mercredi 2 novembre 2011

RAZES PARANORMAL ACTIVITY (4)


 
 

 

Messe noire à Marseillette

 

Le 2/11/2011 à 06h00 par Laurent Costes
 Il y avait foule au palais de justice, lors du procès le 6 juin 1984.
 
Il y avait foule au palais de justice, lors du procès le 6 juin 1984.  © Archives L'Indépendant
Marseillette a connu, hier, des instants d'horreur, des moments d'inquiétude, des hauts-le-coeur", pouvait-on lire le 8 novembre 1983 dans les journaux de Carcassonne. La veille, au petit matin, un promeneur a retrouvé un corps humain en décomposition dans la décharge de Marseillette.
Dans un autre sac en plastique, débordent des viscères de mouton. Sur place, les enquêteurs dénichent un précieux indice : la photographie d'un groupe sur laquelle un visage a été étrangement découpé au ciseau.
"Dans l'irrationnel"
Sur ce cliché, René Allemany, maire de Marseillette, interrogé par les gendarmes, reconnaît un de ses administrés, artisan dans le bâtiment. Celui-ci vit en couple. Il est le père d'un garçon de 3 ans. Arrivés à son domicile, les gendarmes demandent à l'homme de les suivre jusqu'à la brigade pour son audition. D'autres militaires perquisitionnent son domicile. En ouvrant la porte du garage, les gendarmes ont "l'impression de basculer dans l'irrationnel". Ils découvrent un décor de messe noire. L'odeur est exécrable.
Six cercueils
Sur une longue table, qui a fait office d'autel pour un exorcisme, un tibia humain est retrouvé. Il a été prélevé sur le cadavre jeté dans la décharge. Il y a aussi un mouton égorgé, des cierges par dizaines, deux livres de magie, et six cercueils. Quelques photos découpées jonchent le sol. L'épouse passe aux aveux. Elle raconte comment avec son mari, et Michèle, - voyante le jour et prostituée la nuit à Carcassonne -, ils se sont procuré le cadavre d'un homme dans le cimetière de Rustiques.
Le mari avoue aux enquêteurs : "Rien n'allait plus, je n'avais presque pas de travail. Ma femme était constamment malade. Notre enfant pleurait sans arrêt et sans raison...». Un ami à qui le couple avait confié son malheur pense qu'ils sont "envoûtés" par des membres de leur famille.
Excréments de mouton
Plusieurs sorciers audois sont consultés. Sans succès. Le couple contacte alors Michèle. Celle-ci a une "affreuse" vision : leur fils va mourir à l'âge de 15 ans. Pour la voyante : "Le sort lancé contre ce couple est trop maléfique". Elle décide de célébrer une messe noire. Une de ses connaissances est chargée de voler un mouton à Conques. Dans la nuit, le caveau est descellé. Le cadavre est transporté jusqu'au garage. Le tibia gauche est sectionné.
Des excréments du mouton sont prélevés. La bête est égorgée. Son sang est répandu sur une mixture au prétendu pouvoir d'exorcisme.
La cérémonie dure jusqu'au petit matin. Dans la précipitation, les participants tentent de faire disparaître le corps dans la décharge en l'aspergeant d'essence et en y mettant le feu. L'enquête aurait pu être plus compliquée si la fameuse photo n'avait pas échappé aux flammes.
Le 6 juin 1984, les quatre protagonistes sont jugés au tribunal correctionnel de Carcassonne. En raison de l'affluence des médias et des curieux, le procès se déroule dans la salle des assises.
Les deux époux et la voyante qui a fait office de grande prêtresse sont condamnés à douze mois de prison avec sursis ; le voleur du mouton à deux mois.
Le défunt exhumé a, quant à lui, réintégré sa dernière demeure pour l'éternité.
 
 
 
 
 

"C'était surréaliste"

 

Le 2/11/2011 à 06h00
TEMOIGNAGE

"On a trouvé cette affaire un peu bizarre. C'était surréaliste", se souvient Jean-Claude Ségura, directeur de Radio Marseillette.
Ce dernier n'a pas apprécié la mauvaise publicité suscitée par ce fait-divers.
"Nous avons eu des reportages télévisés montrant le village sous la pluie, sous un ciel gris. On avait l'impression que Marseillette se trouvait dans un autre monde. Je n'ai pas aimé la présentation de cette affaire", confesse-t-il.
Ce Marseillettois avoue que certains membres de sa famille "ont été traumatisés" par cette affaire.
"C'est tellement fou de déterrer un mort pour faire une messe noire. Il faut penser aux enfants du défunt."
Le temps a finalement fini par effacer en partie cet événement sordide dans la mémoire de Marseillette. "On a essayé d'oublier le plus vite possible."

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