistant (humain) semant rapidement la terreur dans une cité hébétée. Le « Club de chasseurs de vampires » va rapidement s’organiser autour de Ben et mener une traque sanglante pleine de rebondissements inattendus.
On ne saura pas si Barlow est une réincarnation de Dracula, mais son origine roumaine ne fait aucun doute. Du reste, King se réfère régulièrement au travail de Stoker comme référence, et notamment pour ce qui est des techniques de traque. L’un des membres du club, immobilisé à l’hôpital suite à une crise cardiaque, sera de surcroît désigné comme documentaliste, chargé d’éplucher la documentation vampirique qu’il se fait livrer par une bibliothécaire municipale perplexe.
On notera encore d’intéressantes digressions sur la nécessaire adaptation des « outils » à la culture nord américaine, imprégnée de protestantisme. Pas facile de trouver un crucifix chez le pasteur méthodiste. Il faudra faire appel à un prêtre catholique, naturellement habilité à fournir l’eau bénite et les indispensables hosties. Seul un officiant ayant été investi de pouvoirs sacrés par une ordination peut en effet intervenir dans un combat contre le Mal.
Bravo l’artiste !

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